Good girls go to heaven, bad girls go to Hellfest…

Nouvelle année et nouveau site pour un Hellfest se tenant à présent à quelques centaines de mètres de son ancien emplacement.

Au menu des changements : deux scènes supplémentaires (soit six désormais) ainsi qu’un agrandissement significatif du jardin VIP, de la salle de presse (désormais dotée d’une salle informatique plus que confortable), du Metal Corner ainsi que de l’espace dédié à la détente.

Au niveau des scènes, la répartition du line up se fait toujours plus ou moins par genre. Ainsi, les deux Mainstages demeurent traditionnellement dédiées aux têtes d’affiches ainsi qu’au thrash, The Altar propose une programmation presque exclusivement death et grind, The Temple se concentre sur black metal, The Valley sur les musiques heavy tandis que The Warzone abrite les sets à tendance hardcore. Autant vous dire qu’il est beaucoup plus difficile qu’auparavant de jongler et de ce fait, je passerai le plus clair de mon temps en aller/retours entre les Mainstages et The Valley avec de courts passages sur les scènes Altar et Temple, ceci se répercutant bien entendu dans ce report, lequel sera, conformément à mes goûts musicaux, odieusement arbitraire. Les amateurs de hardcore ainsi que les inconditionnels de Turbonegro et d’Ozzy Osbourne sont donc invités à patienter jusqu’à la sortie du prochain numéro de l’édition papier dans lequel figurera le report habituellement haut en couleurs de mes collègues Arnaud d’Armagnac et Guillaume Gwardeath. En attendant, voici plus ou moins les choses telles qu’elles se sont déroulées…

Pentagram - Crédit Photo : Sofie Von Kelen


Jeudi 14 Juin

Cette année c’est sous une triple casquette que je vivrai le festival : en tant que rédactrice et photographe pour Abus Dangereux, en tant qu’auteur du livre Les descendants du sabbat, ouvrage traitant des musiques heavy à paraître en 2014 aux éditions du Camion Blanc, mais également en tant que co-scénariste du comics Welcome to Hell(fest), dessiné par J. Guyot (BD Vinyles et Headbanging déjà paru aux éditions Croc en Jambe) et dont une planche vous sera proposée en prépublication dans le prochain numéro d’Abus.

La mission est délicate. Il conviendra donc d’être concentrée, réactive et d’y aller mollo sur le Jagger…

Arrivée dans les temps, débriefing/Grimbergen/pizza/Côtes de Bourg (ça commence bien…) avec J. Guyot, récupération des bracelets et découverte du nouveau Metal Corner, enfin, du nouveau bar du Metal Corner, pour être tout à fait exacte… Déjà bien trop… hum… déconcentrée pour attraper au vol le set de Locomuerte, les vainqueurs du tremplin My Rock (ayant depuis eu l’occasion de rencontrer le groupe et de récupérer l’album, je suis désormais en mesure de vous affirmer qu’il s’agit de bons crossover de l’école de Suicidal Tendancies avec riffs coups de pieds au cul et lyrics en espagnol), je ne verrai que le cover band de Led Zeppelin, plutôt pas mal ma foi, même si en la matière, bien loin d’égaler nos Datcha Mandala locaux, excellent petit groupe de heavy psych proposant, entre autres compos dignes de la glorieuse décennie 64/74 en Angleterre, une superbe reprise de Black Dog (oui, j’admets que l’insert est légèrement tiré par les cheveux mais aucune digression n’est inappropriée lorsqu’il s’agit de soutenir d’aussi talentueux poulains !). La pudeur m’oblige à tirer un voile sur les évènements qui suivirent l’assèchement de ma flasque…


Vendredi 15 Juin

Réveil pénible mais il convient de ne pas louper Doomriders. Brandissant mon boîtier, je jaillis sous la Valley juste à temps pour The Long Walk, sublimissime morceau de leur premier album Black Thunder. On m’avait déjà vanté les mérites de Doomriders en live, je ne peux qu’acquiescer devant leur jeu aussi précis sur scène qu’en studio. Les photos seront toutes ratées, échauffement oblige, mais peu importe, voilà un Hellfest qui démarre sous les meilleures auspices…

Doomriders - Crédit photo : Sofie Von Kelen

ou à ce qu’il paraît car s’ensuivent d’incroyables complications concernant l’entretien avec Wino, charismatique leader de The Obsessed, Spirit Caravan et Premonition 13 (entre autres) qui me fera cavaler 20 minutes vers son hôtel (car je suis supposée avoir la primeur des interviews hors de la cohue des journalistes) avant de devoir rebrousser chemin à 200 m du but pour cause d’arrivée inopinée de sa « girlfriend » allemande. Comme quoi les privilèges n’ont pas que des avantages et c’est en traînant la patte que je m’en retourne au corner presse afin de rencontrer Dave Chandler, tête pensante de St Vitus, combo leader de la deuxième génération de doomsters juste après Black Sabbath et Pentagram. Plein de bonne volonté, Dave Chandler participe avec bonne volonté à mes recherches pour les Descendants du Sabbat avant de s’enfoncer à nouveau dans la foule, préférant profiter des concerts en compagnie du public et non sur le côté de la scène avec les happy few détenteurs du bracelet all access.

