FREAKSHOW FESTIVAL

J’ai quitté Grenoble 1h30 plus tôt au moment où tombaient les premières gouttes de pluie. Arrivé ici sous le soleil, la vallée où se déroule le festival est toujours aussi bucolique, c’est beau, on dirait le sud (sans les cons). La disposition des chapiteaux qui vont abriter les 2 scènes, le bar, l’espace expo/vente de disque, en forme de cercle, fait très village d’irréductibles qui résisterait à la médiocrité ambiante.

Ici : c’est le FREAKSHOW !

Un vrai festival comme il faut, avec un premier jour où je ne connais qu’un des groupes qui va jouer. Donc, là, tu dois faire confiance au travail du programmateur. Découvertes à tous les étages, et une poignée de grosses baffes. Comme à chaque fois, le job a été parfaitement exécuté.


Ça démarre par JESSICA 93 dans le nouvel espace qui a été aménagé sous l’arbre à lumières.

Boucles froides, Post Punk, Noise, Electronico cheap, veste de surplus, boucles et pédales d’effets… soit le démarrage parfait pour définir la musique de 2014. Trip maladif et ‘dansable’ pour monde en fin de course. J’aime son album et ses concerts ! Maintenant, j’attends le nouveau disque.

Pour renouer avec l’esprit originel du festival où le public venait maquillé, de nombreux (enfin surtout de nombreuses) bénévoles se sont fait grimer dans un style Horroro-Rock’n’Roll… et ça a aussi déteint sur des spectateurs/trices…

Une des autres excellentes nouveautés : un ‘Monsieur’ Loyal qui introduit les concerts, appelle le public devant la scène, ce qui permet à l’immersion de se faire plus vite. Et c’est important puisque les groupes s’enchaînent sans temps mort !


HIS ELECTRO BLUE VOICE

Comment peut-on faire autant de barouf en étant seulement trois ? Hard Core Noise ou Noise Hard Core, dans l’esprit du Shellac des débuts en plus incisif, avec des rythmiques qui font basculer le public dans la Transe, à la limite de la Free Party…

Un son incroyable de force et une mise en lumière perversement efficace. SCOTCHAGE MASSIF !

Et ça n’est que le 2ème groupe à l’affiche !!!!

BLACK BUG : « K2000 goes 3000 ? »

Duo batterie / synthé bordelo – suédois : idéal pour faire se tortiller le public qui joue le jeu à fond,  s’agitant comme des idiots pour le plaisir de tous. Le petit chapiteau sent les dessous de bras, preuve que ça fonctionne à plein régime.

PISTOL POSTOL PILOTS

Ils sont de Cobonne, le village d’à côté. Que dis-je le village ? Le bourg ! 20 maisons et 2 groupes (préparez-vous pour l’invasion imminente des COWBONES), ceci étant précisé pour vous donner une idée de la sociologie du coin.

Donc Pistol Postol Pilots démontre que ‘merde le vengeur masqué, ils sont 2 maintenant’.

Entre drone synthétique et néo primitivisme en pleine redescente… Le duo machine / effets / voix est difficile à situer musicalement mais colle le public autour de l’arbre à lumières sous lequel ils jouent.

TEN VOLT SHOCK

Retour d’un trio sous le grand chapiteau. Enfin, il s’agit de relativiser ; en plus d’être un festival de fans de musique pour les fans de musique, le Freakshow est aussi un festival à taille humaine, la contenance maximum du site étant de 1200 personnes. Donc, sous le grand chapiteau, tu es bien proche du groupe pour en prendre plein la gueule. Justement Ten Volt Shock aime bien asséner des coups ! Rock sautillant, tendu et hyper costaud. Qui plus est, ils le balancent avec une grosse vitalité. Je ne sais pas si un choc de 10 volts c’est douloureux, mais je sais que ce groupe t’électrise sur scène.

COILGUNS

Trio post Hard Core où la grande bringue de chanteur semble atteint de la danse de Saint Guy. Surpuissant, école At The Drive-In en colère. Trépidant avoinage et pilonnage à tous les étages.

