Les Webzines

Musiconautes

Pour les 25 ans d’Abus, pas de gène et que du plaisir. Alors filons la métaphore de l’anniversaire, avec un classement arbitraire au possible de ces petits frères nés de nouvelles technologies. Des webzines comme si vous y étiez, comme si c’était vous qui les faisiez. A savourer en prenant son temps, tout au long de la semaine, voire de garder du rab’ pour le week-end. Bonnes lectures.

www.POPnews.com (14 ans pile)

Webzine musical basé à Paris, animé par une vingtaine de rédacteurs bénévoles, publié quotidiennement (au moins deux chroniques de disques par jour et une interview par semaine) et spécialisé dans la critique de musique indépendante. Rayons orientés de préférence sur les groupes et labels hors radars.

De 1999 à 2010, Guillaume Sautereau, toujours croisé une bière à la main et appareil photo sur le sternum, en fut l ’« editor in chief » (merci Linkedin). Au sommaire également : des mp3 téléchargeables gratuitement, et des compte-rendu de festivals et de concerts (je recommande celui sur Oren Ambarchi à Strand, Stockholm, le 4 avril 2012, qui se laisse envahir par des larsens involontaires qui embellissent sa livraison brute).

Entre 2000 et 2004, le webzine publiera quatre compilations de titres rares ou inédits comme  : POPvolume#1 avec un beau titre acoustique de Peter Walsh des Apartments (heureusement revenu en grâce récemment par l’entremise de Magic Revue Pop Moderne, et de Télérama), et POPvolume#2, avec Elk City et Migala, Emak Bakia et Lambchop. Le 23 novembre 2002, la soirée de lancement de la compilation POPvolume#3 eut lieu à l’ex-Guinguette Pirate, avec Klima (Angèle David-Guillou, également membre de Piano Magic et Ginger Ale), Cathal Coughlan (ex-Microdisney et Fatima Mansions) et Buck 65.

Le site a également été le partenaire pendant 4 ans des « concerts du 7ème ciel », organisés par Simone et Diamanda (les chats propriétaires d’un petit appartement du 18ème arrondissement). Le concept était de recevoir à la nuit tombée des artistes sur la terrasse du dit appartement, avec en arrière-scène le Sacré Cœur, pour un concert acoustique privé devant une quarantaine de personnes tirées au sort (souvenirs émus de And Also The Trees, Holden, Peter Astor…).

Notez que le site n’a aucun lien avec l’émission matinale de la radio Le Mouv’.

http://www.lecargo.org/ (13 ans)

Le Cargo est un navire accueillant qui dès le début a pris le parti d’accueillir les chats errants de la musique indé. Peu importe leur style ou leur nationalité, leur degré de reconnaissance ou leur rayon d’action, pourvu qu’ils aient quelque chose à montrer ou à chanter, le Cargo est là pour capter le fait à travers une interview, une session video, une chronique de disque ou de concert, un diaporama, une date sur son agenda.

L’équipe du Cargo compte parmi ses membres des journalistes en herbe, des écrivains, des musiciens, des photographes, des vidéastes qui à défaut de partager les mêmes goûts partagent une même vraie générosité et se mettent en quatre pour que leurs petits reportages soient consistants (et c’était pas gagné avec Shannon Wright) et que l’on y apprenne des choses (lire notamment l’interview de Christian Engström, eurodéputé suédois, et vice-président du parti Pirate pour une autre vision d’Internet).

Côté image, si on oppose souvent les sessions vidéo du Cargo à celles de la Blogothèque, c’est parce que les intentions sont totalement différentes. Là où la blogo fait de l’art(y), le Cargo tourne de petits documentaires. En témoigne la longue session de Josh T Pearson filmée par Renaud de Foville dans l’église de la Madeleine, imposant sa solennité sur les épaules du grand texan, tout petit à l’image. A ne pas rater aussi la session de My Brightest Diamond dans un arbre et celle de Siskiyou dans les reflets de sa loge.