Orange Goblin - Crédit photo : Sofie Von Kelen

Il est alors l’heure d’aller voir Orange Goblin et une fois de plus, je suis estomaquée par Ben Ward, sa simplicité, son coffre, son énergie sur scène ainsi que la cohésion régnant dans le groupe. Privilégiant les morceaux lourds et puissants aux tubes fuzzés à la Scorpionica, Orange Goblin s’impose une fois de plus comme l’un des combos majeurs de la scène heavy anglaise. Changement total de registre avec Taake, groupe suédois proposant un black assez old school aux rythmiques bien plombées et au maquillage de scène juste assez travaillé pour être visuel sans en devenir cliché, avant de revenir vers la Valley pour le set de Colour Haze, trio stoner psychédélique dont les intros délicates et mélodiques évoluent rapidement vers des vagues de riffs sous lesquels il est impossible de rester en place. D’ailleurs la majorité du public ne headbangue pas mais danse….

Taake - Crédit photo : Sofie Von Kelen

Time for Lynyrd Skynyrd, excellente surprise du fest car, ne m’attendant à rien d’extraordinaire, je me retrouve en face d’un groupe très soudé et jouant ultra-carré. Seul regret, aucun de mes deux morceaux favoris, (Was I right or wrong et Four Walls of Raiford) ne sera joué et dès les dernières notes, je m’extirpe de la foule, galope à travers les marécages avant de jaillir à nouveau dans la vallée car il est l’heure de la country ! Le double set de Hank 3 sera à l’image de son instigateur, puissant, aberrant, excessif, proposant après une heure de musique traditionnelle avec banjo, violon et contrebasse un second volet électrifié ultra-violent et qui s’achèvera dans un délire industriel à grand coups de samples et de riffs ultra-saturé.

Fin des hostilités devant Megadeth qui n’en plante pas une, avec un Dave Mustaine dont le jeu de scène se limite désormais à un fatras de simagrées ambiance hippie catholique. J’aurais mieux fait d’aller voir Obituary qui, apparemment, fut responsable de l’un des meilleurs concerts du fest… Il est minuit et demi, il pleut à verse et je déclare forfait, oui, avant le set de King Diamond mais c’est avec humilité que j’accepterai vos quolibet, tout ceci est entièrement de ma faute, je n’avais qu’à pas me saouler comme une polonaise la nuit précédente en lieu et place d’un sommeil réparateur…


Samedi 16 Juin

Ouverture des hostilités avec Death Angel. Le soleil brille, les pichets sont pleins et cet excellent combo californien de la scène de la Bay Area nous gratifie de plus d’une agréable surprise, celle de jouer l’intégralité de leur premier album Ultra-Violence. L’un des moments les plus lumineux de cette édition 2012…

Conquise par Ufommamuth et leur heavy doom quasi-instrumental, je le serai aussi par Uriah Heep malgré leur setlist donnant la priorité aux morceaux composés depuis l’arrivée du nouveau chanteur. Nous entendrons cependant Gypsy ainsi que Easy Living, la légende est sauve….

Après ne pas avoir réussi à retrouver Mike Scheidt de Yob car pour de mystérieuses raisons techniques, aucun portable quasiment ne connecte sur le fest, je le verrai cependant sur scène, égal à lui-même, c’est-à-dire puissant et concentré, tout comme le reste du groupe. Contrairement au Roadburn, aucun album intégral ne sera joué, la setlist proposant plutôt un panaché de titres parmi les plus violents. Il n’y a pas à dire, Yob est un grand groupe de live et je ne saurai que trop conseiller à ceux ne les ayant jamais vus d’aller fouiller sur YouTube où ils trouveront entre autres une version live hallucinante du morceau Quantum Mystic.

YOB - Crédit photo : Sofie Von Kelen

St Vitus est sans conteste l’un des groupes les plus attendus sur cette scène et ils ne nous décevront pas, bien au contraire. Le binôme Wino/Chandler fonctionne à merveille, la voix caverneuse du premier répondant à la guitare dissonante du second pour élaborer cette patte unique ayant fait de St Vitus l’une des références absolues en matière de doom US. Je sèche cependant le dernier quart d’heure de ce très bon concert pour voir la fin du set de Napalm Death et je ne le regretterai pas, le son est tout à fait correct, Barney est en pleine forme, bref, du pur Napalm !

