FESTIVAL MOFO 2013

Avec à l’affiche Thomas Belhom, Howe Gelb et Lonesome French Cowboy and The One, l’édition du Mofo 2013 ne pouvait mieux commencer… si je n’avais pas été empêchée de rejoindre Mains d’œuvre ce vendredi soir par mes obligations professionnelles!

Je me pointais donc bien à l’heure le samedi en fin d’après midi pour faire un petit tour des stands des activistes qui viennent chaque année tailler le bout de gras de plus en plus réduit de l’édition indépendante, des Ballades Sonores à L’ambianceur. C’est aussi la première fois que je voyais une longue queue de fans attendre que la billetterie ouvre pour essayer d’avoir quelques places supplémentaires, la soirée affichant « complet ».

Post Coïtum étrenne mes oreilles dans une longue expérimentation électronique, supporté par une batterie tout ce qu’il y a de plus organique. Preuve qu’à Marseille, ça travaille du chapeau comme partout ailleurs. Camera est reconnu comme un groupe de kraut rock mais ce soir crée une ambiance psychédélique plutôt planante dont s’échappent quelque textes en allemand pour parfaire l’effet hypnotique de sa prestation ténébreuse. J’enchaine avec Fair Horns, tee shirt rose et casque sur la tête, drôle d’austrogot pacifique sorti de Beak qui déroule ses boucles sur fond de beats vintage (une alternative électro à Bob Log ?) Après ce début exigent, The Feeling of Love semble bien convenu avec son orgue et ses influences garage. Mais un peu de simplicité ne fait pas de mal à ce stade de la soirée.

CAMERA
POST COÏTUM

FAIR HORNS
THE FEELING OF LOVE

Alors que beaucoup de monde attend les stars de la soirée, je me cale sur le bord de la scène Mo pour accueillir The Reverand Beat-Man dont j’ai tant entendu parler et qui me régale depuis quelques années de ses trouvailles, via le label Voodoo Rythms. L’entrée en scène est à la hauteur de mes attentes : coiffé d’une barrette et ceint d’une manipule catholique, le révérend fend la foule, agitant son encensoir sur son passage, le tout au rythme de la marche funèbre de Chopin. La musique s’arrête, une valise s’ouvre et le diable investit les lieux en la personne d’une charmante assistante asiatique, magicienne de surcroit. Que la fête commence ! Et il s’agit bien de cela, le « trash blues » joué par cet adorable cinglé qui excelle aussi bien dans la farce que dans les histoires d’amour qui commencent mal est l’un des plus aboutis qui soit sur la place. La légende n’est pas usurpée et c’est dans un tourbillon de plumes que la moitié de la salle finit le concert sur scène tandis que l’autre moitié se fait bénir au nom de la bière et du saint rock’n'roll.

REVEREND BEAT MAN

Difficile de revenir sur terre après un tel concert et ce n’est pas le hardcore synthétique des bourrins suédois de Holograms qui va m’y ramener. Je fuis la salle Fo pour découvrir James Pants – fils de deux pasteurs américains d’après l’histoire – DJ et multi-instrumentiste qui triture un peu tous les styles avec la ferme intention de faire danser son monde, avec la même dextérité que Fat Boy Slim en sont temps. Le plus de James Pants est sa voix et son attitude qui le rapprochent de Baxter Dury et donc en font une belle découverte. Tant mieux, car quand je reviens dans la salle FO archi-bourrée pour le grand retour des Datsuns, je me rends compte que dix ans plus tard, les choses en sont toujours au même stade. Voilà un groupe de rock australien honnête, mais bien trop hard pour moi. Ne s’improvise pas fan de AC/DC qui veut !

