Pilöt

Enfant de la bête

Dans le paysage noise en France le groupe parisien Pilöt vient de réaliser avec son premier album Möther, une petite bombe, digne de s’envoler comme un Boeing vers la lune (ou vers New-York ou Chicago, capitales de la noise). Avec des pilotes tel que nos 4 gaillards steward, c’est sur, on est entre de bonne main, même pas peur des terroristes! De toute manière selon nos politiques de droite, les français sont prit en otage non pas par des barbus illuminés par leur idéaux antioccidental, mais par des grévistes contre la retraite à 62 ans.

Une des particularités de Pilöt, c’est la voix de tigresse, de peste d’a.c LT de Selve. Avec son petit gabarie adolescente, elle miaule comme Kim Gordon ou comme Kazu Makino de Blonde Redhead. Elle répond aussi à nos questions.

Quand on est élu « Jeune Espoir » (par le Furia Sound Festival, découverte Fnac Printemps de Bourges, Paris jeunes Talents, SFR, Boutiques Sonores), pas trop dur de se concentrer sur son premier album?
En fait la plupart des morceaux étaient déjà composés et enregistrés. Ce 1er album est sorti presqu’un an après qu’il soit fini. Du coup ca ne nous a pas mis trop de pression. Cela nous a même plutôt motivés pour continuer. Le 2e album est bien avancé.

Vous vous êtes connu dans quelle circonstance?
Au début c’est Antoine (Eole) et Victor (Belin) qui cherchent une voix féminine, mais genre indéterminé. A vrai dire ils partaient plus sur un projet hip-hop. Après un casting de plusieurs filles, je me suis présenté complètement par hasard. Par amusement je l’avoue, car je n’ai rien fait d’autre que chanter à l’Eglise (enfant de chœur). Il y avait sans doute quelque chose à faire puisque maintenant Pilöt existe. Mais il aura fallu une année de réflexion sans nous voir avec Antoine et Victor, pour commencer un projet rock et démarrer l’aventure. On a bossé comme çà pendant un an: scotchés / K-blo comme des geeks devant leur PC dans nos chambres seuls ou ensembles, sans penser à la scène Et on a suffisamment bossés pour qu’un jour un pote de Victor, Raphael nous propose de jouer nos morceaux dans un petit bar du 2ème art. à Paris avec une date/mois pendant quatre mois. Et comme l’occasion fait le larron, on s’est mis à penser les morceaux différemment pour les jouer, à réfléchir à notre son et on a commencé à répéter comme un vrai groupe de rock avec David Bes un copain de Raphael qui joue de la batterie. On s’est trouvé un nom: Pilot (à noter que son père est un gradé de l’armée de l’air). Deux années passent et Thomas Hispa, avec sa p*** de frappe d’Octopus « ambidextre » devient incontestablement le batteur officiel de Pilot qui devient Pilöt.

Quel est l’ambition du groupe? Une carrière longue et généreuse ou bien courte et intensive ?
On ne sait pas, on continue tant qu’on aime.

Aimeriez-vous devenir un groupe culte ? Ce qui veut dire peu de vente de disques pendant son existence, mais une référence absolu, et donc côté au rayon collector 20 ans après le split du groupe ?
Et ne peut-on pas être culte et lucratif ???


Möther raconte la vie à travers les yeux d’une fillette. Vous pouvez nous éclairer d’avantage sur l’histoire de cette fille ?
Une fillette qui a déjà vécue. Elle est une métaphore, une représentante d’un groupe de Child of the Beast, fille-garçon ou garçon-fille. Enfant de la bête qui invente ses propres règles dans un contexte réel (le notre). Elle n’est pas contre le contrat social. Elle n’est pas dedans non plus. Elle fait partie d’un complot (un complot complètement inventé et réinventé), mais elle n’est pas terroriste. Elle s’amuse beaucoup de tout ça.

Votre musique mélange un son très noise avec des passages plus calme. Votre style musical c’est dévoilé suite à des heures de répétition, ou au contraire, dès le début ce mélange c’est trouvé dans vos compos ?
Des le début on a eu cette ambivalence et ce ne sont pas les répétitions qui en sont à l’origine, car elle existe au niveau du processus de création. Par contre oui le style a évolué, s’est affinée, précisé avec le travail en groupe, dont l’objectif essentiel est la scène.

Vous vous sentez plus à l’aise sur scène ou bien en studio ?
On était un groupe de studio, on a fait du chemin depuis. On a travaillé la scène et on continue dans cette voie qui nous fait tant plaisir. Maintenant on se sent de mieux en mieux sur scène avec le public.

En effet sur scène Pilöt est en roue libre. Pendant 90 minutes, leur album est passé aux lances flamme avec une rythmique en béton brut, et une Alex (a.c LT de Selve) possédé comme la jeune actrice du film « L’Exorciste ». Ce petit bout de femme, prend sur scène beaucoup de place, car elle est aussi très énervée, donc elle gesticule beaucoup sous les regards confiants des trois garçons plus posés.

a.c LT de Selve, tu possèdes une voix à donner la chair de poule et à avoir des fourmis dans les pieds. C’est depuis ta plus tendre enfance (pour le bonheur de tes parents), que tu pousses des cris aussi diaboliques ?
Merci, c’est bien ça. Je ne travaille pas ma voix. C’est à dire pas d’exercices de chant. Bah les chants liturgiques sont un bon entrainement pour le cri diabolique.

3 gars, 1 fille : quelles sont les possibilités avantageuse d’être un trio mixte?
1 fille ??? Non elles sont 2. On est un peu comme des anges dans Pilöt, on change de sexe. Tantôt Antoine et Victor ont cette douceur et sensibilité toute maternelle et féminine avec moi qui suit presque masculine. Et tantôt c’est l’inverse, moi pleine de douceur, de générosité et de compassion avec deux personnalités très viriles. Mais au final on se ressemble, on arrive à se fondre pas mal ensemble quand on est Pilöt.

Coté musique, qui sont vous modèles, vos héros ?
Le beau Jim Morrison, la classe de P.J Harvey, la sauvagerie espiègle des Sonic Youth, le chanteur des Liars qui nous hypnotise et Aphex Twin est un de nos héros. Pour les français, Bashung était le big daddy français, Gainsbourg aussi. Sinon on est peut-être proche de Cheveu.

De passage à Paris, où pourrait-on croiser Pilöt ? Dans un avion au salon aéronautique du Bourget ?
A La Gare Aux Gorilles (squat dans le 19ème à Paris où en juillet dernier le duo Sexy Sushi a fait un concert mémorable dans une pièce de 50 m² devant 60 fans déplumés) et au zoo à la Ménagerie du Jardin des Plantes (à Paris).

Très bien je sors mon déguisement de singe et je les attends pour une dégustation de bananes !

Paskal Larsen


« Möther » (Iris Music/Harmonia Mundi)

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