Chroniques CD (AD114)

VOODOO RHYTHM RECORDS:


Delaney Davidson – Self Decapitation / Dead Brothers – 5th Sin-Phonic / Hipbone Slim & the Knee Tremblers – Primitive Rock

Un petit arrivage Voodoo Rhythm, c’est toujours la garantie d’une musique de traviole, un peu perchée, circulant hors les clous en se souciant comme d’une guigne des codes de l’époque. Prenez les Dead Brothers, par exemple, dont c’est le grand retour après la parenthèse Lollipop et l’épisode incertain qui s’en est suivi, où l’on ne savait plus vraiment qui faisait quoi. Qui était Mort, ou qui ne l’était pas ! Là, les choses sont claires, et Alain Croubalian, le vrai saigneur des lieus, a repris rênes et direction artistique. Ce qui lui revenait de droit. Rassemblant de nouveaux musiciens, il a replongé, tête la première, dans ce blues des Carpates où se broie folklore tzigane, ragtime, rock’n’roll et douze mesures. Jusqu’au punk rock des Undertones et l’immortel Teenage Kicks, ravagé ici de l’intérieur. Bauhaus aussi, passe à la casserole, épisode létale dans un Annapurna de belles chansons tristes. Avec cette cinquième Sin – phonie, c’est tous les jours Toussaint ! Delaney Davidson navigue un peu sur les mêmes eaux, fanfare en plus, quand ça lui prend. Qui tient Jelly Roll Morton en haute estime. Il est né à Christchurch, en Nouvelle-Zélande, au pays du rugby et des moutons anabolisés, avant de faire le tour du monde. Ou presque. Son premier album pour les Suisses. Après avoir tourné aux Etats-Unis en compagnie d’Holly Golighty. Il reprend In The Pines, comme Leadbelly, au prix d’un barouf comme on les aime. Dont il est la plupart du temps, entièrement responsable. On ne va pas vous faire un dessin. De toutes manières, vous connaissez la chanson…Il n’a besoin de personne, Delaney Davidson ! Hipbone Slim, lui, on a déjà recensé ses penchants. Rock’n’roll grande époque, retravaillé au blues, au surf et au diddley beat. Un retour aux

fondamentaux. Ecoutez « Primitive Rock » qui donne son nom à l’album, et vous aurez une idée du style d’incendie que ces trois là aiment attiser. Pas pour rien que Mr Slim pose fièrement avec la même guitare rectangulaire que celle du grand Bo. Quand au batteur, Bash Brand, l’ancien Milkshakes, il a joué dans tant de bons groupes qu’il serait fastidieux d’en faire le décompte. Ça doit être leur quatrième album à ce jour et pas le moindre faux pas à se faire pardonner. Rempli de 15 originaux, c’est à signaler, dans un secteur ou la reprise fait souvent loi. Laissez vos genoux trembler ! [AF]

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1973

Bye Bye Cellphone

Blonde Music/Sony Music

Au sein de la rédaction d’Abus Dangereux, Franck Ducourant (le spécialiste des musiques venues du nord), réalise pour ses amis des compilations de leur année de naissance. Alors qu’a-t-il mis dans celle de 1973? Et bien entre autre : Walk On The Wild Sidede Lou Reed, Moneyde Pink Floyd, et Les Paradis Perdusde Christophe. Donc une belle année côté tubes. 1973 est en 2010 le nom d’un groupe parisien qui vient de nous concocter un magnifique premier album. Leur musique pop n’a rien de glam, n’y de prog, mais possède cette petite touche easy pop sixties des plus raffinés. Les mélodies évoquent les Beatles, Kinks, Bee Gees (avant le disco), l’Andrew Oldham Orchestra, mais aussi Air. Espérons que 1973 aura aussi la chance d’avoir un jour sa BO Virgin Suicidedans sa discographie. L’univers de 1973 est proche des « paradis perdus », soit un album à l’ancienne qui sonne diablement bien, notamment à cause des harmonies justes et de la voix sans accent de Nicolas Frank. A n’en pas douter, 1973 devrait avoir aussi un écho positif (comme Air et Phoenix) à l’étranger. [PL]


69

Novo Rock

Idwet/La Baleine

69 est le nouveau projet d’Armand Gonzalez et Virginie Peitavi (ex-Sloy et Sabo). Avec un nom tel que 69 et un titre tel que Novo Rock, inutile de préciser que le duo est dans la référence absolue, donc fait défiler les clichés an son cheap, mais bien produit. Devo, B52′s, Talking Heads,… toute la la BO du documentaire/fiction Downtown 81 édié à Basquiat défile ici, funk blanc sous les tropiques à la pop bubble gum. Bref 69 s’amuse (nous amuse !) et réussit plutôt bien à nous faire danser jusqu’à tard dans la nuit avec un disque sans prétention, mais diablement efficace. [PL]

Ane Brun

Live at Stockholm Concert Hall CD+DVD

Balloon Ranger Recordings / Discograph

A quoi sert un live ? Exercice périlleux et neuf fois sur dix ennuyeux. Pourtant Live at Stockholm Concert Hall ne risque pas de croupir sous la poussière d’une étagère. Car, hormis les applaudissements de rigueur, celui là ne ressemble à aucun autre. Indépendamment de la beauté formelle des chansons d’Ane Brun, qui jusqu’à présent ont trouvé peu d’écho en France, l’objet vaut qu’on débourse quelques deniers, ne serait-ce que pour le DVD compris dans le packaging, pratique de plus en plus courante mais nécessaire, afin de retrouver le chemin des disquaires. Prises de vue splendides, intelligemment mis en scène, le spectacle vaut aussi d’être vu. La Norvégienne fait un tabac chez ses voisins. Accompagnée du gratin de la scène suédoise : Martin Hederos – pianiste pour les fantasques The Sountrack Of Our Lives – Anna Ternheim ou Lisa Ekdahl aux choeurs, violon et violoncelle, accordéoniste ou percussionniste se succèdent sur scène pour interpréter pas moins de 25 titres (huit de moins sur la rondelle CD), dont quatre reprises rigolotes. Après Live in Scandinavia, il s’agit du second album en concert d’Ane Brun. Un petit bonheur qui réjouira tout amateur de ballades folk exquises, et belles à geindre. [FD]

Appolonia

Blank Solstice

Maximum Douglas Records

Ce disque, quand il a traversé ma porte, m’a mené sur la mauvaise piste dès le début. J’étais parti sur une fausse idée de leur musique. De toute manière c’est simple, Appollonia est trompeur, brouille les pistes tout du long. On a pu lire post-core, je dis foutaises. Ce disque n’a strictement rien de la noirceur trop souvent feintée des disques du genre, rien d’auto satisfait, pas de longue plages de riffs lancinants, et mise au contraire tout sur le mouvement, la mixture des ambiances et des émotions. Dur à lire, mais ce disque est émo, parce que sur le fil et parfois bancal, mais il ose, et la sur-efficacité se charge de te convaincre dans le dos sans laisser le choix. Lourd et extrêmement puissant, mais émotionnel. Des idées partout, du cliché nulle part, un son rock’n'roll plein de chaleur qui claque et fait sonner le tout comme rien d’autre dans le genre -toujours pas si défini. De passage acoustique en riff énorme on se fait mener par le bout du nez, jusqu’à un « My Closest Foe »pop et tendu qui indique qu’il est temps de passer à la seconde face, tout aussi excellente. Franche réussite et gros coup de coeur. Et l’album est encore meilleur après les avoir vus en live. [LM]

Asaf Avidan & The Mojos

The Reckoning

Telmavar Records

Groupe Israélien, c’est une première surprise. La seconde, c’est de s’apercevoir qu’Asaf Avidan, qu’au son de sa voix je prenais pour une jeune femme délurée ayant trop écouté Janis Joplin, est en réalité un homme qui se coiffe à l’occasion comme De Niro dans Taxi Driver. Pour le reste, malgré de bons moments, c’est un peu bavard, un peu artiste. Des démonstratifs sans réelle direction qui peuvent faire penser, selon les titres, à Patti Smith, au prog-rock seventies, à du blues-rock dodu, à Jeff Buckley ou à la fille d’Higelin. Pas celle qui a les grandes oreilles, l’autre ! Ils ont des dates prévues par ici pour l’été, la distribution de leur disque dans l’hexagone est sans doute là pour baliser la piste. Vous voila prévenus ! A eux de jouer ! [AF]

The Beautiful Losers

Nobody Knows The Heaven

Lion Productions/Martyrs of Pop

Ce disque est la réédition d’un vinyle sorti en 1975, devenu collector après juste une chronique dans Best (signée Parick Eudeline) et une autre dans le NME. The Beautiful Losers (en hommage à Leonard Cohen) sont Jay Alanski (qui deviendra le parolier de Lio et de Marie France) et Christophe J (qui a sorti en 80 un album avec les musiciens de The Inmates). Anti-folk avant l’heure, ce disque est d’un dépouillement extrême à faire peur aux artistes du label K Records. Une guitare acoustique, une basse discrète et une voix proche de ses héros des années post 68 (Bowie, Barrett, Boland) enregistrées en quatre jours sur un quatre pistes dans une maison en pleine campagne, le tout en live sans overdubs; autant dire que le son brut de ce disque sorti en 500 exemplaires est devenu chez les amateurs de folk lo-fi un graal à se procurer coute que coute. Donc merci au label Martyrs of Pop de rendre accessible ces titres devenus introuvables. De plus le CD contient des bonus et un livret avec une interview des deux protagonistes. A noter que la pochette est dessinée en noir et blanc, histoire de trancher avec les couleurs psychés très en vogue à l’époque. [PL]

The Belmondos

Always Rumble

Freaky Family

Empruntant aux Hives, aux Beatles ou à d’autres formations plus récentes telles que les Straws, The Belmondos réunit quatre frères autour de morceaux pop/rock/garage particulièrement bien foutus, il faut le dire… Ecumant les scènes parisiennes et française de fin 2007 à fin 2009, The Belmondos enregistre alors ce premier album dont le deuxième titre est d’entrée de jeu bombardé « Coolest song of the week » par S. Van Zandt himself ! Un bon départ pour une bonne galette concoctée par un bon groupe, une fois abstraction faite des looks, des coupes de cheveux et de l’artwork à la limite du cliché… Mais qu’importe l’emballage lorsque le contenu est aussi excitant ! Tempos dansants, mélodies accrocheuses, structures créatives, section rythmique ultra carrée et voix de velours, difficile de ne pas être convaincu par cette fratrie pour le moins prometteuse. A suivre de très près… [SL]

Birds Are Alive

Plucked & Fucked Up

Kizmiaz Records

Digipak sérigraphié de toute beauté, série limitée ! Fichtre, pour leur quatrième livraison, les Kizmiaz ont sortis le service des grands soirs. Et la zique qui va avec à la courtoisie de Birds Are Alive (Les Bougrain-Dubourg en VF !) one-man-band-punk-blues comme il n’arrête plus d’en fleurir un peu partout. Au train où ça va, faudra bientôt rameuter les sociologues pour expliquer le phénomène ! Je vois ça d’ici, le turbin en solitaire, repli sur soi, retour au basique et à l’essentiel, bref, toutes les habituelles fadaises pour mauvais débats télévisés. Ayant, perso, une inclinaison naturelle pour ce genre de soubresauts salingues et saturés, je jubile et applaudis ! Faut dire qu’en pleine phase régressive, une seule reprise de Muddy Waters suffit à mon bonheur. Et quand le (chiche) feuillet promo, entièrement écrit à la main, avance ses pions vers Bob Log III et Fat Possum, la nasse se referme. Trapped! Alors, si vous souffrez des mêmes symptômes, pas de soucis, ce Nantais zoziophile sera le bon médicament. [AF]

Blackfire

Anthology Of Resistance

Tacoho Records

Je me souviens d’avoir vu ces trios Indiens il y a des années de cela dans une galerie de peinture au rendu sonore mal adapté à leur furie d’alors. Punk rock puissant, aux lisières du hardcore, la musique de Blackfire est fortement revendicative. Puisant autant dans l’histoire de leur peuple que dans les travers du monde d’aujourd’hui. Donnant à leur colère une authenticité qui fait souvent défaut à beaucoup de musiciens engagés dans des voix similaires. A tout cela, Blackfire ajoute des bribes de folklore traditionnel les rattachant directement à l’Arizona et à la nation Navajo dont ils sont issus. Et demeurent sans aucun doute les représentants les plus véhéments à l’échelle internationale. Cette compilation de titres rares ou inédits, soutenue par une organisation Bretonne, est un rappel à l’ordre supplémentaire. Et l’occasion de saluer un juste combat. [AF]

Nell Bryden, What does it take ? (Cooking Vinyl/PIAS) / Mayer Hawthorne, A strange Arrangement (Stones Throw/Discograph)

Honneur aux dames ! Nell Bryden est New-Yorkaise et a une voix majestueuse qui peut tout chanter : jazz, country, soul, rock 50′s… Découverte l’an dernier par une poignée de requins de studio, son premier album a été remixé, relifté et boosté. Au résultat, on se prend à rêver à l’original, peut être moins clinquant, mais certainement plus sincère. Mayer Hawthorne, né dans le Michigan a connu lui aussi un sort étrange, puisqu’après être sorti dans l’anonymat le plus total, le voilà propulsé découverte soul de l’année avec une réédition luxe, des remixes et les éloges de la presse. Cet album malgrè de beaux arrangements et une homogénéité exemplaire n’a pourtant pas le coffre de ses influences (faites la comparaison entre « A strange arrangement » et n’importe quel morceau de Barry White) et ne dépasse pas l’étiquette de blue eyed soul, si vous voyez ce que je veux dire. [C]

Buggy

Diagrams

Herzfeld Rds

On n’entend pas si souvent de la pop sautillante et nonchalante, avec un petit piano électrique, une petite guitare électrique et une petite batterie simple. Les mélodies s’enchainent, avec ou sans chœurs. Les clins d’œil aux maitres nous mettent dans la connivence, sans jamais donner l’impression de les copier. Voilà donc un disque décontracté et sympathique qui donne instantanément envie de devenir copain avec le groupe. Car on est sûr de passer de bonnes soirées autour d’un pique nique ou au coin de la cheminée, à chanter à tue-tête et à taper dans les mains. Parfois, c’est tout ce qu’on a envie de faire. [C]

Carp

Day walks

Square Dogs

« Day Walks » est un magnifique album atmosphérique à la mélancolie subtile qui vous enveloppe d’un voile de grisaille lumineuse. On entend les marches de l’escalier craquer, le bois de la cheminée éclater tandis que le piano s’envole vers une pop céleste. A l’heure où les maitres es-mastering nettoient les bandes des Beatles de toutes leurs soit-disant imperfections, Carp nous donne à partager l’intimité d’un enregistrement maison (mais pas lo-fi), tout de bois habillé, mais pas uniquement acoustique, avec une générosité héritée de la méthode 4 bouts de ficelle. Est-ce l’espace de l’horizon dégagé du bord de mer qui donne un tel sentiment de sérénité à l’écoute de cet album ? Est-ce l’acharnement à laisser une empreinte concrète qui porte le groupe vers tant de bravoure ? Est-ce la détermination de montrer que si l’on veut, on peut qui rend Carp aussi attachant ? En tout cas, « Day Walks » ne devrait pas laisser insensible les amateurs de rock sensible et de pop fière, pourvu qu’ils fréquentent les disquaires indépendants et les plateformes digitales. [C]

Cathedral

The Guessing Game 2xCD

Nuclear Blast

Cathedral a toujours été le groupe à faire hoqueter d’embarras la honte même, et pour autant se place sans problème comme groupe le plus classe de la galaxie. Une heure vingt quatre de Cathedral qui dégouline de tout son pastel sur deux albums, trop de morceaux d’un ridicule tellement poussif qu’il en devient hilarant, à commencer par la pire intro de tous les temps. Quand je parle de pire, j’entends synthétiseur, qui fait donc sa magistrale entrée sur « Immaculate Misconception » et ne lâche rien jusqu’au terminus, excessif et irritant. Lee Dorian part dans toutes les directions vocales en évitant un maximum de chanter juste sur des morceaux qui ne savent pas beaucoup plus où ils se dirigent excepté vers le fun le plus total ainsi que là ou on ne les attendait surtout pas ; la folk la plus déglinguée et l’incursion de multiples instruments comme témoin. Un paquet de moments de vraie bravoure un peu trop entourée des kitcheries pastels, pas de quoi détrôner Ethereal Mirror, mais encore une fois, franche rigolade et au final un double album qui s’enfile sans problème. [LM]

Chapelier Fou

1st EP et 2ndEP

Ici d’Ailleurs/Discograph

Au moment où Chapelier Fou annonce la sortie de « 613 », son nouvel album pour mars 2010, Ici d’Ailleurs a la bonne idée de remettre dans les bacs les deux premiers six et sept titres. L’occasion de revisiter les travaux du Chapelier, Louis Warynski, de son vrai nom. Le garçon, de formation classique (violoniste au conservatoire), a trouvé dès ses premiers travaux une manière très personnelle de fabriquer ses petits bidouillages qui semblent être faits de brics et de brocs, empilant derrière son violon des strats de samples et de rythmes tous plus fins et subtiles les uns que les autres. Une démarche très cérébrale qui peut faire penser parfois aux premiers travaux de Yann Tiersen. On pourrait avoir peur d’un simple remplissage sonore, il n’en est rien : le messin crée des collages faussement légers ou superficiels. Impossible « d’entendre » cette musique, elle s’impose et oblige à l’écouter : on est vite pris par une sorte d’ambiance perverse qui empêche finalement d’imaginer que les compositions puissent simplement servir de bande-son pour des images pré-formatées. Les titres existent en eux-même et c’est bien toute la force de Chapelier Fou : il a l’art de créer des impressions qui lui sont propres. Richesse, recherches et subtilités semblent être les moteurs de Warynski. Vite, l’album! [SV]