Le Cargo donne son avis aussi sur les séries, le ciné, la BD, les livres, les expos (visitez l’expo de David Lynch aux Galeries Lafayette comme si vous y étiez)…Pas bégueule, il s’intéresse même à ses « concurrents » et pose des liens avec les autres webzines et blogs qui lui paraissent dignes d’intérêt. (exemple le zoom sur http://www.adecouvrirabsolument.com/)

Bref Le Cargo n’est pas parfait mais c’est le site le plus généreux de la toile.


http://www.pinkushion.com/ (10 ou 11 ans)

Au départ, ils étaient deux (un chroniqueur, un webmaster), simplement motivés par le désir – insouciant ! – d’exprimer leur « opinion » sur un disque. Puis les rangs des collaborateurs se sont agrandis, des labels et artistes ont commencé à les contacter. Vous connaissez l’histoire, ils ont même réussi à rester bénévoles et indépendants. Le prix à payer pour la liberté ?

Ils ont parfois l’étrange impression d’avancer, contre vents et marées, dans la solitude intersidérale de la toile. Mais en regardant tout le chemin parcouru, les liens et amitiés nouées, leurs doutes s’estompent. Ils sont même toujours étonnés de constater qu’ils sont encore là, et qu’ils suscitent autant d’intérêt de la part des lecteurs, artistes et labels qui continuent à les solliciter.

Pinkushion, 11ème bougies, 5 000 articles au compteur, et une page d’accueil new look. Des « Chroniques » et des « Entretiens », des vidéos dédiées « A Minute Seen » et des « Instantanés » courts. Et même des codes couleur. (on devrait peut-être leur piquer l’idée, non?). Des compte-rendus de concerts, mais aussi des tribunes de musiciens, de gérants de label, disquaires ou autres activistes passionnés, des hommages ou coups de gueule de chroniqueurs, bref tout ce qui leur passe par la tête et reste inclassable.

Et aussi des « Flashback » ! Ne vous arrive-t-il pas de replonger dans de vieux articles de presse, de relire avec émoi la première chronique de Sparklehorse ? Fort de onze années d’archives accumulées, cette petite parenthèse temporelle vous proposera régulièrement d’exhumer une de nos nombreuses chroniques ou interviews (Cat Power, Jack Rose, Echo & The Bunnymen, Papas Fritas, Postal Service, The Shins, The Go-Between et bien d’autres…) : une belle manière de faire (re)découvrir quelques trésors.

www.blogotheque.net (7 ans et demie)

Alors là, vous allez me dire qu’on fait dans les branchés. Oui, mais non. En fait, la blogo c’est la résurrection du clip d’après. Et ma rencontre avortée avec un drôle d’énergumène, le mutin/lutin Mathieu Saura devenu Vincent Moon la star (REM, Arcade Fire, The National, tout ça).

Qu’est-ce que c’était un clip avant : de la musique et des images. Qu’est-ce que c’est une vidéo blogo ? Si on s’en réfère au fameux concept « Concerts à emporter »  dans lesquels les groupes sont poussés à interpréter leur musique hors de leur contexte habituel (Sufjan Stevens dans une cage d’escalier, les Young Gods dans la rue, Elysian Fields sur le toit de leur appart) ? Musique, images floues et/ou tremblées, sensations, réminiscences. Comme une version filmée d’un morceau d’Alan Vega dont les paroles auraient été écrites par William Gibson.

Comme son nom l’indique, ce site fédère depuis septembre 2004 une assemblée de blogueurs qui aiment faire partager leurs musiques de prédilection, leurs expériences de vie et leurs vécus autour de certaines chansons. La Blogothèque organise également les « Soirées de Poche », (pas forcément à Paris) des concerts en appartement avec quelques heureux invités tirés au sort. Alors c’est sûr, c’est parfois gonzo, et pas pour tout le monde, mais quand ça vous choppe, ça vous happe.

www.hop-blog.fr (7ans)

Ce blog généraliste (musique, cinéma, BD, romans, radio, télé, séries, podcast, internet ), propose un post du lundi soir-mardi matin qui répertorie toutes les sorties disques de la semaine, et une playlist dressée via spotify qui reflète les goûts du seul chroniqueur Benoît Richard ( Benzinemag ).

