The Revolver Tour – The Return of the Spectacular Spinning Songbook!!!
Mercredi 30 mai 2012 – - Ancienne Belgique – Bruxelles
Il y a foule ce soir à l’AB pour accueillir l’immense Elvis Costello, accompagné de ses Imposters – à défaut des Attractions – dont le fidèle et talentueux pianiste Steve Nieve et Pete Thomas à la batterie. Il revient ce soir dans le cadre de son désormais célèbre « The Spectacular Spinning Songbook ».
Le principe est à la fois simple et ludique : composer la setlist de la soirée, avec l’aide d’une roue immense – comment la transporter d’une ville à l’autre, sans le concours d’une grue… ? – faite de titres phares, mais aussi de raretés et d’une poignée de reprises, toutes périodes confondues de « My Aim Is True » (1977) à « National Ransom » (2010). L’idée est réjouissante pour les fans de ce fin mélodiste, plutôt rare sur scène, qui participent ainsi à la sélection d’un véritable juke-box live. Entendre de belles chansons pop, tirées d’un répertoire touffu, qui en impose, sur un concert de près de trois heures, et ce à quarante deux euros la place, c’est pas donné mais presque.
Autrefois sérieux comme un pape, il esquisse désormais de timides sourires. Il est loin le temps où le Britannique injuriait les photographes, qui osaient le prendre en photo, lorsqu’il essuyait ses lunettes. La moitié du public est venu armé d’un i-Phone et le mitraille à tour de bras. A près de soixante balais, Costello aime faire le pitre, et assure en maître de cérémonie. Il tentera même quelques mots en français, pensant faire plaisir à une assistance majoritairement… néerlandophone.
Le show démarre sur les chapeaux de roue, avec pas moins de sept titres enchaînés, sans temps mort, et le costard clownesque de Declan Patrick MacManus ressemble vite à une éponge. La popstar sue à grosse goûte, et cuit littéralement dans son jus. Puis, Elvis, aidé d’une jolie animatrice, façon Guy Lux et Sophie Darel – en nettement plus classe… – choisit une personne dans la salle. L’élu(e) active la roue qui s’arrête sur un des quarante titres en lice. Le groupe s’empresse alors de le jouer dans une version inédite, souvent renversante, épique.
Ce soir, c’est une véritable roue de la Fortune, puisqu’elle se fige sur des merveilles, telles que « Beyond Belief » ou « Almost Blue », deux morceaux tirés du bijou « Imperial Bedrooms », le meilleur (?) album sorti en 1982, en tout cas l’un des plus inspirés d’Elvis Costello. On se prend à rêver que le groupe reprenne « Accidents will happen », « (I don’t want to go to) Chelsea » ou « Shipbuilding ». Ce sera pour une autre fois. Elvis et ses mal-nommés Imposters – Davey Faraghar, le bassiste, est prodigieux – jouent les inusables « Watching the detectives », « Oliver’s army », « Everyday I write the book », « Alison » ou « Radio Radio ». Souvent, un titre en cache un autre et hop, on s’en fait deux à trois dans la foulée sur un thème, un mot, une association d’idées. C’est ainsi qu’une reprise inopinée de « Purple Rain » de Prince ou de « Out of time » des Stones seront adroitement exécutées.
Loin d’être un simple concert, c’est un spectacle auquel on assiste, qui tient autant du Cirque Gruss que de l’entertainment à l’américaine, façon early sixties, ou du moins tel qu’on se l’imagine… Dean Martin et Sammy Davis Junior dans tous leurs états. Du reste, une danseuse ultra sexy, vêtue d’un costume de scène digne des Supremes, qui se meut dans une espèce de cage enluminée, nous rappelle qu’Elvis est désormais résident américain, et qu’il a une vision grandeur nature de ce à quoi doit ressembler un show.
Manon, Steve, Joke… sont ce soir les quelques chanceux anonymes à connaître grâce au Spectacular Spinning Songbook leur minute de gloire, dans un concert d’une heure trente, auquel s’ajoute un généreux rappel d’une bonne heure de… bonheur, avec en point d’orgue le hit « I want you » dans une version poignante, qu’on garde en tête jusqu’au lendemain matin.
Franck Ducourant