Charlie Alex March 
Home

Hidden

Lo & LoAF Recordings/La Baleine

Charlie Alex March (et ses drôles d’arrangements proches de l’easy listening) n’aurait pas dénoté sur le label Warp. Il faut dire que le casting de ce premier album est des plus classieux: Sean O’Hagan et Dominic Murcott des High Llamas aux cordes et vibraphone, Andy Ramsay de Stereolab à la batterie, Jo Apps au chant et Gabriel de Metronomy à la basse et à la guitare. Avec ce beau monde, notre homme fait une petite musique aquatique profonde (comme le suggère l’image de la pochette) qui pétille de bulles dorées et bleutées. D’une fraicheur qui donne envie de se laisser aller dans son bain, la musique de Charlie Alex March est un croisement entre les sonates répétitives de Philip Glass/Michael Nyman et l’électro pop ambiant de Plaid et Broadcast. Ce mélange électronique, piano et cordes se marie parfaitement avec l’image du flirt, car Charlie a mis en scène tous ses atouts pour nous séduire, comme pour un premier rendez-vous amoureux. Et ça marche ! [PL]

The Chris Chester Group

Wonderland

Chester Records

Où l’on sent indubitablement une vraie fascination pour une certaine période du rock anglais, quand vers 66/67, certains de ses ténors découvraient que le tabac pouvait se rallonger d’exotiques herbes orientales ou que les pilules ne servaient pas exclusivement à chasser les maux de têtes. Chris Chester et son groupe, Français d’origine géographique inconnue – eux disent Wonderland, mais vous comme moi savons que tout ça n’est qu’imagination enflammée- se sont nourris de disques comme « Between The Buttons », l’épitre des Rolling Stones au Swinging London satiné, dont ils ont extrait la reprise de « Connection », des albums des Small Faces sur Immediate, et de ceux des Faces qui leur ont fait suite. Les Kinks introspectifs ne sont pas loin non plus. Et par un concours de circonstance tout à fait explicable, puisque nourris à semblables cires, ces français là nous évoquent singulièrement Nikki Sudden, ne serait-ce qu’à cause de cette voix un peu maladroite et souffreteuse rapprochant Chris Chester du clan plus guère fréquenté des grands intuitifs dont Nikki Sudden était l’un des phares. S’il fallait trouver une seule raison pour jeter une oreille attentive à cet album culotté, le splendide « Slow Time In London » ferait l’affaire, imparable ballade comme on en souhaite à tous les médiocres se croyant talentueux. Une belle découverte ! [AF]

Clan Edison

s/t

Autoproduction

Voila un groupe qui pousse au lyrisme! D’ombrageux ferrailleurs au jeu plein d’une tension toute sidérurgique ! Même s’ils sont de Nîmes, et non d’une friche postindustrielle de l’arrière pays Lorrain. Alternant Français et Anglais avec semblable souci de sainte colère et de houleux désespoir. Une vraie puissance. Des gens à cran ! Qui cite assez justement Fugazi, le Gun Club ou Nick Cave. Auxquels pourrait s’ajouter tout pareil les Noir Désir remontés de « Tostaky ». Le Clan Edison, avant il s’appelait La Mouise, ce qui en dit long sur ce qui les travaille. Trio aux aspirations suffisamment sombres pour coller un corbeau charbonneux sur la pochette. Voila, en version très électrique, un manuel de savoir vivre à l’usage de ceux ne baissant pas la tête. Pas plus que l’échine ! Des virulents ! [AF]

Clara Clara

Comfortable Problems

Clapping Music/La Baleine

La suite de AA, en 2008, se nomme Comfortable Problems. Ce trio mixte de Dijon est composé des frangins Virot et d’Amélie. Si en solo Vincent Virot se laisse porter par la folk, en trio il devient un agité de la batterie. Et oui avec Clara Clara il se lance dans la noise indé des plus redoutable, avec un rythme métallique, mélodies pop, sons synthétiques et entrainant aux couleurs post punk. Les compos de Clara Clara ont une fraicheur juvénile qui donne envie de se laisser rattraper par le plaisir des musiciens à jouer ensemble tout en faisant plaisir à leurs potes. « Comfortable Problems » est donc le disque parfait pour fêter dignement les 10 ans du label Clapping Music. [PL]

Complot

Rouge Rêve (livre CD)

Iconaki/Optical Sound/Infrastition

Cela fait bien longtemps que je n’ai pas écouté un album de Complot Bronswick, surement depuis leur album blanc « Iconoclasmes » sorti en 1988. Dans les années 80 Complot Bronswick était, avec Norma Loy et Clair Obscur, un groupe en marge dans le paysage « rock en France ». Issus de la ville de Rennes (comme Marquis de Sade, Daho et leurs potes d’End Of Data), ils faisaient une musique exigeante où la littérature, l’art graphique, la représentation théâtrale et la new-wave cohabitaient avec harmonie. Comme si « l’Opéra de 4 Sous » rencontrait Joy Division lors d’une exposition Dada. Autant dire que ce groupe avait de la ressource. Puis Complot Bronswick devient Complot et s’installe dans un univers multi média et numérique. Après quelques disques (que je n’ai pas écoutés) on en arrive à l’album « Rouge Rêve » composé de titres écrits pour le spectacle Iceman (Compagnie Jean-Beaucé) et quelques anciens titres re-mixés. Au début, le son général de l’album surprend. Le chant en français sonne parfois « chanson française » sur des airs rock électro un peu daté. Mais (oh joie !) l’agressivité after punk de « Maikovski » (1985 !) refait surface dès le 4èmetitre avec « Rocky Dream ». L’atmosphère devient plus lourde, la voix plus agressive, quasi-théâtrale. A partir de cet instant, l’album prend une couleur plus plaisante pour l’amateur du groupe des années 80. Au final « Rouge Rêve » est un album inégal, heureusement rattrapé par des éclaircies telles « Wake Up » dans une nouvelle version et « Petit Soldat » avec ses intonations à la Arno, sans oublier les remix bien venus comme l’excellent « Body Is Body ». Enfin signalons le magnifique packaging de 50 pages avec des textes et des photos montages à se procurer absolument. [PL]

Cristine Number One

Logical Escape

Lee Major Projekt

Deuxième album pour CN1, 3 ans après « Exit n#1″ les strasbourgeois sont de retour pour nous démontrer qu’ils ont toujours un talent pour l’écriture et les mélodies. Exit le côté Cold Wave pour laisser place à plus de pop-rock anglaise et a des riffs rentrent dedans, le titre d’ouverture « Lovesong » en est le parfait exemple. La basse groove, les rythmiques sont la pour faire danser et la voix du chanteur nous emporte dans ce tourbillon rock sans aucune résistance. A écouter d’urgence car il est sortie il y a un bout de temps maintenant! [LO]

Curry & Coco

We Are Beauty

Peer Music/Discograph

Avec les beaux jours, rien de mieux que d’écouter de la musique légère et pas trop sérieuse. Avec des paillettes disco et du fond de teint FM/new-wave 80, ce duo masculin e Lille a la frite. Thomas (batterie) et Sylvain (synthétiseurs) réalisent une musique électro kitsch avec ce qu’il faut d’attitude fashion pour nous donner envi d’aller défiler en boom ou de fêter sur les podiums les 35 ans de son pote resté « adulescent ». On pense à Fisherspooner, les Rythmes Digitales, Pet Shop Boys, Gary Numan, Giorgio Moroder et DMX Krew, soit une musique à base de synthés vintage 80′s. Rythmé et frais, les 10 titres de ce premier album produit par David Kosten (déjà derrière la console de Bat For Lashes) s’écoutent inlassablement chez soi en faisant la vaisselle ou en préparant un petit plat à base de curry et de coco, dans les transports en commun avec son lecteur compact CD, au volant de sa Twingo ou encore mieux, en live, car c’est là que Curry & Coco exalte le mieux l’énergie juvénile. C’est là qu’ils font danser les filles et les garçons jusqu’à pas d’heure, à condition d’avoir demandé la permission à leurs parents. Avec les beaux jours si vous écoutez « We Are Beauty » sortez les maillots, les ballons et hop tout le monde à l’eau ! [PL]

Dag för Dag

Boo

Harden Pop/Differ-Ant

On a déjà vu des Scandinaves traverser l’Atlantique pour se rapprocher des sources de la musique qu’ils jouent, moins souvent l’inverse. Jacob et sa sœur Sarah, se sont installés en Suède pour compléter cet album halluciné et vibrant. Commencé sous la houlette experte de Richard Swift, avec une grosse basse bien ronde et des guitares vintage, ils y ont ajouté violoncelle, tambourin, triangle, orgue… pour obtenir un album fantomatique et étrange qui aime à croiser le fer avec la déglingue du punk et l’écho de la coldwave. La voix de Sarah est chaude et douce, celle de Jacob plus torturée. Le son est ample, comme s’ils avaient enregistré dans un hangar perdu dans les nuages où l’on aimerait bien avoir été petite souris pour en saisir tous les mystères. [C]

Dan Sartain

Lives

One little Indian/PIAS

Dan Sartain est encore largement méconnu du public garage français, alors que c’est l’un des jeunes musiciens américains les plus doués de sa génération à assurer la relève d’un certain esprit rock’n'roll, libre et flamboyant à la fois. Plus sincère que des dizaines de groupes plus connus, qui se la racontent à grand renfort de laque et de boots pointues (pas de noms, s’il vous plait), sa grande silhouette dégingandée embrase les coeurs et les jambes grâce à un rock’n'roll classieux et des histoires intemporelles de losers et de profiteurs. En plus, Dan Sartain sait tout faire : écrire, chanter, jouer de tous les instruments, enregistrer, produire, dessiner ! Adoubé par Jack White qui l’a invité à enregistrer un single sur son label, « Lives » à sortir, et déjà un autre album en tête, on espère que ce parrainage l’aidera à fouler les scènes françaises, un jour. En attendant, vous pouvez regarder quelques extraits de concerts sur internet et pleurer, ou vous bouger le cul pour le faire venir en achetant ses disques ! [C]

Daughters

Daughters

Hydra Head Records

Daughters vient de frapper un très très grand coup. Un album fantastique, sans limite d’originalité, parfaitement frappadingue et absolument jouissif. Du clapdance hardcore au sourire tellement large qu’on y voit toujours les morceaux de buvard, chaloupé et surpuissant, déclamé dans l’hallucination la plus totale en restant irréellement catchy pendant 28minutes d’un parfait rarement atteint. Les morceaux sont courts, chargés au maximum de sons mais d’une fluidité rare. La rythmique est phénoménale de puissance, la basse retourne le cerveau et les bizarreries s’infiltrent de toute part pour mettre à terre toute la concurrence. D’ores et déjà un imbattable de 2010. [LM]

Deadline

Bring The House Down

People Like You Records

Très dynamique, très pop et assagi par une prod plutôt propre, Bring The House Down ne conserve que d’infimes traces des anciennes influences punk rock/oi! de Deadline. Cet état de fait influencera probablement le public concerné, ouvrant la voie aux néophytes mais risquant de déconcerter légèrement les fans de la première heure. Paradoxalement, la voix de Liz révèle un grain nouveau, un peu plus brut que d’habitude et équilibrant le côté acidulé à l’excès de certains titres. L’ensemble démontre cependant que la grande cohésion ayant toujours été l’un des points forts de Deadline est plus que jamais au rendez vous, à l’instar de l’inspiration. D’horizons et de structures variés, ces treize morceaux témoignent en effet d’une culture musicale assez large et parviennent à nous surprendre malgré quelques clichés de bonne guerre comme cette reprise de Nancy Sinatra (qui aurait gagné à être un peu plus personnelle) ainsi que l’inévitable ska sautillant me donnant immanquablement envie de lapider ma chaine stéréo à coup d’albums de Motörhead… Mais il en faut pour tous les goûts (même les plus douteux) et ce petit bémol n’entamera en rien mon plaisir à l’écoute de cet album particulièrement vivifiant. [SL]

Desolation

Wilderness

New Universe
Records/Differ-ant

Etonnant de voir ce type de groupe sur le label K Records, car Desolation Wilderness fait une musique noisy pop shoegazing typiquement anglaise (genre Chapterhouse (en moins raffiné), Moose, Boo Radleys, Atlas Sound…), bien loin du son lo-fi du label américain. C’est surement parce qu’ils habitent à Olympia ! Derrière une voix aérienne que l’on croirait sortie d’un haut parleur au fin fond d’un aéroport, à la limite du murmure, les cinq musiciens de Desolation Wilderness jouent en mode « pose », limite « je vais pas tarder à m’écrouler dans un canapé défoncé » (ce mot n’est bien sûr pas innocent). La musique de Desolation Wilderness est idéale à écouter au petit matin, quand on est à moitié réveillé, les idées pas très claires et les yeux pas encore en face des trous.. [PL]

The Domnicks

Hey Rock’n’roller

Off the Hip

Ici, tout projet incluant Dom Mariani est toujours accueilli avec un large sourire. Et les Domnicks ne vont pas bouleverser une règle établie depuis les premiers Stems ! Le voila aujourd’hui acoquiné avec Nick Shepard (Dom – Nicks, get it ?) ex-guitariste des Clash de dernière heure et remplaçant oublié de Mick Jones, passé également par la case Cortinas. Le duo s’étant fait aider d’une solide paire rythmique, incluant même un ancien batteur de DM3, l’entité pop de Mariani. Mais pour « Hey Rock’n’roller », le mot d’ordre, c’était classic-rock ! Là, pensez Stones, Faces, Memphis soul – le resplendissant « Hey Fellas » – et instrumentation acérée. Mixé, étincelles comprises, par Rob Younger et Wayne Connolly entre les murs des légendaires studios Albert à Sydney ! Savoir faire, passion et la relatif étonnement d’entendre Dom Mariani s’amuser avec l’héritage funky des Stones de « Some Girls ». On ne peut que chaleureusement vous le recommander. [AF]

Dondolo

Une Vie De Plaisir Dans Un Monde Nouveau

Division Aléatoire/Anticraft

Ce troisième album de Dondolo donne du baume au cœur. Sa musique « ludique » respire le bien être. Chaque morceau à ce petit « rien », ce petit « je ne sais quoi » qui tape irrésistiblement à l’oreille. On a l’impression d’avoir 14 albums en un, tant chaque chanson est un univers, une histoire à elle toute seule. La voix est magnifique et les mélodies fonctionnent au quart de tour. Difficile de trouver un style auquel les raccrocher, mais on pense au Stranglers, Taxi Girl, The Fall (sur « Fauvisme »), à François de Roubaix pour les petites rythmiques bricolés ici et là, style générique d’une émission radiophonique (« Pendant Ce Temps Là Au Château »), aux Buzzcocks sur « Splendid Ten Percent ». Mais arrêtons de chercher des références, cet album est totalement libre et se vit par lui même. Je ne peux donc que vous inviter à visiter ce disque « idéal » à l’écoute pour « oreilles exigeantes et sensibles aux mélodies dorées ». [PL]

Eagle Seagull

The Years Of The How-To Bock

PIAS

Ce groupe vient de Lincoln dans le Nebraska (une région qui ne nous est pas inconnue depuis le fameux album acoustique du Boss Springsteen), et ce disque est leur deuxième album. Les 12 morceaux (aux noms à rallonge) de cet album donnent dans le rock glam passé à la sauce indé. On pense à Pulp, Sparks, Human League, David Bowie, Roxy Music et Arcade Fire, soit une musique un peu maniérée, grandiloquente, mais pas déplaisante du tout. Au contraire, la voix d’Eli Mardock a cette force qui donne pas mal de relief aux compos du groupe. Si vous voulez écouter du glam sans trop de paillettes, laissez-vous porter par la grâce d’Eagle Seagull. [PL]

El Boy Die

Black hawk ladies & tambourins

Semprini Rds/Differ-Ant

Son séjour au Canada semble avoir libéré El Boy Die des codes d’une musique en train de se stéréotyper au contact d’un milieu Parisien, sympathique mais un peu trop nombriliste. Ainsi on l’imagine se perdant dans les grands espaces qu’offre ce pays, rencontrant des musiciens vagabonds d’un autre âge, poussant les portes de studios où il n’était pas invité, mais toujours bienvenu avec sa guitare en bandoulière. Relisant les contes de son enfance, découvrant une culture de froid et de feu, laissant flotter son imagination jusqu’aux limites de l’horizon, il a peut être ainsi senti de nouvelles vibrations qui se sont traduites par le besoin de faire un disque merveilleux et imprévu. Quelle que soit la vraie histoire de « Black hawk ladies & tambourins », on retiendra une succession de scènes oniriques au charme médiéval et psychédélique. Le chant choral conte des histoires pleines de châteaux, de forêts sombres, de fées et d’animaux fantastiques, accompagnée par une instrumentation riche et boisée. [C]

Extra Life

Made Flesh

LoAF Recording/La Baleine

Ce qui frappe en premier chez Extra Life, c’est la voix de Charlie Looker qui donne l’impression de chanter avec son nez. Ca donne un côté cartoons avec des envolées lyriques, comme si Donald Duck chantait de l’Opéra. Mais loin de nous donner envie de rire aux éclats, cette voix unique intrigue et notre curiosité nous intime l’ordre d’écouter jusqu’au bout ce « Made Flesh », aussi atypique que la rencontre de CocoRosie et d’Antony & The Johnsons. En effet le chantier sonore de Extra life mélange musique concrète et noise, post-rock expérimental avec folk rêche et des ambiances qui rappellent les BO de Dany Elfman. Pas étonnant que la musique d’Extra Life soit si complexe, si éclatée, car ce groupe vient de New York, la ville extra urbaine qui a déjà enfanté son lot d’artistes pas comme les autres (Velvet Underground, Glen Branca, Sonic Youth, Swans…). A chaque coin de rue, le meilleur comme le pire peut nous surprendre ! Si vous êtes curieux, réceptif à la musique pas comme les autres, vous ne serez pas déçu par Extra Life. [PL]