Indispensable pour se retrouver dans la pléthore de sorties distribuées chaque mois, même chez les indépendants.

http://josephghosn.wordpress.com (4 ans)

Né en 1971 à Beyrouth, Joseph a grandi au Liban, et en a gardé une mémoire émerveillée pour toutes les influences orientales (jusqu’à l’indianisant ragga-drone du Six Organs of Admittance de Ben Chasny, son concert préféré de 2011).

Il s’est surtout fait connaître pour trois raisons : sa couverture de la bédé indé aux Inrocks complétée par un livre consacré aux romans graphiques (catégorie dessinée inaugurée par le Will Eisner du Spirit) ; sa réhabilitation du krautrock originel (Neu!, Tangerime Dream et Can) en même temps que paraissait le livre « Krautrocksampler » du gourou Julian Cope; son amour immodéré pour les musiques minimalistes (à l’image du blog, page blanche, et devise « nous ne sommes plus nous-mêmes ») et drone (il en fait sous le nom de Disciple).

Alors son blog, c’est quoi? Eh bien la dé-multiplication de toutes ses vies : des photos de planches de bédés, comme si un blog était un fanzine, des photos polaroïds, des vidéos youtubes (il a parlé le premier de Tyler the Creator et du son Odd Future, un hip-hop scotchant), et surtout une plume, des textes qui provoquent des frissons, à l’occasion d’une nécrologie particulièrement touchante, ou d’une rédecouverte inégalable, des souvenirs d’une rencontre passée (ou à venir).

En musique la palette est très large, Sun Ra et Sonic Youth, Earth et Cindytalk. Ce qu’il ya de bien avec lui, c’est qu’il sait prendre de la hauteur, et comme Deleuze avec le cinéma, conceptualiser son approche émotionnelle de la musique. Côté Labels Not not Fun en tête, Souterrain Transmission, La Station Radar (un peu comme Noise Magazine en fait).

Ce qu’il y a de bien, avec ce blog, c’est que Joseph met toutes ses remontées (acides) sur le même plan. Cependant il a de quoi en vouloir au web, puisqu’en 2010, quand je le croisais à la Bnf, son site venait de disparaître, et des milliers d’archives avec. Depuis il a repris les armes et les maquis, désolé perdreau.

http://www.loreilleabsolue.com/ (un an et deux mois)

Honneur au benjamin intello de la sélection, L’Oreille Absolue, revue hebdomadaire de qualité à tendance thématique concoctée par l’ex-Inrocks Richard Robert. L’objectif est de bousculer les frontières, comme Abus, et d’accéder enfin aux zones musicalement libres. Le website est assez janséniste, mais l’intellectualisme n’a pas besoin d’être sexy quand il est de bon aloi.

Le premier numéro a accueilli Dominique A et Bertrand Belin, Kevin Ayers, Arto Lindsay, auxquels ont succédé Jean Sébastien Nouveau, Fabio Viscogliosi, Juliette Gréco, Richard Hell… Allez chercher une ligne directrice dans ce grand écart variét’ de qualité, musique brésilienne, pop anglo-saxonne, rock underground… Mais si vous aimez l’artiste en question, plongez sans hésitation dans les pages du « grand entretien » ou suivez la discussion « à bâtons rompus », c’est comme si vous lisiez un livre. Ah, prendre le temps de la conversation, sans blabla ! Robert et ses ouailles sont loin des passeurs orthodoxes , d’ailleurs parmi eux se cachent les exigeants Sing Sing, Mendelson et autres Beaux Bizarres.

Comme le site d’info politique Médiapart, L’Oreille possède une formule d’abonnement payante – et c’est bien le seul de notre liste – qui permet d’accéder à tout le fonds documentaire du site, notamment un espace d’expression musicale appelée les « sessions absolues » où chaque invité a le droit de composer un morceau spécialement pour le webzine ou d’interpréter au débotté une chanson. La formule est en cours d’évolution, mais à n’en pas douter devrait largement couvrir l’investissement consenti.

Stan de Guillebon et Cathimini

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