Parfois, il lui arrive de prendre une basse. La musique du trio alors s’enrichie et se complexifie, tirant vers un versant plus Noise mais pas plus calme.

HEADWAR

Seul groupe mixte de la soirée, s’avérant également le plus barré / perché.

Avec une musique qui sort du rang : entre tribalisme, dissonances et cris. Mais sans abandonner complètement le concept de mélodie. Le petit chapiteau plein comme un œuf veut danser sur ces rythmes concassés et se fait ratatiner par la basse surpuissante. Ça colle chacun au fond de son crâne en prise avec son propre délire.

Les titres n’ont pas de structure ni de fil conducteur mais ça ne sonne jamais inutilement bordélique.

Le quartet empile les instruments et les bruits. Et les cris parfois. Surtout ceux des filles. Bien que ça chante aussi.

Headwar : une utilisation obsessionnelle du son.

La grosse claque du vendredi soir !!!!!

Pour finir la soirée : The HORRORIST

A la fois DJ et MC de son propre show, il débarque de Brooklyn et joue avec des images en plus de ses effets de lumière… Visuellement, ça m’a ramené à l’époque Max Headroom. Après je ne peux pas vous en dire beaucoup plus. Musicalement, ce mélange d’Electro et de Hip Hop cradingue est tellement loin de mon univers musical que je suis incapable d’avoir un avis dessus.

Voilà, il est temps pour moi de rentrer partager un dessert, bien qu’il y ait encore un DJ prévu dans le cadre du festival et puis la 1ère soirée du Off. Mais j’ai eu ma dose de bons décibels pour aujourd’hui.

L’après-midi du samedi, il y a également des groupes programmés dans le cadre du festival Off (et gratuit). Trop de soleil pour moi. Donc parasol / terrasse, café & cartes postales dans Crest la voisine, puis balade sur les rives de la Drôme avant la sieste. Histoire d’attaquer la soirée un peu frais.

Apéro avec les Oh Sees et leur driver qui logent au même endroit que moi (t’as vu comment j’me la raconte coco) et sont immédiatement sous le charme du lieu et de la gentillesse des gens.  Thé, gâteaux au chocolat & Côtes du Rhône… il est temps pour moi d’aller prendre la température du festival.

FREAKSHOW : jour 2 : on passe la surmultipliée !

PISTOL POSTOL PILOTS

Refaire jouer le duo en ouverture du 2ème jour est un pari couillu mais intéressant. D’une part, parce que beaucoup de gens présents ce soir n’étaient pas là hier ; d’autre part, parce que les 2 sets étaient différents. Plus rythmé au départ et plus posé dans un 2ème temps. Ambiance plus bucolique aussi car la nuit n’est pas tombée et, du fait du soleil, le public débarque tranquillement en mode ‘retour de plage’ (montagne, campagne… rayez la mention inutile). Tout le monde ou presque tient une assiette végétarienne à la main. Cependant, les Pistol Postol Pilots ça reste un trip musical totalement surprenant.

T.I.T.S

Le super-band parisiano-belge de l’écurie Teenage Menopause Rds attaque le grand chapiteau avec son Punk Garage Punk noisy abrasif. Ça commence comme un accordage interminable / ou une mise en place douloureuse / voire l’anti-chambre de l’Enfer. Mais c’est juste parce que ce sont des sadiques et qu’ils savent qu’on aime ça ! Conformément à leur 1er album, T.I.T.S a une formule qui marche ! Et un putain de gros son de basse qui aplatit vos esgourdes mais n’écrase pas leurs morceaux !

MOVIE STAR JUNKIES

Je suis venu principalement pour voir ce groupe (et parce que le Freakshow est le seul festival qui mérite mon intérêt).

Il y a une paire d’années, je les ai vus 5 fois sur scène en moins de 8 mois, et comme tous les enfants gâtés, j’ai fini par faire mon blasé. Cependant, mes souvenirs m’ont vite rattrapé et je me languissais.

Comme à chaque fois, j’ai l’impression de voir une bande de marins italiens en bordée dans un bar louche. Le quintet joue comme si demain n’existera jamais. C’est ainsi que cette musique est née et elle survivra tant que des groupes aussi intenses la joueront comme il se doit, c’est-à-dire comme les MOVIE STAR JUNKIES.