Failure’s Union

In That Way

Paper & Plastick

Le retour du collège-rock et des années 90 ! Un groupe de Buffalo, dans l’est des Etats-Unis, dont l’inclinaison indie et sa nerveuse réinterprétation devrait rappeler de bons souvenirs à ceux, parmi vous, qui s’enthousiasmaient pour Superchunk, Pavement ou Archers Of Loaf. Et plus encore pour Buffalo Tom, ce galvanisant trio de Boston que Failure’s Union évoque à plus d’un titre. Et pas seulement parce qu’à trois, ils évoluent eux même dans semblable formule. Arrangements précis, des harmonies en rafale et onze titres mélodiquement au dessus de tout soupçon. Une agréable livraison. [AF]

Fat & The Crabs

This Is

Autoproduction

Des marrants, dont le bref feuillet promo se lit comme l’extrait d’un vieux San Antonio. Eux-mêmes étant suffisamment anciens (et futés !) pour reprendre les Problèmes et « Dodécaphonie », l’un des titres fer de lance de nos futurs Charlots. Parallèlement, « Mes escarpins » transposition plus que leste de « These Boots are made for walking », est la meilleure version récemment entendue de ce standard garage souvent trop pieusement exécuté. Les Kinks passent aussi à la casserole, ou -devront on dire – à la poêle, « I Need You » devenant là le culinairement incorrect « J’aime les frites ». Calorie garantie ! Et les vénérables Standells, non plus, ne sont pas épargnés, « Sometimes good guys don’t wear white » changeant de couleur, rebaptisé « Les Hommes en noir ». Du garage truculent, ne se prenant pas une seconde au sérieux mais qui décoiffe assez pour facilement dépasser le stade de la simple plaisanterie. Ah, qu’il est bon de rire un peu en tapant du pied ! [AF] myspace.com/fatandthecrabs

Flogging Molly

Live at the Greek theatre 2xCD+DVD

Side One Dummy/Differ-ant

Gare à l’indigestion ! Avec deux CD et un DVD, Flogging Molly ne se moque pas du monde. Les CD, c’est le concert donné en 2009 au Greek theatre de Los Angeles et le DVD, c’est la même chose avec l’image + les clips du groupe + une interview. Le montage de ce concert aurait sans doute pu être meilleur mais on imagine bien les cameramen contaminés par l’énergie débordante de Flogging Molly et on leur pardonne ! On aimerait en dire autant des 5 000 spectateurs que l’on voit parfois danser en plan serré. Mais, en y regardant de plus près, seule une infime partie est devant à s’agiter comme des damnés, les autres sont confortablement assis à regarder Dave King et ses sbires mouiller la chemise. Une performance parce qu’on vous défie de regarder ce DVD sans avoir envie de vous bouger le cul ! Entre mélancolie irish et énergie punk, ce live est un joyau à classer entre les Pogues et Dropkick Murphy’s et confirme toute la classe et la bonne humeur de Flogging Molly ! [JNL]

French Cow-Boy

(Isn’t my bedroom) a masterpiece

Havalina/Differ-Ant

Ce troisième album du French Cow-boy signe un retour aux sources des mélodies pop qu’on fredonne dès la première écoute et de la mélancolie des premiers pas. Mais il s’affranchit de toute nostalgie en opérant un savant mélange des genres qui ne va pas de soit. « Home » nous ferait presque verser une larme, s’il n’était suivi de si près par « You sexy thing » et son rythme enivrant. « (Isn’t my bedroom) a masterpiece » est un bijou de musique hybride qui se moque des frontières entre son américain et guitares anglaises, rythmique disco et textes frustrés, chœurs langoureux et arrangements easy listening, gros son et délicatesse du xylophone, échos envapés et folk plombée. Qu’attendent les fans des Little Rabbits pour reconnaitre French Cow-Boy à sa juste valeur et ramener Federico, Stéphane, Eric et Gaëtan à l’Olympia ? [C]

Funki Porcini

On

Ninja Tune/PIAS

James Braddell, mieux connu sous le nom de Funki Porcini, nous offre avec ce cinquième album une musique tout simplement lumineuse. On voyage en mode « cool » et « planant » entre trip hop, jazz, Krautrock et psychédélique dans des univers colorés et oniriques. On ne se lasse pas de réécouter cet album, tant chaque son nous égaie l’esprit d’une beauté sans limite à en donner le tournis., Constellé de surprises sonores pour nous rappeler que l’on n’est pas sur la bande FM style, mais bien en territoire non balisé, Onrestera longtemps dans nos oreilles en éveil, et dans notre top 10 de l’année 2010. [PL]

Gush

Everybody’s God

cinq7/ Wagram

HIPPIES ARE BACK!! Les Gush se sont fait attendre, quelques amuses gueules, quelques petites tournées, leur premier album arrive enfin en février. Notre rédacteur à clous et a crête disait dans le #102 qu’un album se mesure à l’humeur qui en suit l’écoute. Hum, je suis un peu embêté pour le coup… Oui, globalement c’est un bon album, « Remedy » sonne Lennon, « Dance On » est mon réveil matin, « You Really Got Style » me siffle dans les oreilles à longueur de journée, pour le reste – ou presque – J’ACCUSE (!) un choix de mastering risqué et un mix surprenant. Ma faute aura surement été de me précipiter à chacun de leur concert et de boire ce groove ’70 et ces choeurs magnifiques trop souvent, peut-être. J’aime ce psychédélisme épuré du live que j’ai du mal à retrouver sur cet album. Affreuse sensation d’un album attendu qui ce conclu par cette sentence lapidaire « oui, mais… ». Reste le live et ici en revanche, comme on dit chez nous, c’est la branlée. [GB]

Harlem

Hippies

Matador/Beggars/Naïve

Quelle fraicheur à l’oreille! La musique de ce trio texan sonne diablement bien. Guitare, basse, batterie et toute l’énergie insolente remplie de bonheur juvénile. Ce deuxième album composé de 16 titres aux riffs punk lo-fi est tout de suite accrocheur et il donne la banane jusqu’à l’envie de sortir dans la rue pour partager notre joie. Musicalement on pense au Modern Lovers, Buzzcocks, Television et à des 45 tours pop garages entendus chez des amis DJ qui fouinent tôt le matin dans les vides greniers. Oui ce disque fait du bien à l’oreille, je n’en dirai pas plus: ECOUTEZ! [PL]

Heiki

Synesthesia

Watsü Sound

En 6 titres pour 35 minutes, Anthony, Clément, Gaël et Océane, domptent les guitares de my bloody valentine, dépoussièrent les linéaires montagnes russes du Post Rock, réinventent l’expression « le calme avant la tempête », marient avec Brio Mogwai et Boards of Canada. Un premier EP insolent ! [FV]

Herzfeld Orchestra

s/t

Herzfeld Rds

Ce disque est un peu spécial puisqu’il réunit tous les artistes du label Herzfeld sur 12 morceaux qui reflètent l’esprit du label home made, dans toute sa diversité musicale : pop ligne claire, americana langoureux, industriel acoustique, électro-pop aigrelette, post punk léthargique, new wave triste… Les textes chantés souvent en chœurs sont à écouter avec gourmandise et distance à la fois : compte-rendu d’un concert cauchemardesque, souvenirs de groupes dépravés, visite aux sans domicile fixe, promesses de l’été non tenues, fermeture d’un supermarché… Ultime clin d’œil, ce « Herzfeld Anthem » étriqué et foireux, mais chanté avec le cœur : (toute le monde cherche un nouveau son, le notre est triste et beau, écoutez notre hymne) Cet album me fait penser à une photo de classe sonore, à la fois touchante et un peu déconnante, comme on l’était à l’adolescence. [C]

Hjaltalin

Terminal

Borgin music / Discograph

Lorsque je les découvrais en concert en 2007, les musiciens de Hjaltalin me firent immédiatement forte impression. Pourtant, Sleepdrunk Seasons qui sortait dans la foulée était en deça de mes espérances. Je ne retrouvais pas cette démesure et cette musicalité, qui crèvent les ouïes à l’écoute de Terminal, dernier et splendide album, promu disque de l’année 2009 en Islande. Ambitieux, Terminal l’est au plus haut point. Après, rock ou pas, on s’en tape. Cette oeuvre est un diamant, que je n’attendais plus. Tant de nouveautés tièdes, passe-partout, sans personnalité avaient eu raison de ma patience. Hjaltalin vient nous rappeler que la musique peut encore et toujours se réinventer, à condition d’avoir quelque chose à dire et accessoirement être armé pour le dire. « Suitcase man », « Sweet impressions », « Feels like sugar »… on pourrait toutes les citer, sont des partitions écrites avec amour (de la musique), les arrangements sont dirigés avec soin. Ce collectif de Reykjavik ne prend manifestement pas l’auditeur pour un imbécile, une attitude exemplaire. Terminal évoque souvent cette période bénie, entre fifties et sixties, où les bande-sons des « musicals » étaient signées Bernstein ou Legrand. Enrichi de longues plages orchestrales et audacieuses, l’album ressemble à une espèce de West Side Story moderne, car Hjaltalin n’oublie pas d’y injecter quelques gimmicks actuels. Pour finir, sachez que les voix féminines et masculines duettisent admirablement, sans surenchère. A tel point qu’on a parfois le sentiment d’entendre Scott Walker et Julie London sur un même disque. A se procurer d’urgence, bien entendu. [FD]

Holly Miranda

The magician’s private library

XL/Beggars/Naïve

La jeune chanteuse américaine est l’un des coups de coeur de Vincent Moon qui l’a filmée dans sa série Fiume nights. Pas très étonnant quand on considère la voix éthérée aux accents très Cat Power, l’espièglerie des chœurs mixtes, les cuivres relégués au fond, le vibraphone au premier plan, les nappes de guitares aériennes et les synthés qui font la sarabande. L’album est produit par David Sitek (TV On The Radio), ceci explique peut être les changements d’ambiances sans crier gare et la richesse des sonorités qui font une grande partie du charme de l’album. On devrait vérifier que la demoiselle n’est pas juste le jouet d’un musicien/producteur surdoué sur scène dès cet été. En attendant, rien ne nous interdit de nous lover dans les méandres de cet album cocon des plus réussi. [C]

Hunx And His Punk

Gay Singles

Born Bad/PIAS

Bigre ! Avec Hunx And His Punk il faut être paré pour le second degré. Déjà la pochette annonce la couleur avec une photo centrée sur le slip zébré de Hunx, telle une image disco gay. A l’intérieur, on entre plus dans le détail, avec des poses dénudées de l’intéressé, alors que sa voix sonne… très Ramones ! La musique pop rock est près à s’enflammer dès que l’envie de déclamer « One to thee four » nous prend. Idéale pour la BO d’un film de John Waters, le rock décalé de Hunk et de ses potes d’Oakland, respire la bonne humeur de retrouver ses potes pour une soirée mousse sans limite. A noter que ce cd est une compilation des 45t sortis sur divers labels et que les 6 clips en bonus renforcent l’aspect dérision du bonhomme. [PL]

Pamela Hute

Turtles Tales From Overseas

Tôt ou Tard/Warner

Le voici enfin cet album tant attendu par les fans de Pamela Hute. Après moult rebondissements, ce « Turtles Tales From Overseas » parait chez Tôt ou Tard et est distribué par Warner. Une grosse vitrine donc pour un groupe qui le mérite tant le propos est original et crié avec talent. Une fille à la guitare épaulée par un type aux claviers habillé par Tim Bargeot et un autre derrière ses futs tout aussi élégant. Ces trois là sert une pop plutôt raffinée aux accents sixties et seventies. La face A de la galettte est tout bonnement incroyable tant elle se décline en autant de tubes qu’elle peut contenir, une bonne demi douzaine. Le discours se fait plus musclé à l’image de « My Dear » que ne renierait point les skateboarders de la côte ouest. L’album se fini par un safari un peu spatial que l’angélique Pam a voulu rose. J’espère sincèrement que cet album va faire son chemin. Il mérite de se frayer une voie royale et de bouter hors de cette dernière, les ersatz nauséabonds. [Mat]

Ich Bin Dead

Angst Rock

Nova Express

Soucieux d’une parité aussi souvent vantée que peu appliquée, Ich Bin Dead a recruté une demoiselle supplémentaire histoire de meubler un peu plus un rock iconoclaste et résolument inclassable. Pour la part masculine du conglomérat, guitare et batterie sont tenus par deux anciens Neurotic Swingers, Pascal Escobar et Matthieu Bimar, ce qui n’est qu’une indication très approximative des eaux dans lesquelles Ich Bin Dead s’ébroue. Parce que le groupe doit beaucoup à la voix de mégère non apprivoisée d’Axelle Schatz tout comme à l’orgue virevoltant de sa complice Julia Stravato. Les deux donnant à l’ensemble une touche indéniablement féminine, sorte de B’ 52 énervés, que ne contredisent pas les charges saturées d’une guitare plus nuancée que fonceuse. Et on a même vu, ça et là, quelques insolents les traiter de Lio trash. Décidément, le respect se perd ! Du proto- garage convulsif qui ne roule pas à l’ordinaire. [AF]

Inner Terrestrials

Live

Mass Prod

Ce disque est un peu un résumé des épisodes précédents : un live de 1997, un EP de 1999, un autre de 2003 et un titre pas daté. Rassurez-vous, tout ça reste d’une grande cohérence car depuis le temps que le trio anar trace la route, il a prouvé qu’il savait garder le cap, entre punk et ska punk, avec une once de reggae et une pointe celtique. Ce live un disque âpre, rageur, rude et souvent dansant. On aurait aimé entendre davantage le public (il y a quand même dix titres live) pour être mieux dans l’ambiance mais on applaudit très fort les versions studio de « 1066″ et « The cause » et surtout la reprise très personnelle et irrésistible de « Guns of Brixton » qui clôt l’album. [JNL]

James Chance & Terminal City

The Fix Is In

Le Son Du Maquis

Depuis l’époque lointaine et fondatrice de Teenage Jesus & The Jerks, James Chance a multiplié projets, visages divers et belles périodes de silence. Quelqu’un que nous avouons bien volontiers n’avoir suivi que de loin en loin et qui revient aujourd’hui accompagné de Terminal City pour un album condensant avec une élégance toute tricolore – noir, blanc, rouge – les obsessions du saxo blanc-bec pour certaines formes de musiques noires américaines. Jazz, en premier lieu, la vraie pulsation du disque, mais aussi funk ou rhythm and blues, autant de fixettes que Chance revisite de sa voix fragile de crooner décalé en perpétuel équilibre sur une corde effilochée. Un acrobate que se rie du vide. Saluant Chet Baker (« Blonde Ice ») ou Maceo Parker (« The Fix Is In »), mais aussi Charlie Mingus (« Another Pompadour ») ou le grand Duke Ellington. Une façon de rouvrir le grand livre des années d’or en s’y autorisant quelques ratures distinguées. D’ailleurs, pour tout dire, un album contenant autant de xylophone, instrument paradisiaque s’il en est, ne peut qu’arpenter le bon côté du boulevard ! [AF]

Jonjo Feather

Is or OK

Numb Tongue/Cargo Rds

L’Angleterre n’a pas fini de nous étonner avec ses agités du bulbe géniaux, cachés au fin fond de leur garage, estropiant leur héritage pop avec des idées de noise grinçante, de guitares froissées, de chant libidineux ou de textes complètement déjantés. Petit frère de Baby Bird, en moins neurasthénique, aussi déconnant que Mujison, Jonjo s’est doté d’une ribambelle de pédales d’effets pour sonner comme Jesus and the Mary Chain mais a oublié de lire le mode d’emploi. D’où un album qui zigzague entre mélodies accrocheuses et dérapages désespérants, chœurs lumineux et chant caverneux. Une curiosité à observer de près. [C]

JUL

Until the end

Clementine Records

On est jamais mieux servi que par soi-même. Until the end est le premier album autoproduit de Julien Erades, un petit gars de Melun, qui a passé le plus clair de son enfance à écouter les vinyles de ses parents, où l’écurie Motown avait une place de choix, pour ensuite s’en affranchir et trouver sa voie via les réseaux habituels : les disques qu’on se prête entre potes, les ondes radiophoniques, etc. D’abord batteur, puis bassiste, enfin guitariste, JUL va néanmoins s’entourer d’un vrai groupe, pour affiner sa perception de la musique et la reproduire sur scène. Until the end est essentiellement composé de folk songs, groovy à mort, où la guitare électro-acoustique est mise en avant, appuyée par un piano Fender, qui renvoie aux années soixante-dix, et ce rock caractéristique de la côte ouest, remis au goût du jour par les délicieux Minor Majority ou Phoenix, par exemple. On pense parfois à Ben Harper, Jeff Buckley, G Love & Special Sauce ou Charlie Winston. Les chansons sont justes, spontanées, la voix de JUL impressionne. Quelques titres accrochent d’emblée (Rescue me, Old tree ou Call me at 4:04), d’autres sont plus conventionnels (I’m down). Toujours est-il que cette collection de chansons d’une rare sincérité, augurent d’un avenir pour le moins radieux. [FD]

