Wah-Wah Records – Interview

« Accros aux vinyles »

Wah Wah Records est un label espagnol, basé à Barcelone, spécialisé dans la réédition de disques vinyles obscurs oubliés des années 60/70, mais très recherché chez les collectionneurs. Pour faire face à l’escalade des cotes du marcher, Wah Wah propose depuis 1998 de beaux disques 33t en éditions limitées (500 ex.) à des prix corrects. Les dernières nouveautés du label sont des groupes français : Le Système Crapoutchik (composé des musiciens de Jacques Dutronc), Ilous & Decuyper et Orphiucus. Ces groupes font une musique folk et hippies hors du temps.

Marc, le boss de Wah Wah Records et Jean-Emmanuel Deluxe (du label Martyr Of Pop) et concepteur des textes qui accompagnent les vinyles, répondent à nos questions.

Vous pouvez nous présenter votre label ?

Marc : Nous sommes basés à Barcelone, nous avons débuté en 1998 ou en 1999 et notre but est de produire des rééditions de qualités pour les collectionneurs et les amateurs de disques souvent trop chers pour toutes les bourses. Nous aimons une grande palette de styles et nous rééditons de tout. Du jazz au blues, de la surf au garage, en passant par le psyché et la prog. En substance des trucs des sixties et des seventies, bien que nous sommes ouverts à tout ce qui est bon. Si c’est bon et que l’on peut en obtenir la licence nous le faisons. Ces dernières années nous nous sommes concentré avec succès sur des enregistrements du début des 70’s d’artistes allemands, espagnols et maintenant des trésors français cachés. Nous faisons des petites éditions limitées et nous aimons y inclure des informations, des photos, bref tout ce que l’on peut trouver.

Vos nouveautés, sont des artistes français des années 70. Comment avez-vous découverts ses groupes/chanteurs français : Ilous & Decuyper, Le Système Crapoutchik, Orphiucus… ?

Marc : Wah Wah a commencé en tant que disquaire spécialisé, ce que nous nous sommes toujours. Nous sommes nous même des amoureux de musique et des accros aux vinyles. Nous avons toujours les oreilles ouvertes à tout ce qui peut entrer dans le magasin, que ce soit de rares originaux (comme se fut le cas avec ces dernières rééditions de groupes français, que nous avons découvert via des exemplaires originaux dans le marché des collectionneurs). Nous découvrons également beaucoup de choses grâce à d’autres labels comme les notre mais qui ne sortent que des cd’s. Dans ce cas nous nous renseignons sur la possibilité d’obtenir des licences pour des éditions limitées en vinyles. Il y a beaucoup de soin dans chaque détail de toutes les chansons et nous savons que beaucoup des membres du Système Crapoutchik par exemple ont gagnés leur vie de leur passion et suivirent des carrières assez heureuses. Regardez le parcours d’Alain Chamfort ou celui de Claude Putterflam qui, avec son studio Gang a permis à de gros albums de s’enregistrer.

Qu’est ce qui vous a motivé (vous un label basé à Barcelone) à rééditer ses disques français « oubliés », le tout dans des versions vinyles très soignée ?

Marc : A la base il y a deux choses. Premièrement nous avons été subjugués par la musique de ces 33 tours, elle est si incroyablement bonne, que nous avons pensé que plus de gens devraient l’écouter. Ensuite personne ne l’avait jamais fait auparavant. Beaucoup de labels rééditant toujours les mêmes disques à un moment ou un autre.

Comment s’est passé le contact avec eux pour mètre en place ses rééditions ? Les membres de ses groupes sont toujours dans le milieu musical ?

Marc : Pour les rééditions concernant le label Flamophone nous avons eu la chance de contacter directement Claude Putterflam, qui dès le départ a été très sympathique et d’une grande aide. Pour Ophicius nous avons signé une licence avec le label Musea qui fut le premier à exhumer ce disque de l’oubli en format CD.

Les membres de ses groupes sont toujours dans le milieu musical ?

Marc : On, ne sait pas. Ce serait grandiose d’assister à une reformation du Système Crapoutchik !

Ces groupes avaient la particularité de mélanger chanson à texte (limite variété), folk, rock et hippie. Ce mélange évoque quoi pour vous ?

Marc : Les artistes français ont toujours été doués pour donner du sens à leurs chansons. Les mots sont ici aussi importants que la musique. En tant que catalan nous avons grandi avec une grande influence de la chanson française et comme nous sommes de grands fans de pop et de rock avec une grande acuité en ce qui concerne les sixties et les seventies, nous ne pouvions que tomber amoureux de ces albums ! Ils sont si uniques. Nous y entendons les influences anglo-saxonnes que nous aimons mais traités d’une manière très personnelle qui est pour nous très attirante.

Jean-Emmanuel, tu as écrit les notes de pochettes. Tu peux nous dires se qui te plait chez ses groupes ? C’est leur son/style/démarche qui t’intéresse ?

Jean-Emmanuel : Ces groupes ont réussi à intégrer leurs influences psychédéliques, pop américaines avec une spécificité française très difficilement définissable, mais qui se savoure tout de suite. Il y’a dans le Système Crapoutchik par exemple une poésie élégiaque incroyable. J’aime ce subtil dosage de joie intoxicante et de tristesse douce-amère. Que ce soit envers Ophicius, le Système Crapoutchik, Ilous & Decuyper et bien sûr Claude Puterflam, je ressens un grand respect admiratif. Ces artistes ont dû naviguer à contre-courant d’une certaine esthétique franchouillarde pas très pop. Finalement à l’heure où on entent aujourd’hui des trucs à la radio qui auraient pu être chanté dans la France des années cinquante, ces disques sont toujours modernes.

Tu es un passionné des années 70. Pourquoi cette époque te plait tant ? Que regrettes-tu des années 70 par rapports aux années 2000 ?

Jean-Emmanuel : J’aime dans la pop des 60’s et des 70’s cette volonté d’aller de l’avant, d’expérimenter tout en restant accessible, le tout rehaussé par des mélodies imparables. Je pense à l’instar des Residents que « l’ignorance de sa culture, n’est pas une chose très cool ». Je ne suis pas pour autant nostalgique, ou passéiste, au contraire, je pense que pour créer la musique d’aujourd’hui et de demain, s’inspirer de nos glorieux pionniers pop est fort encourageant. A ce titre par ses audaces, un label comme Flamophone préfigure le Tricatel du brillant Bertrand Burgalat.

Paskal Larsen

http://www.wah-wahsupersonic.com/

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