St Vitus - Crédit photo : Sofie Von Kelen

Dernier concert de la soirée (car je profiterai des Guns en audio, au coin du feu avec les membres de Locomuerte), The Devils Blood dépasse tout ce que j’avais pu imaginer à leur sujet. Bombant sa poitrine plus qu’imposante de laquelle s’échappe une voix d’alto fabuleuse, Farida Lemouchi déverse histoires fantastiques et autres incantations tandis que son frère Selim, principal compositeur du groupe, riffe comme si sa vie en dépendait, entouré de deux autres guitaristes, d’un batteur, ainsi que d’un bassiste dont le souvenir me donne encore des bouffées de chaleur plusieurs jours plus tard… Aucun doute, c’est l’alliance de ces capacités vocales hors du commun ainsi que de cette débauche de guitares qui donne au groupe cette identité musicale aussi forte. Côté atmosphère et jeu de scène, on est dans l’occulte brut de décoffrage, sans costume élaborés à la Ghost ni minauderies à la Jex Thoth, les membres du groupe étant purement et simplement aspergés des pieds à la tête de sang frais, véritable sang, m’affirme une source sûre, de porc, la plupart du temps, bien qu’il arriva que le précieux liquide fût d’origine humaine. Je n’ai que rarement assisté à un show aussi sulfureux dont je savoure chaque seconde et chaque relent cuivré…

The Devil's Blood - Crédit photo : Sofie Von Kelen

Dimanche 17 Juin

La journée commence avec une petite entorse à mes projets consistant à me consacrer presque exclusivement aux groupes destinés à figurer dans mon bouquin. Je sèche donc Monkey 3 pour aller voir Brutal Truth, il faut parfois savoir se rafraîchir les oreilles…

Retour à la maison/Valley pour le set d’Acid King, inspiré mais légèrement décevant en ce qui me concerne. Bon esprit tout de même pour ce combo de San Francisco au parcours solide et à l’éthique impeccable tout comme pour les mythiques Blue Oyster Cult qui nous offrent ensuite sur la première Mainstage un assez bon concert.


Mais peut-être ne suis-je pas assez concentrée pour apprécier le concert à sa juste valeur car dans quelques dizaines de minutes, je vais rencontrer Bobby Liebling, leader du groupe de heavy 70’ Pentagram et dernier des padrinos de l’époque avec Tony Iomi. L’interview se déroule en toute simplicité sur le parking des tour bus avec un bloc de béton en guise de table. Poli, gentil, drôle, sincère et d’une délicieuse ironie, Bobby Liebling se livre sans retenue, abandonnant à ma seule déontologie le soin de dévoiler ou de taire certains détails. Impossible d’exprimer ce qui m’a traversé la tête pendant ces soixante minutes mais tout ce que je peux affirmer c’est que cette conversation fera partie des moments qui resteront définitivement imprimés dans mon disque dur interne.

Idem pour le concert qui suivra, difficile de ne pas sentir que Bobby Liebling et Victor Griffin sont heureux de se retrouver. Le set est des plus impressionnants, Bobby enchaînant les classiques tels que Sign of the Wolf, Relentless, Review Your Choices… et ponctuant le tout de quelques extraits du nouvel album. Après des années difficiles au cours desquelles nous l’avons cru définitivement perdu, c’est une véritable légende qui revit et la larme me montera plusieurs fois à l’œil pendant ce show qui demeurera pour moi l’un des meilleurs du festival.

Quelques aléas professionnels indépendants du Hellfest me font ensuite louper le set de The Obsessed mais, les ayant déjà vus dans d’excellentes conditions au Roadburn en avril, je reste zen avant de surestimer mon estomac et d’affronter bravement le pit des photographes pendant Sunno))) avec pour seul résultat une vingtaine de photos ratées, le soulagement d’avoir loupé de justesse les chaussures du type de la sécu ainsi que la déception de ne pas avoir tenu jusqu’à l’arrivée d’Attila. Je crois que le drone ne sera jamais vraiment mon truc…

Pour des raisons évidentes, je choisirai de bouder le set d’Ozzy and Friends, cet individu vendu à MTV n’ayant plus qu’un lointain rapport avec l’adolescent doué et inspiré qui aida Black Sabbath à se faire un nom…Les hostilités s’achèvent avec Biohazard en grande forme mais, malheureusement, il est très difficile de bouger lorsque l’on est enfoncée dans la boue jusqu’aux chevilles. Retour donc au corner VIP malgré l’infâme mixture électro/dance/hype infiniment pourrie qui vous contamine les oreilles une fois la porte poussée.

Je vous fais ainsi mes plus plates excuses pour clore ce report en râlant mais je n’ai jamais réussi à comprendre pourquoi, après autant d’heures passées à écouter les meilleures groupes du monde, nous étions obligés de subir des mix aussi nuls au lieu d’écouter du bon son psychédélique, du hard 70 ou autres classiques de Maiden comme il était d’usage lorsque j’étais ado… mais je suis visiblement trop vieille pour comprendre…

RV dans quelques semaines pour le petit roman du Motocultor !!!

Sofie Von Kelen


Merci à Roger Wessier pour avoir supporté une fois de plus la masse grouillante, exigeante et impatiente de nous autres journalistes, merci aux divers photographes croisés sur le fest ainsi qu’à Gwenn Coudert pour leurs conseils professionnels, merci à Al Mojica, Dave Chandler, Bobby Liebling, Victor Griffin, Klaus de Vibra Agency, Mike Scheidt (même si nous n’avons jamais réussi à nous retrouver) et bien entendu merci à mon binôme de BD J. Guyot ayant vaillamment rempli son carnet de croquis pendant 3 jours et ce malgré des conditions parfois extrêmes. Retrouvez très prochainement nos aventures dessinées du Hell 2012 dans l’album Welcome to Hell(fest)

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