Jumbo Layer

Marie Laveau’s Not Dead

Rock Paradise Records

Chroniquer le disque d’un one man band alors que la question de l’homme orchestre est loin de m’être étrangère n’est pas chose facile. Nous sommes une grande famille ! Tout le monde se connaît plus ou moins … Ce « Marie Laveau’s Not Dead » de Jumbo Layer est atypique puisqu’en lieu et place du garage que nous servent d’habitude les hommes en solo, nous avons droit ici à un jambalaya vaudou des plus goûteux. Quelque chose entre Dr John et le swamp de TJ White. Les couches, d’où le nom du bonhomme, s’empilent à merveille et la sauce a pris depuis longtemps quand arrive la très dansante piste 8 « Don’t run ». Quelques instrumentaux direct from the bayou nous réchauffent l’échine (du diable bien sûr !).Tout ceci est extrêmement bien réalisé. Nous aimerions maintenant avoir plus d’infos sur ce Jumbo Layer qui a notamment travailler avec James Brown en son temps et cette Marie qui pose lascivement sur la pochette ! Goddamn ! [Mat]

Kaki King

Junior

Cooking Vynil/PIAS

Kaki King est une guitariste reconnue dans le monde entier, mais reste insaisissable. Quelle relation entre la BO de « Into the Wild » et le dernier EP des Montains Goats ? Kaki King ! Quel lien entre le poppy « Spit it back in my mouth », l’écorché « The hoopers of Hudspeth » et l’envoutant « Hallucinations from my poisonous German streets » ? Kaki King ! La jeune femme se fiche bien du qu’en dira-t-on et s’offre un album sans aucune homogénéité, aussi bien dans la composition (pop, folk, rock, instrumentaux) que dans la production (acoustique rêche, parasites électroniques, grosse rythmique, piano à queue…). Seule la voix juvénile (très proche de celle de Laura Veirs) fait le lien entre des mondes qui se télescopent sans jamais se fondre. A écouter avec attention, surtout à partir du 4ème morceau. [C]

The Kissaway Trail

Sleep Mountain

Bella Union / Cooperative music

Sleep Mountain démarre en fanfare avec le sensationnel SDP. Carillon et session rythmique au carré font la paire, appuyée par une guitare tranchante et une voix extatique. Puis ce sont Friendly fire et sa batterie en contre-temps (en hommage aux compatriotes Mew ?), New Year qui prend son temps avant de dévoiler tout son éclat, ou la reprise surprenante de Philadelphia de Neil Young. Tout au long de l’album, se succèdent chorale, riffs d’accordéon, piano déglingué, un souffle, une impulsion qui rendent la musique de ces Danois épique. Alors bien sûr, on pense à Arcade Fire, Sigur Rós ou au Deserter’s songs de Mercury Rev, mais aussi à leur premier essai, déjà incandescent, sorti en France en 2007. The Kissaway Trail a le mérite de proposer quelques chansons solides et une partition qui ne doit rien à personne. Les influences sont digérées et le groupe travaille son oeuvre, comme tout bon artisan, avec beaucoup d’honnêteté. Pour preuve, ce geste qui en dit long, parce qu’ils le trouvaient quelconque, ce qui devait être le second album a fini dans la corbeille, et les petits gars d’Odense se sont remis au travail pour accoucher de Sleep Mountain. Bien leur en a pris ! [FD]

Kong

Snake Magnet

Brew records/Discograph

Aie, ici explosif sonore! La musique noise et électrique de Kong couine, grince et hurle à travers nos tympans. On pense à un groupe de Chicago (Big Black ,Shellac) et on découvre que Kong vient de Manchester. Bien loin des clichés de la cold de Joy Division, des acides d’Happy Mondays ou de la pop d’Oasis, le trio réalise une musique hardcore noise totalement hystérique. Les compos sans fioriture ne laissent pas le temps de respirer, elles sont toujours en ébullition, prêtes à brûler les neurones. Inutile d’en dire plus, vous l’avez compris, avec ce premier album (sorti l’année dernière en import et disponible aujourd’hui sur notre sol humide), Kong n’est pas là pour se la raconter, il le fait et basta! [PL]

The Lanskies

Bank Holiday

Indelible Records/Discograph

On connaissait un Lansky : notre Johnny Hallyday dans une de ses inoubliables prestations télé. On ignorait qu’il avait cinq garnements et les avait confiés à deux mères nourricières, le rock et la pop. The Lanskies donc, batards déviants (ouf !) de notre idole des jeunes, sales gosses nourris à la power pop british et au rock indé new-yorkais, avec des pointes de groove imparable, et des influences très recommandables. En vrac, The Strokes, The Rakes, Radio 4 et Robert Smith pour la voix. Rien que du bon dont ils ont su extraire un nectar tel que « Bank holiday », imparable machine qui pourrait faire bouger plus d’un popotin sur les dancefloors mancuniens. [JNL]

Leo (88man)

From speaking parts to blazing rows

Kythibong Rds

Impossible de ne pas penser à la figure tutélaire qui a lancé le jeune Leo sur les routes il y a quelques années, The Nightcrawler aka Red. Et à travers lui, Kurt Wagner dont le phrasé si particulier, cool et détaché, sert de modèle à la première face de cet album. Une face toute douce, où l’acoustique résonne des chœurs éthérés ou espiègles et les cordes ont autant d’importance que la guitare, le piano, les cuivres et le vibraphone. Un petit tour de 78 tours et on est projeté dans un monde un peu décalé du focus américain, avec une pincée de jazz, un rythme de valse, une sonorité vaguement espagnole ou tout simplement rétro. Allez savoir, avec un tel rythme, on n’a plus vraiment envie de réfléchir, plutôt se laisser aller à la sieste, à la douce rêverie d’une après-midi d’été. Léo branche les guitares, mais même les riffs furieux qui se déchainent ici et là n’arrivent pas à secouer cette langueur douce et heureuse qui a pris possession de notre corps qui dodeline doucement au gré de rythmes de plus en plus rapides et de chœurs de plus en plus forts. Trop tard, la magie a dépassé le magicien et quand Chiara Locardi (bien loin de l’univers énervé de l’Enfance Rouge) entre en scène, on est déjà loin ! [C]

James Levy

Promising Young Talent

Township

Derrière la pochette énigmatique de l’album se cache un certain James Levy. Cet artiste new-yorkais a conçu tout seul (écriture, production) les 13 titres de son album. Sa musique flirte avec la folk et l’électro, et sa voix fait penser à celle de Leonard Cohen ou Ian Mc Culloch. L’ambiance générale est mélancolique, mais fort heureusement ne nous fait pas sombrer dans le désespoir. Limite intimiste, on a l’impression d’entrer dans l’appartement du chanteur, d’être à côté de lui. Le rendu sonore est très harmonieux (Les Bads Seeds et Nick Cave ne sont pas loin) et chargé d’émotion. Sa voix transmet beaucoup de vibrations, parfois inquiétantes. Cela donne envie d’apprendre l’anglais pour comprendre ce que raconte James Levy, surtout sur le titre « Happy Birthday David Bowie » qui clôture l’album avec des cuivres d’une façon nonchalante qui donne envie de taper des mains. Au final « Promising Young Talent » porte bien son nom : un disque OVNI, à la fois surprenant et accessible, exigeant mais pas trop, recommandé aux oreilles grandes ouvertes. [PL]

Liturgy

Renihilation

20 Buck Spin

Le black, c’est encore un genre qui à mis longtemps à sortir de l’intrépide moquerie dans laquelle je l’avais placardé pour atteindre un degré suffisant d’envie de découverte pour se laisser porter à mes oreilles. Et tant qu’à faire, autant commencer par un disque de black metal qui n’est pas du black metal. Un disque de black metal qui est du screamo. Épique à en mourir, punk jusqu’au coin des ongles et pourtant proportionnellement intello. Imagerie sobre mais étudiée, pure transcendental black metalnuageux, voilà ou est le coté intello, marqué sur la gueule des musiciens, bien loin des full arm de pics et de la Finlande, mais au contraire en plein milieu arty New Yorkais, avec leurs potes de Krallice, aussi imbuvables que feu tendance. Épique à mort donc, j’en étais là, avec ces notes de guitares suraiguës façon post rock réacteur 6000, quelques riffs à peine réellement discernables tout du long, mais une puissance punk incroyable, grâce à ce batteur qui fracasse ses cymbales de A à Z en blast quasi constant et le son poussiéreux, pas si défini, mais incroyablement tapageur et rentre dedans. Le disque ne laisse pas franchement le choix, même pas celui de rentrer dedans, c’est lui qui s’en charge, à pleine vitesse, les phares stroboscopiques sur « on ». Et pourtant, le disque s’aère, grâce aux interludes ambiants discrets ou plus tordus expérimentaux d’une part et simplement car les sept autres morceaux dans leur plus grande fureur épique, sont lumineux, désespérés plus qu’haineux. Ceci, comme le gros coté screamo, grâce à la voix – inintelligible et terrée au fond du mix – arrachée, criée et délayée sous les guitares, participe grandement à tous les cotés du disque : épique, puissant, et quelque part, beau. Au contraire, on le remarquera sans peine, de l’artwork immonde. [LM]

Little Green Fairy

Stuck Out Of Time

Nova Express

Mis au repos force suite à la grave blessure de l’un des deux guitaristes, Little Green Fairy refait aujourd’hui surface, et après de longs, longs mois d’absence, nous revient meilleur que jamais. Ancien chanteur de Tabasko et voix de Sonic Assassin, impressionnant combo Franco- Italien, Rauky est la véritable épine dorsale de ce trio envoutant, où son jeu de guitare unique et son chant si particulier interdisent toute encombrante ressemblance. Mais Clarisse, batteuse épidermique au jeu brutal, a aussi droit à sa part de justes louanges. Tout comme Eric Dim, guitariste agité de plus conventionnelles manières, mais à la redoutable efficacité. Alors, Little Green Fairy, c’est un peu comme une collision entre les Stooges et les Saints. Avec les Screaming Trees pour témoins. Et constant rédigé au dos d’un exemplaire d’un Pebbles millésimé. Ajoutez Lucas Trouble et Nova Express pour le contrat d’assurance. Et vous voila parés ! S’écoutera suffisamment fort ! [AF]

Little Red Lauter

Slow Down

Herzfeld Rds

Après une introduction inquiétante et triste comme un bonnet de nuit (j’ai un cerveau pourri dans ma salle à manger/ça sent l’abattoir), le duo Little Red et Lauter se dévoile en amateur de pop, espiègle et électronique, acoustique et délicat. Surprise de l’alternance entre chœurs mixtes folk et boite à rythme, rock’n'roll acoustique et industriel lo-fi. Quand on n’a pas les moyens de ses désirs, reste l’imagination et celle de Little Red et Lauter carbure au super, sans plomb ! [C]

Lonelady

Nerve Up

Warp/Discograph

Lonelady est le projet solo de la mancunienne Julie Campbell et ressemble au vilain petit canard dans le paysage du label électro Warp. En effet la musique de Lonelady est proche du format chanson (avec parfois des tics à la Killy Minogue), mais avec une rythmique post punk façon A Certain Ratio et un style assez 80′s, sans tomber dans le revival. La pochette en noir et blanc et connotée Factory Records, ce qui lui va comme un gant. [PL]

Lost Sphere Project

Verse XXIV

Division Records

Je ne vais faire l’affront à personne de ressortir la métaphore plus éculée tu meurs de l’horloge Suisse, on l’a déjà trop lue à propos de Mumakil. La référence tombe dès la deuxième ligne comme elle saute au oreilles dès le premier morceau du disque, on est en plein technico-core grind, gentiment barré et ultra propret. Trop appliqué, peu de choses qui dépassent, une violence calculée, chaotique et extrêmement bien branlée pour sur, mais pas assez grouillante, encore moins vivante. On pense donc directement aux éléphantesques suisses mentionnés plus haut pour la puissance massive mais calibrée, moins frontalement brutale ici néanmoins, au feeling plus plus chaos-core 2000, sans le son qui ferait basculer le tout dans la folie pure comme chez Clinging To The Trees Of A Forest Fire à qui Lost Spere Project m’a aussi fait penser, mais au poil tellement plus lisse et ras. Verse XXIV est sur-efficace, produit au poil de la technologie – on sent qu’ils ont mis le paquet à ce niveau là – mais toute cette force de frappe manque pour moi grandement de vie, d’un supplément de véritable haine qui se mette au service de la débauche de technique. A voir en concert assurément, pour compenser. [LM]

Maintenant

Gigi

Tomlab/Differ-Ant

Fans des Ronettes et des Shangri-Las, amoureux du son plein des productions de Phi Spector, voici un disque pour vous. Gigi est le projet d’un songwriter (Nick Krgovich) et d’un producteur (Colin Stewart) qui ont enfermé une belle brochette de jeunes chanteurs et chanteuses, seuls ou en chœurs, dans un studio muni d’une chambre de réverb vintage. Le résultat est idéal pour accompagner les soirées d’été et laisser le bon temps rouler, comme ils disent là-bas. [C]

Tom McRae

Alphabet of Hurricanes

Cooking Vynil/PIAS

Après avoir été l’une des révélations de l’internationale pop/rock britannique, avoir été choisi pour moult génériques de publicités aux fondus enchainés sophistiqués, avoir fait fantasmer des milliers de jeunes filles, Tom Mc Rae est parti vivre sa vie sur la route de tournées incessantes autour du vaste monde. De ces deux ans d’absence à notre paysage et à lui-même, il en a tiré cet album intime et sincère, sorti cet hiver dans une confidentialité toute française. Pourtant les instruments chinés sur Ebay, et entassés dans le studio maison donnent un son rêche et fier à des chansons qui se battent sur le fil du rasoir folk et rock. Bel exercice d’abnégation et de maturité pour le beau blond aux yeux bleus, qui devrait lui acquérir des fans moins nombreux, mais certainement plus fidèles. [C]

Mardi Gras BB

Von Humboldt Picnic

Hazelwood/Differ-Ant

Ce nouvel album du Mardi Gras BB nous invite à faire le voyage autour de la Terre en douze morceaux, à travers les yeux d’un Alexander von Humboldt moderne (l’original étant un explorateur du début du XIXème siècle, membre de l’Académie des sciences française et président de la Société de géographie de Paris). Pour une fois, la pochette est au diapason de la musique. Chaque membre du groupe portraitisé dans un médaillon aurait pu orner l’édition originale du livre de Jules Vernes, qui a en partie inspiré le disque. Le jazz est tout puissant et les cuivres sont les rois, les styles musicaux orientaux et occidentaux se succèdent au grès de l’inspiration de Doc Wenz qui nous surprend même à pousser la chansonnette en français et en allemand, sa langue natale. Mais à écouter de plus près les textes, il semble que le Mardi Gras BB ne soit pas là que pour rigoler : fille perdue faisant le tapin sur le Boulevard de Clichy, moine tibétain devant se battre contre les forces de l’ordre chinoises, épicier tué dans un attentat de l’ETA, passeurs de drogues et clandestins mexicains… L’opposition entre la musique apparemment anodine et la noirceur des textes n’a jamais été aussi flagrante, battant Calexico sur son propre terrain. A (re)découvrir absolument ! [C] (www.hazelwood.de)

The Marigold

Tajga

Acid Cobra

« Tajga » est le deuxième album de ce groupe italien en activité depuis une dizaine d’années et dont la musique nous entraine dans les abimes d’une messe funéraire au son coldwave. On pense à Cure époque « Seventeen Seconds »/ »Faith », parfois mélangé à des guitares Shoegaze. Sombre à souhait, mais parsemé d’éclaircies, les neuf titres de cet album jalonnent un voyage à la fois inquiétant et lumineux. Certes, écouter ce son en 2010, (et non plus en 1981), peut faire un drôle d’effet, mais pas du tout désagréable. Les codes des voix « maniérées » sont respectés (style « j’ai mal, ma tête me fait souffrir »), la basse est bien en avant et la batterie discrète (pas très Cure ça!). Les guitares trainent à souhait, les claviers glissent vers les cieux et des petites notes de piano tombent ici et là comme des flocons de neige. Donc si vous êtes prêts à (re)sortir votre gabardine, vos docs et à vous coiffer en pétard pour affronter ce monde « sans pitié » qui nous entoure, n’oubliez pas d’inclure « Tajga » dans votre I-Pod. A noter qu’Amaury Cambuzat (Ulan Bator et boss d’Acid Cobra) joue en guest quelques notes sombres et délicates.[PL]

Mass Cult Suicide

s/t

Off the Hip

Ego démesuré ou j’enfoustisme manifeste, seul Dan Trolley, homme à tout faire de Mass Cult Suicide a obtenu le droit de figurer sur la pochette de l’album où n’apparait même pas le nom du groupe. Le tout sur fond décourageant de pourpre catatonique. Curieuse affaire que Mass Cult Suicide, évoquant le rock New Yorkais d’antan, Lou Reed, parmi d’autres, Iggy Pop, aussi, parfois, quand il frayait avec Bowie. Un cousinage Anglais à chercher du côté des Flaming Stars. Et comme MCS arrive de Melbourne, on est également en droit de suggérer la galaxie Nick Cave, Hugo Race ou Rowland S Howard. Situant d’emblée le groupe dans le champ des musiques à contre-jour et des ambiances crépusculaires. Album singulier, riche et attachant qui tranche étonnamment avec l’habituelle production Off The Hip. La surprise n’en est que meilleure ! [AF]

The Master Plan

Maximum Respect

Nicotine Records

Un bout de New York dans le mange-disque ! Master Plan, c’est Andy Shernoff des Dictators associé à deux Fleshtones, Keith Streng et le batteur Bill Milhizer. Plus un bassiste dont le nom m’échappe. Qui ne m’en voudra pas et fait son job sans rien laisser paraitre ! Un truc débordant de bonne humeur, de reprises ajustées et choisies avec soin (BBQ, chanté par Streng de sa voix d’échassier châtré, c’est quelque chose !). Mais les originaux sont classe, et « 14th Street » signé Shernoff évoque une longue filiation, des Shangri-la’s aux Ramones en passant par les Dolls. Même Dave Hoodoo Gurus Faulkner est venu en pousser une (Feels Good To Feel) incapable de laisser passer l’occasion d’une bonne rigolade avec des Fleshtones dans le petit périmètre. Et ceux-ci pourraient inscrire « Doin’ it right » à leur répertoire – si ça n’est déjà fait !- personne n’y trouverait à redire. Pour faire de vos salons de vraies pistes de danse ! [AF]