Dimanche, le froid presque polaire qui s’est abattu sur Paris n’incite pas vraiment à sortir, mais de belles promesses nous attendent à Mains d’œuvre pour ce dernier jour du Mo’fo festival. Bien que l’on puisse douter en voyant l’affiche placardée sur la porte : « TRUST remplacera Stereo Total » Hein ? Encore du hard rock ? Mais ils sont devenus fous ! Mais le label du groupe écrit en petit dessous (Ants and Crafts) me remet sur le droit chemin. Il ne s’agit pas d’un coup de main de dernière minute de l’ancienne bande à Bernie Bonvoisin mais d’ »un duo canadien de pop sombre et synthétique, à l’image du thème de cette dernière soirée qui calmait les esprits échauffés la veille. » dixit Anne B de Discordance.

DAMON & NAOMI

Calme oui ! Tout d’abord Mrs Good. Tout est dans le nom : jolie pop, jolis costumes, jolies mélodies, jolis visages… Damon et Naomi viennent en habitués partager leurs ballades épurées, tout en nous racontant des histoires à dormir debout sur Gérard de Nerval et les romantiques du XIXème siècle. Liesa Van Der Aa me fait la même forte impression que Joseph Arthur la première fois où je l’ai vu avec toutes ses pédales et sa seule guitare acoustique, il y a déjà 15 ans (ouille!). Bien sûr la technique du looping et de l’auto-enregistrement n’est plus une nouveauté, mais la manière dont cette jeune flamande s’en sert pour construire des morceaux rock, soul ou folk autour de son violon est encore inédite et diablement emballante. Elle ose une reprise de « Night Clubbing » qui nous entraine bien loin de la salle, dans le soleil de ses cheveux et de son sourire malicieux. Du coup, je reste là à prolonger cette belle émotion avec Mélanie Fazi du Cargo qui a eu la chance de la rencontrer un peu plus tôt dans la journée. Arne Vinzon ? Trop new wave pour moi de toute façon.

LIESA VAN DER AA

Mais je n’en suis qu’à mon premier choc de la soirée, car si Damon m’a demandé de rester pour le voir jouer de la batterie avec Richard Youngs, je ne sais pas encore ce qui m’attend.   Installation minimaliste : une batterie sur le côté de la scène et un micro de l’autre. Micro emporté par ledit chanteur qui plonge dans les ténèbres d’une salle quasi vide. Au bout de quelques minutes, une complainte s’élève enfin : « Another sleepless night« . Damon ponctue à la batterie. La voix s’élève à nouveau, douloureuse, forte, un nouveau roulement de batterie s’échappe. Et ainsi de suite pendant cinq bonnes minutes qui semblent une éternité. Le ping pong sonore installe un malaise durable, amplifié par les cent pas que fait Richard Youngs au milieu des spectateurs muets. Nous nous regardons. La minute d’après, la guitare s’élève dans une très jolie mélodie accompagnant une voix haut perchée qui semble chercher la rédemption. Mais la répétition des phrases musicales et la relative nonchalance du jeu d’harmonica nous indiquent que ce gars là n’a pas appris le folk à l’école. On ne sait bientôt plus où l’on en est : blues, pop, folk ? A capella, son attitude et son chant apparaissent encore plus « chamaniques », juste relié au sol par les accents sensibles de batterie d’un Damon plus bienveillant que jamais. Mais lorsqu’il nous demande de crier avec lui, le silence se fait plus pesant. C’est la réaction de cinquante personnes médusées par cet anglais frêle et teigneux à la fois qui finit par nous lancer à la figure un sac noir imprimé « no fans » (du nom de son label) avant de s’en aller sans un mot. Après Fair Horns, c’est au tour de Anika de porter haut les couleurs de Geoff Barrow, mais l’ombre de Nico pèse lourd sur sa voix grave et ses frêles épaules.

RICHARD YOUNG & DAMON

Encore hantée par les sons de Liesa Van Der Aa et le happening de Richard Youngs, je préfère m’éclipser dans la nuit glacée en remerciant encore l’équipe du Festival Mo’Fo d’avoir osé de tels mélanges de genres pour créer une belle émulsion en plein hiver.

Cathimini

Cette entrée a été publiée dans Concert, Festival, avec comme mot(s)-clef(s) . Vous pouvez la mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>