Sziget Festival, 9-15 août, Budapest

Sziget Festival, 9-15 août, Budapest

Cela va maintenant faire quatre ans que je couvre le Sziget Festival pour divers médias et chaque année je me dis que je vais avoir du mal à renouveler mon avis sur le plus gros festival européen. Cependant, à la lecture de quelques lignes amèrement lâchées dans un Technikart pourtant prometteur (pensez donc, une interview de Sylvester Stallone en mode rétrospective/introspection), je me sens encore une fois obligé de recadrer et de plébisciter un événement dont la supposée beauferie n’est liée qu’à la horde de français, attirée par l’idéal « roots » véhiculé par une frange qu’il n’est pas nécessaire de fréquenter une fois sur le site. Evitez le Dalmat. Et oui, tout le monde ne vient pas au Sziget voir Ska-P ou Muse et pour se bourrer la tronche entre amateurs de pétards, de Tryo et de vin rouge, pour caricaturer. Tellement de nationalités sont représentées qu’il faudrait être le dernier des idiots pour ne rester qu’entre ressortissants de sa propre communauté. Le problème n’est pas que français bien sûr, il suffit de voir les néerlandais ou tout simplement les hongrois pour le figurer. Cependant, c’est étrange mais j’ai passé sept jours de concerts à parler anglais et baragouiner hongrois, à la grande joie ou au grand malheur des autochtones terrifiés par ma prononciation d’une langue on ne peut plus oblique. Il n’est pas si compliqué de s’ouvrir aux autres nations, une fois l’infâme absinthe bleue locale avalée ou l’électricité statique de la bière dissipée. Une idée à ressortir en conseil européen. Passé ce mauvais procès, j’ai (encore) vécu un festival inoubliable dans un bastion de liberté estivale, (toujours) situé au milieu de Budapest et du Danube. Certes, on pourra toujours critiquer la trop grande présence de nombreux partenaires commerciaux mais ils sont hélas bien nécessaires quand on veut pérenniser une affiche aussi variée et dense. Parlons des concerts justement, qui m’ont vu dans l’obligation de faire le grand écart entre chaque scène et chaque style : The Hives en pleine forme et en costume de marins versus le nouveau set aussi chiant que génial de DJ Shadow, le retour flamboyant de The Specials opposés aux orfèvres de la fission cérébrale de Simian Mobile Disco, les décevants vétérans d’Iron Maiden face au groove sombre d’Ez3kiel, la légèreté orchestrée par Chapelier Fou contre l’improbable reformation de PIL, ou encore la trinité de choc Monster Magnet, Kasabian et les hilarants malgré eux Die Antwoord. Programmés tous en même temps bien sûrs ce qui, au vu de la longueur de l’île d’Óbudai, a généralement comme effet de faire découvrir au festivalier lambda des muscles inconnus jusqu’alors. Ecartons tout de suite les malentendus, je n’ai pas vu Muse, trop occupé à faire une fixette sur le canon à mousse des acrobates de la Compagnie Malabar, tout comme je n’ai pu rentrer dans le chapiteau bondé où Bad Religion officiait. Bon, par contre, j’ai fait l’erreur de penser que regarder un show de Mika avec la gueule de bois serait drôle (ça ne l’est pas) et que le retour de Nina Hagen ne serait pas une demie-arnaque (ça l’est). Si Foreign Beggars (hip-hop tendance grime), Toy Dolls (punk rigolo), Aeroplane (electro-italo-pop venue de Bruxelles) et zZz (Joy Division meets Suicide versus du larsen) étaient attendus au rayon « on joue à des heures bâtardes mais on va vous scotcher », c’est du côté de deux formations cataloguées dance outre-manche que « la puissance du dancefloor » s’est déchainée, pour paraphraser un Philippe Manœuvre qui n’écouterait plus que Fun Radio : Faithless et Calvin Harris. Les premiers sont encore de grosses stars, hormis en France, et leur show bien rôdé ne laisse pas de répit à la foule en transe tandis que le second parvient à garder un public écrasé par la chaleur à un niveau de frénésie dément. Seul regret finalement pour cette édition, la disparition de la Mokka Chukka, l’after officiel du festival ces dernières années. Tant pis, l’Ambient Tent a fait office de palliatif et les buvettes n’ont jamais eu l’air aussi accueillantes qu’à 6 heures du matin. Je ne vais pas revenir sur le côté unique du Sziget Festival, son cadre, son ambiance, ce côté « Spring Break », la beauté de Budapest, bla bla bla et cætera, j’en parle à chaque fois et je ne suis pas le seul. Il est cependant bon de rappeler que cela se déroule tous les ans en Août, à peine à 25 heures de route (en comptant les itinéraires bis) de la France et que tout cela est bien réel pour le moment. Sziget, Szeretlek, és a jövőre. Je vous avais bien précisé que c’était une langue oblique.

William Kloz


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