Microfilm

The Bay Of Future Passed

Head Records / Migouri / Rejuvenation / Theatre Records / Impure Musik

Troisième album pour les Poitevins de Microfilm et encore une fois ils nous régalent de mélodies à faire pâlir tous les groupes de post-rock français. Pour ceux qui découvre, le concept du groupe est de mélanger musique instrumentale et dialogues de vieux films, ce qui donne des morceaux poignants et hypnotiques comme « Blood Sample » sur fond de dialogue autour d’un meurtre ou encore « State & Island » sur New York. Deux exceptions à la règle sans dialogue « Combinaison » et le titre éponyme « The Bay Of Future Passed » qui pourrait tout aussi bien être la BO d’un film sur la liberté tellement il est chargé d’émotion positive. Après la claque qu’avait était leur deuxième album « Stereodrama » on aurait pu avoir peur de la suite mais c’est avec une grande classe qui passe le cap tant redouté. [LO]

Midas Fall

Eleven return and revert

Monotreme/Differ-Ant

Elizabeth Heaton, la chanteuse de Midas Fall a une voix qui envoute ou irrite, ce qui devrait faire remarquer ce groupe d’Edimburg au delà de ses frontières. Elle porte la pop atmosphérique des compositions au-delà de ses influences, la galvanise avec sa théâtralité et sa profondeur, faisant presqu’oublier les guitares furieusement post-rock, les arrangements aériens, le violoncelle et le piano gothiques. A découvrir en live ! [C]

Miss Li

Dancing The Whole Way Home

National / Discograph

Imaginez un instant une musicienne-interprète bien barrée, à l’imagination fertile et à la voix aiguë énergisante, une espèce de croisement entre Yma Sumac, Diane Dufresne et Emilie Simon. Sorti au printemps de l’année dernière en Suède, le quatrième album studio (en trois ans…) de Miss Li voit le jour après la sortie d’un best of, que je vous recommande au passage. Linda Carlsson, de son vrai nom, a un CV long comme un parchemin, et a tâté du micro dans tous les registres : jazz, soul, metal, blues, pop.. ou opéra, en toute simplicité ! Cette fille, pour sûr, c’est de la dynamite et Dancing The Whole Way Home en fait la démonstration à chaque piste.  »Bourgeois Shangri-La », le hit qui tue, est ni plus ni moins le « Just a gigolo » des années 2010, une chanson terriblement joyeuse qui, diffusée le matin, vous donne la patate pour la journée. Comme d’hab, les séries américaines au nez fin, de Weeds à Grey’s Anatomy ou les publicitaires finauds (j’en connais !) ont repéré depuis belle lurette la Miss Li, et ses ritournelles qui font mouche. Du coup, notre Scandinave est méchamment courtisée. Avant de passer pour les derniers des ringards, jetez une oreille attentive. Vous ne serez pas déçus. [FD]

Mono

Holy Ground : NYC Live With The Wordless Music Orchestra

Temporary records / Differ-ant

Le concert de Mono auquel j’avais pu assister lors de leur dernière tournée était, il faut l’avouer, un peu chiant, alors voir arriver un cd/dvd live ne me réjouissait pas forcément. Au vu de la set list les morceaux sont assez diversifié faisant la part belle au petit dernier « Hymn To The Immortal Wind ». Seul leur premier album « Under The Pipal Tree » ne figure pas au programme (dommage). Mono avait enregistré « Hymn To The Immortal Wind » avec un orchestre ce qui donnait ce côté bande-original de film épique-romantique que l’on retrouve dans ce live et qui manquait cruellement lors de cette tournée. Mais pour leur défense, il est difficile de se trimballer avec un orchestre entier à travers le monde! Ici Mono est accompagné de The Wordless Music Orchestra et donne un live digne de l’ampleur de l’album en question. Une intensité incroyable s’en dégage et le soutiens de l’orchestre ajoute une profondeur aux morceaux. Le dvd bénéficie d’une image un peu dégueu mais c’est surement fait exprès, surement un trip artistique ou un truc dans le genre, bon… j’en suis pas fan mais on oublie vite. Le titre «  Follow The Map  » c’est glissé dans la playlist du dvd pour notre plus grand bonheur. A voir et écouter fort. C’est comme cela qu’on apprécie le mieux la musique classique pour punk! [LO]

Musée Mécanique

Hold this ghost

Souterrain Transmission/PIAS

Ne vous fiez pas au nom de ce duo, il ne s’agit pas d’une autre gemme française découverte en arpentant la côte bretonne ou en regardant au fond des cratères des puys d’Auvergne. Sean Ogilvie et Micah Rabwin sont des amis d’enfance qui ont grandi dans la baie de San Fransisco, fascinés par les pianos mécaniques, les automates et les boites à musique. Pas étonnant que leur musique reflète la délicatesse des sons d’entant. La voix haut perchée, les chœurs fantomatiques s’accompagnent de la mignardise de synthétiseurs antiques, des volutes d’une scie harmonique, des roulements d’un tambour de major ou encore un peu de cet accordéon que l’on imagine sortir de la brume d’un port. Tucker Martine, qui a mixé l’album, a bien compris que tout avait été conçu pour nous faire entrer dans une bulle nostalgique qui ne se cognerait pas aux angles de la vie quotidienne et voyagerait dans le monde fantastique et merveilleux de l’enfance. Pourvu que le rêve dure ! [C]

Narrow Terence

Narco Corridos

Dans la boite/Discograph

Ca fait un choc quand on découvre son image dans un miroir que l’on n’attendait pas à voir là. C’est un peu ce qui s’est passé lorsque j’ai vu Narrow Terence sur scène, il y a quelques mois, alternant hardcore et moments de grace folk, rugissant puis susurrant des chœurs angéliques… La belle et la bête réunis dans une seule formation, parfois dans un même morceau à deux guitares, ou le violon virevolte de l’une à l’autre, comme la mouche du coche. J’étais restée sur une impression de Tom Waits céleste et en écoutant cet album, je retrouve Calexico trainant dans le no man’s land des narcotrafiquants mexicains. Tout se brouille, humour et dénonciation politique, mélancolie et grivoiserie, sentiments et instruments, sans une once de concession à l’étiquetage marketing. Narrow Terence est un groupe libre et multiple, comme la ligne éditoriale d’Abus Dangereux. Respect ! [C]

Nesseria

Nesseria

Trendkill Recordings

Ceux qui ne les avaient guère remarqués à leur splits et EPs précédemment sortis vont avoir beaucoup de mal à trouver une excuse pour échapper au premier album qui enclume méchamment toute concurrence. C’est simple, rarement on aura entendu si puissant en France. Loin d’un ersatz de tous les chefs hardcore nouvelle école qu’on croise trop souvent, Nesseria grille toutes les étapes pour monter au top directement, quasiment au niveau des chefs précités. Parce qu’au delà du hardcore violent, tordu et extrêmement frontal, il y a les autres influences. Celle du black, bien présente, qui boursoufle de haine les morceaux, et les quelques grinderies furtives qui dynamitent latéralement le reste, voilà pour les bases. Et tout ceci est exploité au maximum, travaillé dans le moindre détail pour pulvériser, ou la redoutable efficacité des morceaux plus courts fait mettre genoux à terre sans broncher. Quand ils prennent plus leur temps, les morceaux se font plus épiques, pour mieux nous travailler au sol, et même si les passages plus mid tempo manquent, il est vrai, peut être d’un soupçon de crasse, c’est pour mieux trancher. Le voilà le mot qui résume cet album, tranchantcomme une lame, noir comme le fond du fond, et proportionnellement excellent et addictif. Un gros gros coup dans l’abdomen, qui devient encore plus physique en live. [LM]

Nico & The Rhythm Dudes

Meet Me In The Basement

Autoproduction

« Nothing’s forbidden to us… Gold teeth, greasy hair, tattoos everywhere, middle finger in the air, yeah yeah we don’t care… » Ces lyrics des Turbo AC’s résument assez bien l’esprit du combo Nico & The Rhythm Dudes car une fois grattée la surface faussement lisse de ces onze titres et de leurs interprètes, on découvre un background bien brut et sévèrement burné et sur lequel plane l’ombre de Little Richard, Johnny Burnette, Sister Rosetta Tharpe, Billie Holiday, Nick Curran et bien d’autres figures de proue du early rock’n ‘roll bien loin de porter une auréole… Naviguant à la croisée du rhythm’n'blues et du swing, patinés par un mix old school bannissant les effets à outrance et autres pinailleries numériques, structurés par une section rythmique souple, habillés de parties de piano amphétaminées et de cuivres charnels, les morceaux font la part belle au jeu de guitare et au chant ultra nuancés de Mr Nico Duportal. Un toucher subtil, un placement très personnel, une grande fluidité dans les transition, de la légèreté mais de l’intensité et une énergie à faire remuer leur machine à fric aux plus léthargiques des poulettes ! Il y en aura pour tous les goûts, tous les moods et tous les états d’ébriété, du swing épileptique (« Womens and Cadillacs ») au mid tempo cadencé (« Kidney stew blues »), de la proposition crapuleuse (« Meet me in the bassement ») à la déclaration langoureuse (« Polish Woman »). A noter : un « Evenin’ » (T Bone Walker) à vous retourner les tripes et à vous enchaîner à votre verre de Jack, mis hors d’état de nuire par son groove hypnotique et sulfureux… [SL]

Off With Their Heads

In Desolation

Epitaph

Lorsqu’un groupe quitte son label de départ pour voler vers de nouvelles aventures j’ai toujours une petite appréhension à l’arriver du nouvel album. Étant un gros fan de Off With Their Heads les voir débarquer sur Epitaph me faisait un peu peur car depuis quelques temps ce n’est plus ce que c’était. A croire qu’Epitaph a enfin décidé de sortir la tête de l’eau et de revenir à ses premiers amours: le vrai punk rock. OWTH n’ont rien changer dans leur façon de composer. La musique est toujours marqué de cette touche d’émotions qui leurs est propre et qu’ils doivent surtout à leur excellent chanteur Ryan Young. 12 titres d’où se dégagent une bonne humeur et une bonne grosse dose d’énergie bien maitrisé. Pas d’inquiétude à avoir «  In Desolation  » c’est de la bonne came qui va tourner jusqu’à l’usure sur la platine. Si vous aimez le punk-rock n’hésitez pas une seule seconde, c’est Off With Their Heads qu’il vous faut pour accompagner votre été! [LO]

Ólöf Arnalds

Vid og vid

One Little Indian / PIAS

Sorti en 2007 au pays du volcan au nom imprononçable, Vid og vid est le premier album solo de ce membre éminent de Múm, groupe que votre serviteur a failli interviewer un jour d’automne pour Abus Dangereux… failli, car à l’heure du rendez-vous, le groupe avait mystérieusement disparu, sans doute caché dans un placard. L’attaché de presse de l’époque eut cette réflexion qui me rend encore aujourd’hui perplexe « ils sont bizarre ces Islandais ! ». Toujours est-il qu’on est heureux d’écouter Vid og vid, même avec trois ans de retard. Du reste, le disque n’est pas figé dans le temps. Pas de production clinquante, de bidouillage électro, juste des chansons intemporelles dans la langue de Sigur Rós, sur une bande son où l’instrument acoustique a le beau rôle. Pour parler d’Ólöf Arnalds, Björk, qui n’est pas la dernière à dire des saloperies, évoque une femme à la voix située quelque part entre la vieille dame et la petite fille. Elle a cent fois raison, bien sûr, mais il y aussi beaucoup de la complainte traditionnelle islandaise qui ressemble curieusement à de vieilles comptines chinoises… un disque à la fois troublant et pour le moins exotique, à l’image du livret où les textes sont publiés en islandais. Faites comme moi, exercez-vous à reprendre à tue-tête Skjaldborg ou Ævagömul orkuþula, partie de plaisir assurée ! [FD]

Paperback Freud

All in a Day’s Work

Longfellow Deeds

On suppose que ces Vikings aux tempéraments volontiers extravertis ont du dévorés l’œuvre de Lynard Skynard dans son intégralité. Entrecoupé de séjours linguistiques chez AC/DC. Qui auraient pu écrire « Hound Dog ». Du solide. Sentant bon le feulement de la six-cordes, le denim trempé de sueur et le Marshall sous tension. Un de leurs titres s’appelle « High Speed Rock’n’roll ». ET c’est sans doute la meilleure définition qui se puisse trouver de leur musique. Quelque part entre les Nashville Pussy – en moins punk- et des Hellacopters qui, plutôt que Detroit, auraient coché la Georgie sur leur carte personnelle. Idéal pour le headbanging et les soirées bières. Ceux là ne sont pas prêt de faire la couv’ des Inrockubtibles ! [AF]

The Parisians

Shaking the Ashes of Our Enemies

Bonus Track Records

Disons le tout de go, ce disque est une excellente surprise! Parce que si l’on commence à en avoir soupé de ces groupes parisiens artificiellement montés en épingle et, à chaque fois, présentés comme la dernière merveille du monde, avec ces Parisians là, on a l’impression, pour une fois, que la rumeur tient parole. C’est vif, nerveux, bien écrit et bien joué. Avec de vraies chansons à l’intérieur, doublées d’un son véritablement rock’n’roll. Le tout revisitant la même diagonale sublimée -grosso modo 77, Strokes et Libertines – sans jamais se vautrer dans la vilaine variétoche rythmée comme tant de leurs hypés confrères. Reste à convaincre sur scène. Mais après un tel disque, l’indice de confiance plaide nettement en leur faveur. Musicalement, Ils ont un peu de l’élégance des Dogs du début. Chute toute trouvée : Parisiens, têtes de chiens ! [AF]

The Peacocks

After All

People Like You Records

Composée d’un mélange de psychobilly, de punk rock et de pop, en proportions variables selon les morceaux, la musique des Peacocks rassemble autour d’elle un public particulièrement varié et peut permettre aux néophytes de faire leurs premiers pas dans l’univers du psycho sans être d’entrée de jeu confrontés à une voix au grain extrême comme celle de Mr Fenech, à un groove ultra violent (Mad Sin) ou un univers particulièrement glauque (Demented Are Go, Damages Done By Worms). Elaborant des mélodies efficaces mais travaillées ainsi qu’un son global plutôt accessible, le tout porté par la voix indéniablement sexy de Hasu Langhart, les trois suisses enchaînent albums, splits et LP avec une régularité sans faille jusqu’à cet After All des plus agréables sans être particulièrement surprenant au demeurant. Mais ce dernier point est cependant très loin de constituer un problème : en effet, The Peacocks fait partie de ces groupes (tout comme Pennywise, Turbonegro ou même Motörhead par exemple) auxquel on ne demande surtout pas de se renouveler totalement à chaque nouvel album mais plutôt de continuer à faire ce qu’ils ont fait jusqu’à présent et surtout de continuer à BIEN le faire. Aucun problème ici de ce côté, le jeu et le son sont plus que jamais aux rendez vous et les amateurs tout comme les nouveaux adeptes ne pourront que se régaler avec ces quinze (seize pour le LP) titre catchy et tournant aussi bien qu’une petite Triumph sortant tout droit des mains de Jeff « Meatball » Tulinius [SL]

Pearly Gate Music

s/t

Bella Union/Coop Music

Pearly Gate Music est le projet de Zach Tillman, un jeune homme de Seattle dont la voix file des frissons, tellement elle respire la sincérité et la timidité. Seul ou accompagné, a cappella ou en punk rock endiablé, mélancolique crooner ou joli cœur nonchalant, Zach endosse toutes les panoplies avec une aisance désarmante. Enregistré avec 3 bouts de ficelles, une guitare acoustique, une pauvre batterie de fortune et un son lo-fi mal grossi à l’écho, on pourrait croire qu’il s’agit d’un nième disque mal nourri et pleurnichard. Alors qu’au contraire, cet album regorge d’idées, de surprises et d’émotions contradictoires que je vous laisse découvrir, histoire de ne pas gâcher le plaisir. [C]

Peggy Sue

Fossils and other phantoms

Wichita/Cooperative Music

Parfois on est agréablement surpris par l’Angleterre, souvent sans beaucoup de buzz autour. C’est la filière Coop qui nous permet aujourd’hui de découvrir Peggy Sue, une fleur de chardon au parfum enivrant. Le trio féminin de Brighton a grandi semble-t-il à l’ombre de la grande PJ Harvey partageant ses influences avec Eleni Mandell, CocoRosie ou Kate Nash. La musique du groupe se joue des étiquettes et saute allègrement du folk le plus mélancolique à un rock’n'roll acoustique débridé, avec des rythmes jazz et des chœurs pop. C’est organique, frais, sans prétention et touchant… comme on aimerait en entendre plus souvent. [C]

The Radio Dept

Clinging to a scheme

Labrador Records / EMI

Troisième album des Suédois de Lund, charmante bourgade à quelques encablures de Malmö. Né en 1995, le trio, plutôt rare et mystérieux – les voir sur scène est une expérience forte – se réclame de la mouvance shoegazing, puis histoire de brouiller les pistes cite volontiers Charles Aznavour, My Bloody Valentine, Nick Drake, Saint Etienne, Chet Baker, Neu!, Pet Shop Boys ou The Pale Fountains. On peut y voir aussi le désir d’élargir sa palette. On retrouve d’ailleurs au fil des écoutes les influences précitées par petites touches subtiles. Ce dernier album, plus accessible, affranchi des clichetons indés, devrait ouvrir au groupe quelques portes. The Radio Dept fait de la dream pop et Clinging to a scheme colle assez bien à cette étiquette un peu stupide. Hypnotique, on se le repasse telle une drogue, au cas où on aurait louper un truc, Mais à la trentième écoute, force est de constater qu’on n’a rien raté. Ce disque suscite juste une forme d’addiction, dûe à la langueur, à la voix pas exceptionnelle mais ensorcelante de Johan Duncanson et aux chansons souvent puissantes (David ou Heaven’s on fire). Un album qu’on écoute de A à Z – oubliez l’iPod – comme au bon vieux temps du pick up, sans moufeter. [FD]

