Les Nuits Botanique – Bruxelles (10-29 Mai 2011)

Les Nuits Botanique
Bruxelles – 10-29 mai 2011


Pourvues d’une ambiance décontractée, d’un esprit délicieusement bon enfant et surtout d’une programmation irréprochable, les Nuits du Bota ont, pour ce nouveau tour de piste, convié une flopée de musiciens remarquables, que ce soient les pointures Sufjan Stevens, Animal Collective, Joseph Arthur, les revenants Pere Ubu, Grant Lee Buffallo, Mercury Rev, les locaux dEUS ou An Pierlé, et les petits nouveaux dont tout le monde parle : Alina Orlova, Villagers, Applause. Et bien d’autres…


C’est au Chapiteau que j’entame ces quelques soirées du Botanique, avec Elvis Black Stars, trois gamins emmenés par le sosie de Tintin (sans Milou), qui braille aussi fort que ses camarades battent la mesure ou moulinent sur une top basse. Ca dépote, et je regrette amèrement de ne pas avoir pris mes bouchons. Hormis le volume scandaleusement élevé, le trio, responsable de quelques beaux hits, s’en sort avec panache. On ne peut en dire autant des Marseillais de Nasser qui auraient mieux fait de siroter leur litron de pastaga sur la Canebière, plutôt que d’importer le temps d’un concert sa « frenche touche », avé l’accent, quinze ans après tout le monde. Du reste, le public, pas idiot, fait une pause pour revenir encourager Deportivo qui, en alternant ballades pop et rock aux pulsations reggae très Clash, fait, à défaut d’un tabac, honneur au rock français. Nous ferons l’impasse sur Vismets car, après tout, comme l’assure la bio envoyée aux médias français, le groupe est interdit de concert en Belgique. Effet d’annonce ou pas, je crois dur comme fer aux bios, moi… Vessels de Leeds est un groupe de post-rock. Et comme tous ceux qui jouent dans cette catégorie, les Anglais noient leurs jolies mélodies sous une cascade de décibels. C’est parfois beau et puissant, mais le plus souvent… chiant. Desservi par un non-look de rigueur et une posture rappelant la jelly tremblante de notre enfance en villégiature Outre-Manche, le public en profite pour aller boire un verre. Montevideo a au moins le mérite de proposer une pop fraîche et joyeuse, malgré quelques ficelles pour accrocher l’oreille. Aidés d’un orgue « procol harumesque » et d’une guitare parfois inventive, les sympathiques Belges assurent le show. Ca joue et ça transpire. A des années-lumières de son Lift To Experience, Josh T.Pearson se pose – et s’impose – en vieux sage (pas si vieux). Une guitare sèche bourrée d’effet de reverbe et une voix grave, touchante, entre Léo Cohen et Johnny Cash suffisent à emballer la poignée d’irréductibles venue l’applaudir au Museum. Manifestement jet-lagué (« j’ai dormi une heure cette nuit, mais suis à l’hôtel en face, au cas où tu voudrais me faire un bisou », à l’attention d’une dame au premier rang), empêche nullement le Texan de réaliser l’un des concerts les plus envoûtants de cette édition. Un volume sonore décidément too much, des éclairages merdiques, dignes d’une prestation du petit cousin de David Guetta à la MJC de Tremblay, les Canadiens de Caribou ennuient et déçoivent, tout au moins une partie du public, d’autant plus qu’ils tardent à jouer Odessa, leur réjouissant mini hit. Encore un groupe dont on n’achètera pas le t-shirt. Un spot posé trop près de l’affiche en tissu, qui prend feu, et aussitôt une femme dans le public suggère de renommer Les Nuits Botanique en « Nuits Enflammées »… Tournerie de batterie alambiquée, look très étudié, Fiction est un tout jeune groupe londonien, qui rappellera aux plus vieux quelques fantômes des eighties, aujourd’hui négligés : China Crisis en tête. Point de révolution donc, mais une prestation honnête pour se mettre en train. C’est à l’Orangerie que l’on se presse pour découvrir le rock sombre d’Esben and the Witch. Pas franchement décorative, la musique du trio est dans le genre radical. Durant un set tendu, comme un fil à linge, il ne fut pas rare de voir ces Anglais malmener les deux éléments qui leur servent de batterie, soit une cymbale rongée et une grosse caisse trouée. La danse de Saint Guy du guitariste fut particulièrement inquiétante. Sorti sur le mythique label 4AD, le premier album de Twin Shadow m’avait, avant de me séduire, laissé un goût étrange, celui de « reviens-y, mais pas tout de suite ». Il faut dire que l’Américain au look « princier » utilise moult synthés vintage tendance beurk, mais sait écrire des mélodies complexes et fortes. Sur scène, sa pop excentrique se métamorphose en une machine à tubes imparable, grâce à l’intervention d’une claviériste aussi douée que discrète et d’une session rythmique qui troue le cul. Sans conteste, un des grands moments du festival. Pour finir sur une note guillerette, je file voir les Papas Fritas qui, malgré une audience clairsemée, on est dimanche et demain, c’est… I don’t like mondays… le double-mixte américain a la patate. Mais d’avoir la frite, ici à Bruxelles, quoi de plus normal !
Franck Ducourant

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