The Waterboys

THE WATERBOYS : BIG MUSIC

A l’heure où Mike Scott revient enfin fouler les scènes françaises avec son groupe, force est de constater que la musique des Waterboys ne nous a jamais vraiment lâchée. Grâce à un production plus neutre (Scott contrôlait déjà tout à l’époque), moins datée 80’s que celles de U2 ou Simple Minds, les premiers albums du groupe se sont toujours invités sur la platine avec, à chaque fois, un plaisir intact. Né en Ecosse, Scott traîne déjà à Londres au tout début des années 80, fraîchement signé chez Ensign, à la recherche de musiciens qui seraient capables de suivre son projet musical et qu’il regroupera sous la bannière Waterboys, quelle que soit la formation qui l’entoure. Il faut dire qu’entre le punk finissant et les balbutiements new wave, les influences de Scott sont plutôt à chercher chez Dylan, Van Morrison, Steve Reich ou Hendrix, ce qui donnera forcément à ses morceaux une coloration plus qu’originale. Puisant ses références dans la littérature (James Joyce, CS Lewis) et les poètes (WB Yeats), les textes de Scott font la part belle à la spiritualité et à l’amour, avec une profondeur rare dans les groupes naissants de l’époque. On retrouve cette cohérence dans les 3 premiers albums du groupe (The Waterboys 83, A Pagan Place 84 et This is The Sea 85) dont les titres furent quasiment enregistrés lors des mêmes sessions londoniennes et dispatchés en fonction des désirs du label. Derrière les visuels en noir et blanc de Scott, le groupe s’articule alors autour de Kevin Wilkinson (batteur, décédé en 99) et d’Anthony Thistlethwaite (saxo), auxquels viendront s’ajouter le talentueux clavier Karl Wallinger et le violoniste Steve Wickham. Très vite la musique du groupe est appelée The Big Music par les journalistes, d’après une chanson du 2e album et sûrement à cause de ce rock épique enrobé de violons, mandolines, saxophones ou trompettes qui lui donnent un souffle et une tonalité alors inédite. « A girl called Johnny », ‘This is the sea », « Be my enemy », « The whole of the moon » ou « Don’t bang the drum » deviennent très vite des hymnes pour qui s’amourache alors de cette trilogie quasi parfaite. En 86, Wallinger part fonder World Party, et se mettra pour toujours à l’abri en filant plus tard « She’s the one » à Robbie Williams…De son côté, Scott est parti se ressourcer en Irlande, terre des poètes qu’il adule et réfléchit à la suite. Elle viendra sous forme d’hommage à cette musique celtique et folk qu’il vénère. Il vient de se plonger dans Hank Williams et Woody Guthrie et s’entoure de dizaines de musiciens locaux pour ce qui deviendra son plus gros succès critique et commercial en 88 : « Fisherman’s Blues ». Ces bouillonnantes sessions donneront lieu à pas moins de 3 disques (dont 2 sortiront ultérieurement). En 90, sur sa lancée, les Waterboys publient « A room to roam », véritable album folk qui ne choquerait pas dans les discographies des Pogues, des Chieftains ou des Dubliners. En 93, Mike Scott a encore la bougeotte et se retrouve à New York, un nouveau contrat avec Geffen sous le bras, mais sans aucun membre historique. « A new life starts here » chante t-il en intro d’un album inégal et truffé de guitares électriques disgracieuses. Cette étape là est la dernière de la première vie des Waterboys ! 2 ans plus tard, Mike Scott donne de ses nouvelles en solo sur le très folk et très réussi « Bring em all in », suivi en 97 par le plus rock et plus raté « Still Burning ». Personne ne donnait cher de la peau du groupe lorsque débarque en 2000 « A rock in the weary land », vilain album qui n’apporte rien de plus à la légende. Depuis, Mike Scott revient à intervalle régulier donner des nouvelles du groupe (Universal Hall en 2003, Book of Lightning en 2007), s’occupant des remasterisations, compilations et des rééditions des versions deluxe de ses premiers disques, truffés de bonus inédits. En 2011, son dernier album « An appointment with Mr Yeats » lui permet d’adapter un de ses poètes favoris et de retrouver la flamme des débuts. L’occasion pour lui de repartir en tournée avec le fidèle Steve Wickam et une énième configuration d’un groupe qui aura été le lien parfait entre les Boomtown Rats de Bob Geldof et une nouvelle génération (The Saw Doctors, The Levellers , The Frames, Cactus World News, Big Country, Hothouse Flowers , The Call ou The Wonder Stuff puis plus tard des Decemberists, Guillemots ou autres Mumford & Sons) , révéré par Bono ou Jim Kerr, dont il n’aura jamais connu l’énorme succès commercial. Mais l’on écoute encore ses premiers albums aujourd’hui…

En concert à Rock En Seine fin août.

Fabrice Bonnet

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