The Redneck Manifesto

Friendship

The Richter Collective records

On a tous dans notre discothèque un disque, un groupe, pour qui on a dépassé le stade de l’adoration. On est rentré peu à peu dans l’adulation, l’obsession, voir même l’incompréhension devant tant de « génie ». The Redneck manifesto occupe cette place dans ma discothèque. Découvert en 2001 avec leur premier album qui déflorait déjà à pas lent le chemin tortueux vers l’originalité dansante, j’avais à la première écoute été un peu dérouté par cette musique déjà en marge des sentiers sonores de l’époque. Instrumentale, sinueuse, toute guitares devant, ce tapis de mélodies croisées, tissaient un canevas rédhibitoire pour le novice que j’étais dans l’univers de la musique instrumentale moderne ( ce qu’on a baptisé un temps : Math Rock). Puis devant tant d’ingéniosité, tant de liberté, mes oreilles ont pliées. Là j’ai commencé à écouter, réellement, avec mon coeur, avec mes pieds. Presque 10 ans plus loin, je ne comprends toujours pas comment un cerveau humain peu imaginer, créer, mettre en place une telle musique. Tellement mélodique, tortueuse et dansante à la fois. Après 6 ans d’absence et un passage par le Black Box du regretté Iain Burgess, TRM nous revient avec ce divin album, dans la lignée du précédent, mais encore un pas de danse au-dessus. Un comme un bonheur n’arrive jamais seul dans les pays sonores civilisés, TRM joui avec cet album de la reconnaissance tant méritée dans leur pays, l’Irlande, et ça suscite également l’incompréhension et l’envie quand on voit le niveau sonore médiatique de notre petit pays étriqué. [RD]

Le Réparateur

Sortir la tête de la poubelle

La Clak

Amis du punk, nostalgiques des Rats ou des Sheriff, pogoteurs endiablés, réjouissez-vous, la relève est arrivée avec Le Réparateur Ce trio débarque avec un album compact de treize titres en trente-deux minutes. C’est court, direct, avec des textes en français bien sentis, sur les amis, les voisins, la société (« Je veux pas être un hippie / Ils sont moches et ils puent », j’aime !) ou les clichés et les tendances (« Mes potes jouent au poker / Comme un constat d’échec à leur vie de merde / Ils devraient prendre plus de drogue »), entre réalisme rageur et surréalisme plein d’humour noir. 100 % punk ! [JNL]

Roky Erickson & Okkervil River

True Love Cast Out All Evil

Chemikal Underground / PIAS

Roky Erickson serait-il enfin libéré de ses démons ? Difficile d’y croire, même si la fin du documentaire You’re Gonna Miss Me laissait présager une suite relativement heureuse à la carrière du père du psych rock. Ce premier album « solo » en presque 15 ans nous le dévoile comme on ne l’a encore jamais entendu, visiblement apaisé et serein. Mais l’instrumentation risque de provoquer quelques retours d’acide désagréables chez plus d’un fan de 13th Floor Elevators ! Produit par Will Sheff de Okkervil River et accompagné par ce même backing band, True Love… regroupe 12 morceaux sélectionnés parmi une soixantaine écrits durant ces 40 dernières années. Opportunisme commercial de la part du groupe, ou vraie dévotion à l’égard de Roky Erickson ? Allez savoir. Toujours est-il que cette country-folk proprette au son aseptisé opère un décalage avec la personnalité et la carrière du vieux Roky, et ce ne sont pas les morceaux d’intro et outro, enregistrés « live » à l’hôpital psychiatrique, qui feront illusion. C’est radio friendly, mièvre et sans vraie saveur – une voix comme celle-là méritait meilleur accompagnement. Seul vestige de l’époque psychédélique qui dénote avec le reste de l’album, ce « John Lawman » à la texture et aux riffs étrangement similaires au « Master of the Universe » de Hawkwind. Alors, album de la rédemption ou album de la déception ? [LA]

The Romanée Counteez

From the Graveyard of all Ambitions

Soaf Records / Socadisc

Attendu de pied ferme ce deuxième opus du groupe dijonnais parait sous les meilleurs auspices possibles. Le printemps est de retour et avec lui les jupes se raccourcissent. Après l’excellent premier album qui sentait la moiteur torride d’une journée estivale passée à arpenter les trottoirs de New York sans rien glander si ce n’est de mater les filles (vous voyez le genre ?), ce nouvel arrivage à l’ahurissant titre explore encore plus l’aspect crooning sixties engagé auparavant. L’album est d’une cohérence exemplaire, il fait une part plus importante au Rhodes (même au piano jazz sur le titre chanté par Claude Vougeot « I’m holdin’ on ! »), aux chœurs féminins, aux ambiances moins électriques excepté peut être « Caroline » et « It’s allright ». Tout participe à une nonchalance débridée avec en point d’orgue un « King of cool » patenté. Une évidente mise en application de principes essentiels à la musique. Réminiscence, Rhodes, réverb, Gretsch, cool attitude et costards fifties. Le reste n’est que forfanterie. A noter donc l’extraordinaire titre de l’album qui botte le cul à tous ceux qui vivent sur de rances et minuscules gloires passées. L’empirisme n’est pas négociable et c’est le meilleur des alliés. Tous les crédits (that’s the trick !) sont donnés en plage 12 par la voix sexy de Lisa Brown. Enorme ! [Mat]

Room 204

Balloons

Kythibong / La Baleine

Room 204 revient après 4 ans d’absence avec ce « Balloons ». Munis d’une guitare et une batterie, Aymeric et Pierre-Antoine ( également derrière les fûts chez Papier Tigre), nous balancent une musique math-rock dopé à la noise qui marie Tortoise et Don Cabalerro avec Poutre et Shellac. Assez vite expédié (une quinzaine de minutes pour 8 chansons), et ultra carrée, leur musique peine pourtant à transporter. Les chansons nous font passer d’un plan à un autre sans réel fil conducteur, et l’on cherche l’étincelle qui capte l’attention. Au final, un petit quart d’heure nous qui laisse un peu sur notre faim. [FV]

Sandie Trash

Outrageous Brune

Indies Music Prod

Le paradis du sample assassin ! Justement repéré suite à son iconoclaste relecture de « Fier de ne rien faire » des Olivenstein, surligné d’un bout de « Brand New Cadillac », Sandie Trash débarque aujourd’hui avec son premier album sous le bras. Sous forte influence Gainsbourg. Et pas seulement pour cette reprise fielleuse de Jane B. Le duo partageant avec Sergio les Grandes Oreilles une même obsession pour les formules lapidaires et les moites ardeurs. Devenues X-plicite à l’écoute de « Bâtard » !!! Armes à feu et sourde violence sont d’autres traits communs. Comme ces observations (dé) culottées d’incontrôlables dérives amoureuses…je t’aime et je te tue…Mais si Gainsbourg est une sorte de St Patron de leur folie furieuse, pour les bruits de fond, c’est plutôt Métal Urbain, Kas Product et ce rayon là qu’ils ont visités en priorité chez l’armurier. La collision est brutale. De l’électro punk décérébré à hauteur de braguette. Ça gicle et ça éclabousse. Sandie Trash, c’est les deux petits cochons à la solde du grand méchant loup. Tenir les enfants éloignés ! [AF]

Les Sarkofiotes

Envers et Contre Tout

Mass Prod

Paroles et musique : Didier Barbelivien sauf 3 : Michel Sardou. Eh oui, on peut être punk, crier sa révolte et garder le sens de l’humour. Mais les Sarkofiottes ne sont pas à un paradoxe près. Sur la pochette : cinq jeunes gens dont deux créteux et deux babos. Dans la belle photo, on découvre qu’un des keupons joue de l’accordéon (après tout, ça rime). Et une fois qu’on a mis le disque, c’est un brûlot anarchiste. Mélodies punk à 200 à l’heure, paroles de crève-misère. Les Sarkofiottes ne sont peut-être pas encore passés près de chez vous mais faites gaffe, le jour où ça arrivera, ça va défourailler sévère. Une preuve ? « Les Sarkofiottes ont la haine dans les caf’concs tous les week-end s/ Dès lors ils dégainent leurs kalach’ à six coups sans problème ». [JNL]

Saycet

Through The Window

MVS

Enlevez vos chaussures et veillez marcher tout doucement vers le salon (illuminé par des bougies), car il ne faut pas froisser n’y déranger la musique de Saycet. Ce groupe français révélé il y a quatre ans par le CQFD des Inrocks et la compil Indétendances/Fnac, pratique une musique précieuse, fragile, presque timide, et surtout d’une beauté extrême capable d’illuminer la blancheur d’un cygne. La voix d’ange de Phoene est lunaire, charmeuse, et légère comme un flocon de neige. Cette voix feutrée accompagnée par une musique acoustique et électronique laisse une place privilégié au rêve, invitant à la somnolence tout en donnant de délicieux frissons dans le dos. Si vous êtes fan du label 4AD, de Mùm, de Boards Of Canada, des musiques planantes (mais pas prog), ce deuxième album de Saycet vous est destiné. En évitant les clichés new-age (le chant des oiseaux, le vent, les vagues…), Saycet nous plonge dans un voyage mental (mais sans drogue) des plus étonnants à travers des contrées inconnues mais accueillantes, ou l’on se sent à son aise. Laissez votre esprit flotter avec Saycet, vous verrez les journées défiler d’une autre façon. [PL]

Sed Non Satiata

Self Titled

Echo Canyon Records

Nouvel sortie pour Sed Non Satiatia, groupe de post-hardcore nous venant tous droit de Toulouse. Le combo nous propose 5 titres en plein dans l’exercice de style. Ainsi on retrouve tous les codes du genres avec, montées aux petits oignons, arpèges qui s’entremêlent dans une joute épique, riff plombants, nappes de son noisy. On pense alors à du « ISIS » en moins pachidermique, du « Tang » en moins tendu, voir même du « le pré ou je suis mort » en moins screamo. Seulement voilà, quand on arrive après la guerre et que la concurrence est rude, eh bien les codes du genre il faut les bousculer pour susciter l’intérêt. Du coup malgré d’évidents talents de compositions, on peine à être saisi par l’émotion dans la durée et ce à cause d’un petit air de déjà vu. [ FV]

Serena-Maneesh

S-M2: Abyss in B Minor

4AD/Beggars/Naïve

Comme au bon vieux temps du label 4AD, voici avec Serena-Maneesh une petite perle noisy vaporeuse à en perdre les sens grâce à la voix aérienne de Holmstrøm celle, plus rock, de Emil Nikolaisen. deuxième album, enregistré dans une cave à Oslo est produit par Nick Terry (Primal Sceam) et masterisé par Ray Staff (Led Zeppelin), autant dire que le son est soigné et sans faille.Si vous étiez fan de Lush ou des Pale Saints, vous allez retrouver des sonorités qui vont vous combler. -Maneesh est un groupe norvégien qui a frappé chez 4AD à la bonne porte. Leur musique à la fois électrique et harmonique, laissant défiler paysages brumeux et poétiques à peine éclairés par les phares de notre voiture qui roule sur le long ruban rectiligne d’une autoroute. [PL]

Sexy Rexy

s/t

Acid Cobra

Sexy Rexy est le nom d’une rose, mais aussi celui d’un duo italien (à ne pas confondre avec les nantais de Sexy Sushi). Ce premier album édité sur le label d’Amaury Cambuzat (d’Ulan Bator et Faust) est également produit par lui. Donc pas étonnant que la musique de Sexy Rexy secoue le cerveau, se baladant entre no-wave et krautrock avec un son très noise. On pense à Sonic Youth, Hems, Deity Guns, mais aussi à God Bullies et Cows du label Amphetamine Reptile (tiens tiens, les similitudes des noms des 2 labels ne seraient ils qu’une coïncidence ?). La voix de Diego résonne comme s’il chantait à travers le filtre d’un haut parleur, tout en astiquant une guitare, une basse ou une flute. Et oui, l’ami Diego ne chôme pas! Aux percussions, c’est Luca qui s’y colle, en y apportant un souffle organique mêlé d’une rythmique à la fois orageuse et pausée. La musique de Sexy Rexy passe de cri à chuchotement, avec souplesse et tact. Donc si votre aspirateur est en panne, mais que vous désirez couvrir la voix de votre copine (ou copain) qui ne dit que des choses inintéressantes, mettez Sexy Rexy à fond les ballons, ça calmera tout le monde ! [PL]

Sheetah et Les Weismüller

Hola Ye-Yeah

Screaming Apple Records

Moi, ce que j’aime chez les nouveaux philosophes, c’est la profondeur de certaines de leurs formules. Prenez « Hola Ye-Yeah », par exemple, en quelques simple mots, voila résumé la magistrale instantanéité de tout un mode de vie ! Sheetah et les Weismüller, également surnommés Tarzan et ses Lianes par les vrais connaisseurs, c’est du garage-rock millésimé, jouant volontiers la carte revival et sonnant comme s’ils étaient les petits frères des Boots, des Problèmes ou des 5 Gentlemen. N’ayant pas hésité pas à faire le voyage jusqu’à Gijón dans le nord de l’Espagne, là où se trouve le studio de Jorge Explosion et Mike Mariconda, nouvelle Mecque du garage Européen. Les textes, en français, sont loufoques (Un ban pour « Mets des badges » !) La musique est bonne. L’auditeur est content ! ça, c’est la force des grands philosophes ! [AF]

The Shimmys

Brunettes on the Rocks

Pop the Balloon / Off the Hip

Dument saluées dans ces pages lors de la sortie de « Shake ! Stomp ! Shimmy ! », EP dynamique paru chez Off The Hip, voila désormais les Shimmys disponibles en France, aux bons soins du label Pop The Balloon, relayant localement l’entreprenante boite Australienne où est également paru « Brunettes On The Rocks », l’album de ce trio féminin d’obédience garage. Opérant dans la plus pure tradition Pandoras. Ou Pleasure Seekers si l’on veut remonter plus loin dans le temps. Du beat primaire secoué de jolies voix et repeint d’une fuzz omniprésente. Y’a pas, les Shimmys savent s’y prendre ! Et le choix des reprises (Roky Erickson, Sonics, Small Faces) donne un généreux aperçu de leur musée Grévin personnel. Disque proposé dans un format vinyle du plus bel effet. Ce qui est toujours une bonne nouvelle. Entrée en matière idéale pour prendre contact avec une scène garage Australienne toujours hyperactive. Où, autre excellente nouvelle, les filles tiennent largement leur rang. La preuve par douze ! [AF]

Simon Chainsaw

Buzz Cuts

Bad Apple Productions

Comme pour donner un peu plus de poids à l’aérien « Be your Drug » ouvrant le présent album, Simon Chainsaw et quelques uns de ses amis français sont venus le jouer il y a à peine quelques jours à deux pas de chez moi. C’est ce que j’appelle soigner le SAV ! Après, quand je dis aérien, c’est à ramener à l’univers de l’Australien qui, est-il utile de le rappeler, fait plutôt dans le High energy punk’n’roll avec inclinaison assez marquée pour les guitares qui tronçonnent, miaulent et vous collent au tapis. Avec ce coffret 4 cd paru courant 2009, il a été beaucoup question de lui. « Buzz Cuts » est le dernier volume. Loin d’être le plus mauvais, gorgé de titres inédits ou de prises différentes. Dont cet étincelant « Be your Drug » mentionné plus haut. L’occasion aussi de réentendre « Soul On Ice » où l’ex Vanilla Chainsaw était accompagné de Holy Curse. Narguez les acouphènes, écoutez Simon Chainsaw ! [AF]

Slim Wild Boar And His Forsaken Shadow

Water on a Dirty Ground

Beast Records

Puisque le blues n’a pas de vrai pays, la Bretagne n’est pas plus mal qu’ailleurs pour y chanter ce que l’on a sur le cœur. Et Slim Wild Boar le Rennais a l’air d’en avoir gros sur la patate. Accompagné dans son voyage par un anonyme compagnon baptisé l’Ombre Abandonnée. Guitariste, harmoniciste et banjoïste. Ce qui, pour une ombre, est plutôt flatteur. Ces deux là brassent une sorte de blues cru et viscéral où l’on retrouve des traces de country campagnard et de folk vagabond. De la musique populaire, solide et bien enracinée dans l’existence. Chantée d’une belle voix grave taillées sur mesure pour la chanson triste. Un petit neveu blanc de Leadbelly ! [AF]

Solex vs Christina Martinez & Jon Spencer

Amsterdam Showdown, King Street Throwdown!