Un groupe qui a le talent et les couilles pour jouer de vrais mid tempo et garder toute l’attention du public. Un signe qui ne trompe pas : il y a plus de gens qui désirent rentrer sous la tente que de personnes qui veulent la quitter. Alors on se serre encore et on s’empile. Voilà ma grande claque du 2ème soir !

Thee OH SEES

Mais ça s’est joué de peu. Contrairement à la majorité du public, je ne suis pas venu pour les voir puisque leurs disques m’indiffèrent un brin. Cependant, on m’avait bien prévenu que sur scène c’était excellent. On ne m’avait pas menti ! La formule en trio resserre l’affaire mais pas forcément au détriment de la richesse musicale, ce qui est très impressionnant. Et quelle folle énergie !

Ça ne paraissait pas possible d’être encore enthousiasmé après l’enchaînement de ces 2 groupes.

Mais si ! Par :

URBAN JUNIOR

J’adore son 1er album chez Voodoo Rhythm Rds (que j’ai offert plusieurs fois à des amis. Super nouvelle ! Il est en train de finaliser le nouveau !). Donc j’espérais bien que son concert serait bon.

Comme j’avais tort : c’était GIGANTESQUE !!!

Ça n’était pas gagné que la formule One Man Band electronico cradingue / Trash Blues / Garage primitif du ‘Hot shit from Switzerland’ allait passionner les foules. MAIS SI !

Du fan de Rock le plus traditionnel aux habitués des Free Party, du hipster barbu à l’indie fan, tout le monde s’est agglutiné autour de l’arbre à lumières pour chanter, danser et communier avec l’Homme-Orchestre. En face de lui, la foule a marché comme un seul homme. Une pure régalade totalement improbable. Il n’y a qu’ici qu’on voie ça !

PORD

Si vous n’avez pas eu assez de Noise hier soir, ce trio va vous en déverser plein les oreilles. Décidément, les années 90 ne veulent pas mourir. À l’écoute de Pord on comprend bien pourquoi.

Pord essaye de vous écraser sous le son. Et en plus on aime ça !

DAIKIRI

Les messins préparent leur nouvel album, mais ont fait le voyage jusqu’au Freakshow. Grand bien leur en a pris. Le duo basse / batterie retrouve des afficionados depuis quelques années, et Daikiri, en partant des fondamentaux Noise amène la formule vers la transe.

Batterie tribalo-frénétique, chant haut perché, et un bassiste qui voyage avec son propre mur d’amplis pour un son bien gras qui gratte comme un furoncle. JUBILATOIRE.

CORTEZ

Un trio batterie, guitare, et chant. Du Post Hard Core screamo ?

Je ne sais pas quelle étiquette coller à ça mais je sais que je suis impressionné et même parfois bouleversé par la voix du chanteur. Ça arrache tout sur son passage, certes, mais c’est ce qu’il faut.

The INTELLIGENCE

Ils ont la difficile mission de clôturer les concerts, et donc d’extraire les dernière gouttes d’énergie de tous ces corps épuisés et repus. Et ils s’en acquittent haut la main. Je n’avais jamais réussi à les voir en live, et donc j’avais de fortes attentes. Elles ont été comblées. Sur disque comme sur scène, The Intelligence c’est l’évidence du talent ! Brut. Imparable. Tout ce qu’ils font / jouent paraît d’une telle simplicité et pourtant ça brille ! Ça étincelle ! Et ça comble de bonheur. The Intelligence : c’est la classe !!!

Le seul défaut, c’est que c’est la fin.

Encore une grande édition pour le Freakshow. On prend rendez-vous pour le dernier week-end d’août 2015 et on rentre se reposer un peu. C’était tellement bon que les muscles endoloris ne semblent même plus exister !!!

Pour suivre l’actualité de Gigors Electric, l’association qui organise le festival et programme des concerts au C.B.G.C durant l’année, je vous conseille de vous connecter là : http://www.gigors-electric.com


par Bertrand Tappaz

Crédit Photos : Marie-Samantha Salvy

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