Bronzerat Records

Au premier abord, quel curieux mariage «artistique» que ce disque signé Elisabeth Esselink, plus connue sous le nom de Solex (DJ touche à tout plutôt électro) et le couple rock’n’roll Christina Martinez et Jon Spencer, plus connu sous le nom de Boss Hog ! Mais c’est justement l’audace des différences qui fait souvent les belles unions (remember le disque avec David Holmes). Donc à ma gauche le mix copier/coller de la Hollandaise et à ma droite les voix trempées dans un blues lascif et les guitares noise des New Yorkais. Chacun donne l’impression de se balader chez un disquaire (qui ne vend bien sûr que du vinyle) où il pioche de petites sonates freaks, pour les amener à cette «sauterie» musicale où le rock donne la fessée à l’électro. Car il faut bien le dire : l’ambiance urbaine de NYC avec ses rues encombrées de taxis jaunes écrase toute velléité de balade à vélo à travers des champs de tulipes. Assez proche du maxi “Experimental remixes extended planning!” du Blues Explosion, “Amsterdam Showdown, King Street Throwdown!” brasse les genres avec la malice de DJ Shadow ou des Beastie Boys. Et même si Solex, visiblement fan du duo, a recours à la participation de Mike Ladd, l’équipe Jon Spencer, Christina Martinez et Matt Verta-Ray mène la danse, sans contestation possible, pour le plus grand plaisir des fans de Boss Hog. [PL+C]

Son Of Dave

Shake A Bone

Kartel/Naïve

Attention au choc émotionnel avec la voix de Benjamin Darvill, unique membre de Son Of Dave qui nous rappelle le cri d’Iggy l’iguane, le timbre de Willy De Ville ou le dub roots de Lee Perry, époque Upsetter, avec un soupçon de James Brown. Cette voix transpire le blues (à l’ancienne), le slam et s’agrémente de quelques effets beat- box. La musique est minimale et brute: un harmonica, quelques battements de pieds, des petits sons improvisés par une pédale d’effets et un savoir faire bricolo. Ca laisse beaucoup de place pour la voix, qui nous entraine des caves d’une salle de jeux où l’on boit du whisky maison à la Nouvelle Orléans à l’étage d’un club de jazz miteux de Chicago. A l’écoute de « Shake A Bone », on a l’impression d’être à côté de l’artiste, tant le son concocté par Steve Albini est « chétif ». Tant de liberté pour créer avec si peu de moyen laisse rêveur ! Donc fans de John Spencer, White Stripes, Bob Log III, des films de Jim Jarmusch, tendez l’oreille sur ce petit bijou au son authentique. [PL]

Sophie Hunger

1983

Two Gentlemen/Universal Jazz

Il y a parfois des miracles comme celui qui se passe en ce moment avec Sophie Hunger, découverte l’an dernier grâce au label suisse Gentlemen, et qui va demain se retrouver sur la scène d’une Cigale affichant complet. Sa musique atmosphérique, mélancolique la plupart du temps, tendue et énervée à d’autres, divise car elle pique au jazz, au rock et à la folk avec délice, sans se poser d’autre question que celle de toucher le cœur de ceux qui l’écoutent. Mais sa voix un peu grave, surfant sur le fil de la fragilité et de la sincérité, met apparemment tout le monde d’accord : cette jeune Suisse née en 1983, a du talent et, qui sait, de l’avenir dans le métier qu’elle s’est choisie. [C]

So So Modern

Crude Futures

Transgressives Records

So So Modern est le type de groupe inclassable, tant leur musique part dans des chemins de traverses non balisés. En effet loin de suivre les codes du genre, ce groupe néo-zélandais mélange noise, post-punk/post- rock et hardcore avec une bonne dose de délire bon enfant pour en sortir une purée détraquée qui gicle à la figure. On sent qu’ils ont écouté Fugazi, Wire et The Ex, mais comme leur style est totalement éclaté, difficile d’identifier leur paysage sonore. Ce qui est clair c’est que le résultat est des plus jouissifs, si vous aimez l’imprévu. Bref, un groupe à écouter d’urgence, si ce n’est pas déjà fait. [PL]

Stalingrad

Court et Droit

Kill Prod’ / Julie Records

Malgré la désertion toute amicale de l’ancien Stalag Thierry Tuborg, chez Stalingrad, la bataille fait toujours rage. Et réduit à l’économe trio, ces simples soldats du punk rock, remontent en ligne. Thierry Punky Saltet, bassiste historique, reprenant au pied levé un chant principal qu’il soutenait déjà dans la formule précédente. De ferment parfois hautement autobiographique – Les rues de Montpellier- Changer, c’est trahir- Royal au bar – « Court et droit » crache le feu, mitraille binaire bien dans la tradition du meilleur punk-rock Français. Pensez Parabellum, les Rats ou les Sheriff. Avec quelques discrets pas de côté en direction du ska ou du rock-steady. De vieux gamins remontés, toujours pas décidés à lâcher l’affaire ! Et les remerciements, ce n’est pas banal, eux, vous les chantent en bout de piste ! [AF]

Stalk

A Tale

1g/Pousse Elvis

Stalk est un duo de Clermont Ferrand composé du guitariste et arrangeur Etienne G et de Pukiel au son et aux images pour les lives. La musique de Stalk mélange noise, électro, illustrations sonores aux couleurs cinématographiques et post rock, avec par moment une voix râpeuse à la NTM. Les 9 titres de l’album sont construits comme un voyage lunaire en apnée, donc difficile d’écouter un morceau isolé de tout contact avec les autres. Quand on appuie sur play c’est pour rester 50 minutes attentif à l’écoute. Enveloppée dans une belle pochette cartonnée, la musique de Stalk a du relief et laisse beaucoup de place au rêve et à l’imaginaire de chacun. Si vous aimez les plages sonores à la Godspeed your Black Emperor, vous devriez être sensibles au concept album de Stalk. [PL]

Stef Tej & Ejectes

To The Roots

Les Disques du Tigre/Openzic

L’appellation est plus claire comme ça : Steff Tej et Ejectés. Car des Ejectés, Steff est le pilier autour duquel gravitent des dizaines de musiciens depuis deux décennies. Les Ejectés, c’était donc avant tout Steff et maintenant, c’est écrit noir sur blanc sur les pochettes. Il nous revient avec un groupe renouvelé et seize titres que l’on connaît en partie. Car Steff s’est amusé à réactualiser son répertoire et celui des autres, offrant des versions différentes et innovantes de chansons déjà entendues chez les Ejectés ou ailleurs : « Guns of Brixton » aux Clash, « Johnny too bad » aux Slickers, « Jackpot » à The English Beat, « Pressure Drop » à pas mal de monde, « Je cours » aux… Ejectés… Mais ce disque n’est pas qu’un disque de reprises, Steff y va de quelques compos qui n’ont pas fini de tourner sur les platines. Citons le très dansant « Les Ramones et les Heptones », une « Alexandra pornostar » pleine de tendresse ou encore un « Marche au pas », version francisée de « The magnificent seven » des Clash qu’il a totalement revue et revisitée avec beaucoup d’inventivité. Et comme le digipack aux couleurs de la Jamaïque est un bel objet, on a décidément là un très bon album entre punk et ska authentique. [JNL]

Stereo Total

Baby Ouh!

Disko B

Quand un nouvel album de Stereo Total paraît, j’ai à chaque fois une petite montée de jubilation car j’aime beaucoup leur musique électro / punk / pop / garage / kitsch. Mais pour une fois je dois avouer ma déception. Le côté « robot, barbe à papa, babyboom » et leur reprise « trop » prévisible (et malheureusement faible) de Tour de Francede Kraftwerk me laissent sur ma faim. La sauce « adulescente » en phase de régression non permise passe moins bien cette fois ci et Baby Ouh! l’impression d’une redite. Pourtant tous les ingrédients sont là pour partir avec des potes en boom/surprise party faire une cure de désintoxication en mal de monde « du réel » et en déperdition de toutes nos illusions. Les mélodies électro cheap de Brezel Goring et la voix de Françoise Cactus sont toujours dévouées à nous faire danser jusqu’à pas d’heure. Mais est-ce le fait d’avoir trop absorbé de chewin gum en plastique parfum Stereo Total qui a eu raison de leur état (ou du mien )? Malgré tout, le duo franco-allemand reste cher à mon cœur, (de plus c’était ma première interview pour Abus Dangereux !). [PL]

Strychnine

Tous Les Cris

Julie Records

Se reformer étant devenu la grande affaire de ce début de siècle, y’avait pas de raison majeure pour que les Bordelais y échappent. Après, ça ne concerne que deux d’entre eux. Une courte minorité donc. La fameuse minorité agissante qui effraie tant le politique. Ce qui va bien avec la teneur cynico-acerbe des textes de Kick ! Démangé, la cinquantaine approchant, par le sournois syndrome du dernier tour de piste. Alors, on peut penser qu’ils ont conservés le nom de Strychnine par pure commodité marchande, l’appellation étant plus facile à vendre que – au hasard – Dioxine ou Mort-aux-rats. Côté musique, ceux qui aimaient aimeront, du rock velu du torse, solide sur ses pattes, crocheté de textes à la on ne nous la fait pas ! Et chanté par l’ancien parrain du punk girondin de son inimitable filet de voix. Boubou, l’autre rescapé du carnage original, lui, ne chante pas. Dommage, les chants de Maldoror, c’aurait pu avoir de la gueule ! [AF]

Stinksisters

More Songs of Love & War

F*art productions

Hollandais. Rotterdam. Groupe déjà vieux. Du punk roublard. Qui réfléchit quoi ! Un peu noise, avec des bribes de jazz, pour faire cultivé. Dirigé par une fille répondant au nom élégant de Cati Prout. Accompagné de deux zozos habillés en filles, afin, dixit, d’abandonner leur machisme dans les loges. Si loges, il y a ! L’un s’appelle Don Pedro, trahissant une fascination toute batave pour des vacances de rêves sur la Costa-Brava. L’autre c’est Jean Foutre, ce qui se passe de commentaires, preuve ultime du rayonnement de la francophonie à travers le monde. Bombons le torse ! C’est Kramer, fixé désormais en Floride, comme tous les retraités américains, qui a masterisé l’ensemble. ET ça devrait plaire aux fans de the Ex, No Means No et autre Double Nelson ! Je ne peux pas mieux dire. [AF]

Subhumans

Same Thoughts Different Day

Alternative Tentacles

L’histoire de ce disque est un peu triste. Subhumans (les canadiens, pas les anglais), pas autorisés à rééditer leur premier album « Incorrect Thoughts », dont un label frauduleux s’est accaparé les droits dans les années 80 en les menaçant de les traîner en justice, n’ont eu d’autre choix que de le réenregistrer… presque 30 ans après ! Plutôt frustrant, d’autant que plus d’un groupe s’est prêté à l’exercice auparavant en se ramassant en beauté (Ratos De Porâo ou Suicidal Tendencies pour ne citer qu’eux)… Subhumans s’en sortent avec les honneurs. Certes, difficile d’égaler un classique avec 3 décennies de plus dans les jambes, sans toute la spontanéité qui est l’essence même du punk. Mais Subhumans avaient le sens de la mélodie avec eux, et c’est sans doute ce qui sauve le disque : des morceaux comme « Firing Squad » ou « Slave To My Dick » restent d’éternels classiques, et sont interprêtés ici avec assez de conviction pour oublier qu’il s’agit d’un ré-enregistrement. Same Thoughts Different Day reprend les 14 titres de Incorrect Thoughts dans l’ordre d’origine, et propose en bonus 6 titres de la même époque (toujours préenregistrés), dont l’excellent « Behind the Smile » et une poignée d’inédits jamais encore proprement enregistrés à ce jour. Bien meilleur que l’album de la reformation sorti en 2006. Profitez-en pour vous procurer l’excellente compile des EPs du groupe, Death Was Too Kind, sortie l’an dernier chez Alternative Tentacles aussi. [LA]

The Sugar Plum Fairy

Shades of Grey

Montauk/Codaex

Cet album est sorti en début d’année, mais il serait injuste de ne pas en parler, sous prétexte qu’il n’est plus dans l’actualité. De toute façon, placez-le sur votre platine et vous vous rendrez vite compte que l’actualité, la mode, le buzz sont bien le cadet des soucis de ce groupe atypique. Inutile de chercher des termes techniques pour décrire la musique de Sugar Plum Fairy, tant c’est l’émotion qui prime. La fougue des envolées de piano n’a d’égale que la délicatesse du jeu du violoncelle. Mais les moments de calme ne durent jamais très longtemps, car l’envie de dépasser la vie elle-même sous-tend ce disque de part en part grâce à une rythmique locomotive. Aurélien n’a pas attendu Anthony and the Johnstons pour se lâcher avec lyrisme et conviction, dans des chansons de peine et d’espoir, mais il y a une telle vitalité dans ses compositions, leur interprétation, l’ampleur du son que l’on a envie de voler, courir, sauter! Et l’expérience se prolonge de manière encore plus enivrante sur scène grâce à l’enthousiasme du trio et aux vidéos de Nathalie Villeaud, l’indispensable femme de l’ombre ! [C] ( HYPERLINK « http://www.thesugarplumfairypr.com » www.thesugarplumfairypr.com)

Teppaz & Naz

Volk

Mégaphone/La Baleine

Etait il bien nécessaire d’aller jusqu’à Liverpool pour enregistrer cet album de reprises ?, La voix à « accents » de Teppaz, accompagnée d’une guitare et d’un banjo par Naz explore toutes les facettes du rock’n'roll, depuis le domaine balisé du King jusqu’à sa limite la plus lointaine dessinée par… Pascal Comelade. Erudits et iconoclastes, esthètes mais irrévérencieux, les deux compères détournent 16 chansons, pas super évidentes, mais démontrant une culture large et pointue à la fois, pour en faire des ballades tristes à pleurer ou des brulots hillbilly des plus étonnants: The Eels, Wall of Voodoo, The Cramps, Franck Zappa, Creedence… jusqu’au tube d’Adriano Celentano qui a fait un carton dans les années 70. Tout le monde en prend pour son grade, même les Français que l’on croyait intouchables (Gainsbourg et Bashung) Fans puristes, s’abstenir ! [C]

The Tiny

Gravity & Grace

Determine records / Discograph

Il est bien commode de citer la doyenne Kate Bush pour parler de telle ou telle chanteuse un peu déjantée et à la voix haut perchée. Cette fois, il m’est difficile de faire autrement tant The Tiny, excellent duo suédois au demeurant, fait songer aux deux premiers albums de l’interprète de Wuthering Heights, soit le meilleur de Kate Bush, tant qu’à faire. Mêmes chansons indémodables, sorties tout droit d’un piano droit, même type d’orchestration précieuse, précise, et hors du temps. Gravity & Grace aurait pu voir le jour en 1978 ou en 2025. Produit par Paul Webb ancien bassite de Talk Talk, très actif depuis sa participation à l’album solo de Beth Gibbons, ce troisième album – on n’a pas vu passer les deux premiers – rencontrera sans doute en France un beau succès d’estime et un échec commercial… à moins que le féerique Lithium ou le poignant I close my eyes renversent la vapeur, remuent les programmateurs et expédient The Tiny vers les étoiles. Conseil aux amis lecteurs : ne lâchez pas prise avant au moins la piste 10, et ce Never Coming Back, confirmant la qualité flagrante d’un Gravity & Grace, qui porte drôlement bien son nom. [FD]

T-Model Ford

The Ladies Man

Alive Natural Sound Records

Ce disque est un miracle ! Du moins si l’on songe un instant que son auteur, T-Model Ford, est presqu’aussi vieux que le modèle de voiture qui lui sert de nom de scène. Frôlant aujourd’hui les 90 ans. Alors que l’intégralité de « The Ladies Man » a été enregistrée en quelques heures lors d’une halte du bonhomme dans un studio de Wichita, Kansas, il y a moins de deux ans. Et si l’on sent qu’il a de la bouteille – et pas seulement quand il sonne l’heure de la récré au son d’un jovial It’s Jack Daniels Time ! – son jeu et son chant ont gardés toute l’indolente assurance de celui pour qui le blues aura été le seul vrai passeport dans l’existence. De ce bluesman mythique, nous ne connaissions jusqu’alors que le versant électrique, en particulier l’immense « Pee-Wee Got My Gun », essentiellement acoustique « The Ladies Man » est une plongée chaleureuse au cœur de ce blues rural et grivois dont T-Model Ford est malheureusement l’un des derniers représentants. Un homme à femme encore très vert. Elles ne connaissent pas leur bonheur ! [AF]

Trans Am

Thing

Thrill Jockey

Nouvel album studio pour Trans Am, le 9e plus exactement, qui sort chez l’excellent label Thrill Jockey (Tortoise, Boredoms, The Fiery Furnaces). Alors Trans Am c’est quoi? He bien c’est de la musique de jeux vidéos pour doom-like à la sauce Goldeneye et Perfect Dark 64. Pour ceux que cela n’éclairerait pas, imaginez une basse et une batterie Funky sur laquelle on aurait posé des nappes de synthés et des mélodies entêtantes rappelant Tangerine Dream et Zombi. L’album est très bien mené, chaque chanson apportant sa pierre à cet univers sombre, martial et futuriste. On passe d’un titre à l’autre avec une facilité déconcertante pour se rendre compte au bout d’une quarantaine de minutes que l’on ne c’est pas ennuyé à un seul moment, ce qui est une sacrée réussite pour un album de Trans Am. Un bonne galette donc, qui donne une idée de ce que le groupe procure sur scène car c’est là qu’il montre toute l’étendue de son talent. [FV]

Turin Brakes

Outbursts

Cooking Vinyl

Portés disparus, après une succession d’albums décevants, Turin Brakes revient, signé sur un nouveau label et on est bien content. Car, à défaut d’avoir inventé l’eau tiède, les rosbifs proposent une pop racée et parfois même somptueuse. The invitation est « so fuckin great » comme un coucher de soleil sur la Tamise. Sea change, le morceau d’ouverture, est au moins aussi « marvellous » qu’une jelly en plusieurs couches colorées, servie un dimanche pluvieux chez Mr and Mrs Smith. Et que dire de Rocket song ? Chanson épique, telle la bataille de Trafalgar, remportée comme chacun sait par Napoléon… quel loser cet Amiral Nelson ! Bref, le genre de titre qui vous colle au crâne pendant des jours, sans relâche. Vous l’aurez compris, les mélodies sont soignées, les arrangements futés et la production pas fauchée. Outbursts n’échappe toutefois pas au remplissage (Embryos) et s’essouffle quelque peu dans sa seconde moitié. Neuf bons titres sur douze, ça fait bien du huit sur dix, non ? Toujours préféré l’anglais aux mathématiques, moi ! [FD]

Washington Dead Cats

For The Love Of Ivy 10  »

Be Fast

Curieux hasard du calendrier, deux objets du même rose bonbon se trouve dans la boite aux lettres ce matin : la Une libé annonçant la victoire de la gauche au second tour des régionales et ce joli 25 cm des WDC hommage aux Cramps. Qui en provient de Montpellier en plus ! Comme un ultime pied de nez aux Wampas. Alors c’est qui maintenant ceux qui ont oublié le rock’n’roll ? Ceux qui passent sur le Mouv‘ avec leur punky-pop boiteux et qui sont signé chez Universal, ou ceux qui sortent des vyniles en 500 exemplaires sur Be Fast (merveilleux label de la TAF) ? For The Love Of Ivy, donc, d’après le titre du Gun Club, soit 10 titres des Cramps, ou que les Cramps ont jouées. Et la musique dans tout ça ? Bin, franchement, ça ressemble à Washington Dead Cats qui joue des chansons des Cramps… que dire de plus ? [NC]

White Hills

White Hills

Thrill Jockey Records

Dès la pochette orange, on devine que l’on va écouter de la musique psyché. En effet c’est le cas, par contre ici le son psyché est en deux temps. Les premiers titres font dans le son intense, presque brouillon, histoire de vider nos oreilles. On pense à Loop quand ils partent dans un nuage de brume toxique, notamment dû aux guitares avec leurs riffs stoogiens. Et à partir du 4ème titre, on part dans un psyché planant et ambiant. Pas étonnant que nos amis frenchies d’ Aqua Nebula Oscillator soient amis de White Hills, car leur musique enfumée a pas mal de points communs avec celle de ces New-Yorkais en mal de descente de plantes magiques. 7 titres en 60 minutes, c’est ce qu’il faut pour bien décoller vers des horizons lointains. Allez je vais m’allonger, et laisser mon esprit planer. [PL]

White Hinterland

Kairos

Dead Oceans/Differ-ant

White Hinterland est un duo de Portland composé de lachanteuse Casey Dienel et du musicien Shawn Creeden.. Tous deux réalisent une musique électro légère et discrète, avec quelques soupçons de percussions africaines bien venues qui ne devrait pas déplaire aux fans de Mùm, Massive Attack et du label 4AD. La voix de Casey est toute mimi, évoquant par instants celle de Bjork (on n’y échappe pas!). On aimerait l’avoir tous les soirs auprès de nous pour nous chanter une berceuse. A défaut, on écoutera Kairoslassablement. [PL]

The Willowz

Everyone

GreenUnited / Pias

26 minutes, 10 titres. Pour les Willowz, pas besoin de bien plus. Les chevelus d’origine californienne cavalent dans les rythmes saturés voire punk dans ce quatrième et nouvel album, nommé Everyone. Le son y est plus lisse, la voix de Richie James y sonne plus juste mais l’enthousiasme limite frénétique y est plus que jamais présent. Ouf ! Les débuts sont certes grandiloquents, Break your backun brin poussif, mais vite fait bien fait le rythme binaire ramène son énergie. Repetition, façon White Stripes est suivi du popisant I know aux riffs clairs et mélodiques. La voix, cette voix qu’on n’oublie pas, arrache de la tête un réveil bruyant mais bienfaisant. De californien, les Willowz ont aussi le son, quasi surf de Way it seems. Et puis, et puis, Twenty fiveest de cette trempe qu’on pourrait dire violente. On se souvient forcément des Datsuns qui ont eux aussi des cheveux bien longs. Le groupe se la joue plus doux deux titres après, invitant des sonorités soul grâce à des cuivres capiteux. 26 minutes et dix titres plus tard, ou l’agressivité maculée de bonheur rock. [CF]

The Wounded Kings

The Shadow Over Atlantis

I Hate

The Wounded Kings c’est le doom dans sa version classe absolue. Celui avec le vrai charme du giallo, la brume qui tombe, l’occultisme ambiant jusqu’à en être palpable, les tombes éventrées et la beauté froide et brute des femmes brunes. Le tempo bas et léthargique qui t’enveloppe, d’accord, mais ici c’est une masse d’eau qui s’étend au dessus de toi, bleue et profonde. L’eau qui ralentit tes mouvements, les embellit aussi. Voilà, une beauté froide et sombre comme jamais, cent fois raffinée et habillée d’un soupçon d’angoisse palpable durant quarante minutes, sans qu’il y en ait la moindre à jeter. Un son qui ne s’aventure jamais dans l’extrême lourdeur, elle même que l’on devine juste derrière la prime beauté des mélodies et surtout du chant, parfait. Incantatoire, naturellement sous reverb, retro et chamanique, c’est lui qui subjugue instantanément sur les quatre des six morceaux où il est présent. Classe toute entière, beauté accablante le meilleur disque de doom sorti depuis Witchcult Today (si on omet Embrace The Narrow House, leur premier, moins beau et uni mais tout aussi grandiose). [LM]

Wrong Turn

2

Off the Hip

Fidèle reflet du monde extérieur, en ces temps de compressions de personnel, le rock ne nous aura jamais autant offert de groupes à dimensions réduites. Sans parler de ces one-man band déboulant d’un peu partout. C’est la mort du big band ! Wrong Turn, qui nous occupe ce jour, et dont c’est le deuxième LP, est un duo Australien, tournant sur double pôle. Ian Whitehall, guitariste-chanteur, d’un côté, passé par les Seminal Rats ou Stoneage Hearts. Et Myles Gallagher de l’autre, batteur vu, entre autres, chez les Double Agents. Se riant des restrictions budgétaires, ces deux là, comme attendu, font du bruit pour douze. Garage cabochard piochant chez les Stones, Marvin Gaye ou les Collins Kids. Au milieu d’originaux inspirés par le blues, le diddley beat et tout ce qui peut faire valser les popotins. Salement convaincant ! [AF]

Youpi Youpi Yeah

s/t

Stagger Records

L’équipage n’est pas banal. Avec Joe Hell, l’ex Oberkampf au chant, et Dimi Déro, ici simple batteur. Une association qui, de prime abord, pourrait sembler incongrue si cet album, loin d’être aussi joyeux que ce patronyme gouailleur laisse supposer, ne s’aventurait pas, pour partie, dans ces eaux marécageuses que fréquentent également des groupes comme les Drones, Cruel Sea, Dirty Three ou sa majesté Nick Cave. Dont nous n’avançons pas le nom par simple hasard, Warren Ellis, son vieux complice, étant également de la partie sur quelques morceaux. Au violon, son instrument de prédilection, comme à la mandoline. Youpi Youpi Yeah est complété de deux guitaristes aux jeux savamment superposés, œuvre de Jean Zundel et Delphine Thirteen pour les sons baryton. YYY, c’est aussi un bassiste, Dominique Caillierez, malheureusement disparu depuis la sortie de l’album. Assombrissant davantage encore une musique qui aurait bien fait l’économie de pareil drame. Un disque âpre, au lyrisme de cendre, dominé par la voix ample de Joe Hell, responsable de la totalité de textes plein de la distanciation désabusée de celui qui en a trop vu pour encore se bercer d’illusions. Une des vraies bonnes surprises du moment. [AF]

Yussuf Jerusalem

A Heart Full Of Sorrow

Born Bad/PIAS

Quand on a entre les mains un disque du label Born Bad, on est sûr d’avoir quelque chose de pas ordinaire à écouter, car le boss JB a la particularité d’avoir une oreille des plus curieuses. Avec Yussuf Jerusalem, on n’y échappe pas. Ce disque est l’œuvre du banlieusard (département 9-3) Benjamin Daures (également leader du groupe punk Creteens), qui a bricolé chez lui ce disque à la pochette inquiétante, dans une esthétique façon Laibach. Notre bonhomme chante parfois faux, joue avec sa guitare et sa boite à rythme d’une façon hésitante, presque bancale. Sa musique lo-fi et tendue est proche du post punk; mais avec de la salive qui tombe sur ses pompes et des gouttes de transpiration qui sentent l’enfermement. Cette musique presque malade laisse malgré tout échapper l’espoir de s’en sortir, grâce à ses mélodies pop, on pense à la rencontre improbable de Mark E Smith et de Daniel Johnston. Yussuf Jerusalem a pondu un album qui devrait ravir les fans du label K Records et les paumés qui cherchent leur chemin entre la cuisine et la chambre pour se coucher, après avoir glandé toute la journée chez le disquaire du coin à raconter des histoires d’achats de collectors perdus (si si, il en existe encore !). [PL]

Yvi Slan

Eve

Boombop Rec

La dernière fois que j’avais entendu Yvi Slan c’était avec son album Knock Out sortie en 2003 chez Platinum. Depuis je n’avais pas suivie ses nombreuses aventures, et autant dire qu’il n’est pas resté les bras croisés. Eve, son nouvel album oscille entre pop et électro intimiste avec un voix et des paroles qui rappelle de façon troublante Gainsbourg. Seul au commande de l’album Yvi Slan est un homme à tout faire, musiques, arrangements, chant, instruments, enregistrement, mixage, graphisme. C’est ce qu’on appel le DIY! C’est donc de façon plutôt convaincante qu’Yvi Slan revient sur nos platines. [OO]

V/A The Decap Sound Compilation

Nova Express / Socadisc

Il était plus que temps que le Spéculoos, délicieux biscuit fondant faisant la fierté de Bruges, reçoive un juste hommage. Et personne n’était mieux indiqué que Nova Express dont les bonnes friandises sont justement la spécialité. Alors ce sont donc les Mysterious Speculoos qui sont chargés d’ouvrir le bal d’une nouvelle compilation de tonton Trouble, occasion pour le même de nous offrir une plongée supplémentaire dans sa troublante collec de photos de charme du temps jadis ! Et comme il est partout, l’est aussi membre éminent de ces susdits Speculoos. Groupe renforcé d’une désarmante dame Tartine, ex- Calamité, libérée de ses verrues. Un ancien Snipers est aussi de la partie. On sait s’amuser à Chagny ! Jouer aussi, quand on fait la pige aux Fleshtones (Way down South) et que l’on s’envoie sur orbite avec « Ramblin’ Rose », « Kissing Cousins », « Tallahassee Lassie ». Ou même sur « Free Again » belle eulogie à Alex Chilton qui, alors, n’était pas encore mort. Compilation signifiant multiples participants, bienvenue aux Hybrids, très convaincants garagistes envapés égarés dans de lysergiques brumes les rapprochant, selon les circonstances, des Vietnam Vets pour faire couleur locale. Saluons aussi les plus curieux We Are Wonderful, freaks travaillés à l’étrange et au structurellement complexe. Des sournois ! Les derniers du lot, on les connait déjà, Plastic Invaders, responsable d’un album chaleureusement salué dans ces pages au moment de sa sortie. Ils n’ont rien changé. Nos commentaires ne varieront donc pas ! Le dernier panoramique du Kaiser, s’en priver serait pécher. [AF]

V/A Real Cool Trash

A Tribute to the Dum Dum Boys CD+DVD

Zumol Records

Les Dum Dum Boys n’en n’ont jamais fait qu’à leur tête. Musique de distorsion pour un monde distordu. Ambassadeurs ricanants d’une élégance déglinguée qui ne se satisfera jamais des palmes à la médiocrité d’un bizness musical auquel ils sont parfaitement étrangers. A la fois saints et pêcheurs. Des maitres de la marge. Et les voila sanctuarisés, mis en chapelle et humidifiés à l’encensoir ! Tour arrive ! Ils s’y sont mis à 16 pour ce faire. Avec le révérend Tav Falco en tête de gondole pour une version de « Real Cool Trash » qui laissera des traces sur les murs. Tony Truant est venu aussi, pilotant une Ford Mustang tout en décontraction défoncée. Escorté de Tex Napalm/ Dimi Dero, des Cow-boys From Outerspace ou des Mediums. Moins conventionnel, notons la parade électro (statique) de Stanlet ODB ou les fragrances manouches d’Elektric Geisha sur « Bubble Gum ». Tous dépassés sur la ligne jaune par le terroriste « White Jazz » éructé par Grrzzz, sorte de Suicide thermonucléaire irradié. C’est la loi du genre, du convenu et du qui l’est moins ! Mais comme personne ne reprendra jamais mieux les Dum Dum Boys qu’eux-mêmes, le tribute s’accompagne d’un concert de 2005 au Nouveau Casino où le groupe Niçois donne sa pleine mesure le temps d’un set envoutant et classieux. Un hommage à saluer. Un DVD à dévorer ! [AF]

V/A Seriously, Eric

Alter K Music Supervision

Voici la compile de l’été, que l’on prendra plaisir à faire circuler dans les soirées, qu’on écoutera en voiture sur la route des vacances et au casque à l’aise sur une plage d’Ibiza ou à Belle-Ile-en-Mer. Cette compile nous rappellera quoiqu’il arrive notre année 2010. Ici 20 titres rares et inédits des artistes préférés du label Alter K (connus ou en devenir). du vétéran électro disco Black Devil Disco Club à James Levy, en passant par The Konki Duet, Vandaveer, Kim, Solex Vs Christina Martinez + John Spencer, Cornershop feat Soko, Lisbonne (qui est la moitié de Monade/Stereolab), The Lanskies, Galaxy Birthday… Le style musicale de Seriously, Eric jongle avec bonheur entre électro, folk, pop, rock, et même rap. Les titres s’enchainent avec style comme s’ils étaient joués par un DJ. C’est clair ici le soleil est l’invité non stop tant les titres rayonnent tout au long des 20 plages (sans jeu de mot!). A noter que « Seriously, Eric? » n’est disponible qu’en digital, mais une version CD en édition limitée est vendue dans les soirées organisées par le label. [PL]

V/A Ich Bin Berliner

Araknid Rec/Season of Mist

Vous voulez créer chez vous une ambiance club berlinois sans vous déplacer ? Et bien ne désespérez plus, avec la double compil « Ich Bin Berliner », c’est ambiance teuton garantie ! SO36 club mythique dans les années 70, situé dans le quartier de Kreuzberg, est depuis aout 2009 un lieu où se retrouvent DJ, performeurs et musiciens électro. C’est donc là que tous les maniaques des nuits berlinoises se donnent rendez-vous pour se trémousser (et plus si affinité) sur la musique qu’il faut écouter pour rester dans le coup. Les soirées sont organisées par David Maars, Andreas Schwars et Emmanuel Hubaut (LTNO, Dead Sexy) qui a sélectionné les titres présents sur cette compilation. Chaque CDcontient 20 groupes avec entre autres: Robot In Disguise, Transformer Di Roboter, The Assassinations, Kill Her First, Team Plastique, Dead Sexy Inc, soit une musique électro rock/punk/indus avec pas mal de vitamines pour nous secouer les neurones et le reste. Avec des bières dans l’estomac et de la fumette dans la gorge, cette musique à tout ce qu’il faut pour vous donner une énergie sans limite. Vive la fête! [PL]

V/A 
_Hop generation vol.8

Bip-hop

Cette collection dirigée par Philippe Petit (connu depuis Pandomenium Records), est un OVNI sur la planète des compilations. Loin des tendances, des prochains artistes en devenir, où de la compil surfant sur un mouvement musical, cette collection nous fait entrer dans une autre dimension. Au programme seulement 6 artistes: Murcof, Tennis, Mitchell Akiyama, Minamo, Tu M’ et Strings Of Consciousness pour 77 minutes de musique électro acoustique, d’abstract hip hop minimale, d’ambiant non zen, de paysage lumineux et éblouissant au carrefour de la musique et de la danse contemporaine. Ici la musique peu se faire discrète, tout en restant bien présente ou éclabousser la figure sans frapper. Si vos oreilles recherchent l’ouverture vers un espace sans limite, ne cherchez plus, offrez leur la Bip_Hop generation. [PL]

V/A A Man & A Machine
Vol.2- 2 CD

Le Son Du Maquis/Harmonia Mundi

La série A Man & A Machine (titre faisant surement référence à l’album « The Man Machine » de Kraftwerk) est une excellente introduction pour tous les néophytes qui veulent découvrir les bases de la musique que l’on appelait dans les années 90 « électro ». Donc si cette musique a participé à votre éducation musicale, cette double compile ne vous apprendra pas grand chose. Mais si vous avez zappé Logic System, Crash Course In Science, Autumn, Moderne, Snowy Red.., ce peut être l’occasion d’une séance de rattrapage! Pour les personnes en formation « électro », A Man & A Machine ne propose que du lourd, du classique aussi bien dans les artistes que les titres retenus: Suicide avec l’indémodable « Ghost Rider », le poids lourd Pere Ubu, la référence ultime Cabaret Voltaire, les sons binaires de D.A.F., les sous estimés Fad Gadget, le duo sexy made in Nancy Kas Product avec l’inépuisable « Never Come Back », Simple Minds avant leur virage héroïque et Human League avant leur tube planétaire, l’unique Laurie Anderson, le style suisse avec Yello, la rythmique assassine des Talking Heads, les belges Front 242, Polyphonic Size et Telex, mais aussi, Shierback, P.I.L, Chris & Cosey, Charles De Goal…Oui ici que du bon! Les morceaux choisis ont été créés entre 1978 (juste après le mouvement punk) et 1988 (avant madchester et la musique électronique). Les sons froids (le CD1) et les sons enjoués (CD2) sont très bien juxtaposés, avec comme point commun, la rythmique martiale qui déclenche les pas de danse. Froid ou chaud, l’appel du corps est une constante entre l’homme et la machine. Alors prêts pour un petit voyage dans le temps? [PL]

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