A TANT REVER DU ROI Festival #2, 26 & 27 Avril

En 2012, l’incroyable label/association/collectif A Tant Rêver Du Roi la paloise, fêtait ses dix belles années d’activisme. Suite à ce week end feu d’artifice, l’équipe se mettait déjà à rêver d’une suite à ces festivités. Quelques mois plus tard le rendez-vous était pris, Avril 2013 !

Je ne pouvais en aucun cas rater ça.

En Février le flyer me tombait enfin entre les mains, et je dois reconnaître que peu de noms m’étaient familiers. Raison de plus pour faire le périple ! Et puis de toutes façons y aura pas mal de copains on devrait en avoir pour notre argent ; surtout que c’est pas le prix du pass deux jours qui allait plomber notre budget.

Et oui parce que le festival ATRDR c’est un peu tout le contraire d’un festival traditionnel. C’est pas cher, c’est familial, on y rigole beaucoup et on ne court pas de scène en scène.

Bref, je chevauche ma Twingo, fort aimablement prêtée pour l’occasion, et direction Pau la sublime !

Jour 1 :

My Name Is Nobody © Estelle Vernay

Je retrouve la Centrifugeuse telle que je l’avais laissée un an auparavant, les mêmes sourires à l’entrée, la fine équipe est au rendez-vous. Les premiers curieux sont déjà là et les premières notes de Cars Know se font entendre. Duo composé d’Arnaud, officiant entre autre dans Calva et Testuo (deux excellents groupes de l’écurie ATRDR) et de Caroline, chanteuse de Choochooshoeshoot (devant se produire le lendemain). Jolies mélodies intimistes, claviers et piano, pour petites chansons étonnantes. Fraîcheur et légèreté pour débuter en douceur ce vendredi soir.

Changement de plateau rapide et c’est Vincent (de Fordamage) qui poursuit la mise en bouche avec son projet solo : My Name Is Nobody. Une voix suave, pour des morceaux folk plutôt bien foutus, débutant par un banjo et finissant avec une guitare plus électrique, on passe de la folk traditionnelle à des sonorités fleurant bon Chris Isaak pour un final très Gastr del Sol…

Les portes de la grande salle ouvrent, et avec elles…le bar ! Tant mieux je commençais à avoir soif.

A Band Of Buriers © Estelle Vernay

Quelques bières et une clope plus tard, débute la prestation de A Band Of Buriers. Les quatre Londoniens montent sur scène.  James, Guitare sanglée à l’aide d’une simple ficelle, de grand yeux, et débordant d’un charisme magnétique, le récital commence. Slam de poésie noire servi sur un lit de cordes envoûtantes (violon et violoncelle), A Band of buriers captive littéralement dès la première seconde. L’humour décalé de James entre les morceaux rend l’ensemble super léger et plus que savoureux. Le set est court ce qui a pour effet d’être très efficace, on entendra parler encore longtemps de ce groupe j’en suis certain.

Pedro De La Hoya © Estelle Vernay

Nouveau changement de plateau mais cette fois c’est Pedro De La Hoya qui se charge (et se chargera tout le week end) du rôle de mr loyal ! L’ex Kabu ki Budah, désormais homme orchestre, boxeur tromboniste, et je ne sais quoi encore, dans un coin de la salle, alternera compos super drôles, blagues débiles et reprises improbables pour le plaisir des mecs qui font la queue au bar et des non fumeurs ! Je lui décerne sans conteste la médaille du mérite tant l’exercice est périlleux…Il s’en sortira sans accrocs !

Place à Mein Sohn William. Duo Nantais officiant quelque part entre Gablé et Electric Electric. Bidouilles électroniques/guitare samplée rythmées avec des pads. C’est plutôt efficace mais j’ai un peu du mal a rentrer dans la danse. Et pour ne rien arranger, au bout de trois morceaux, la guitare fait des siennes et il faudra trop de temps pour trouver la panne. Par chance, la guitare de Pedro sauvera le set in extremis.

Second round pour Pedro, je pars me sustenter de l’excellent Rougail saucisse de la cantine des Simone’s ! Pas cher et délicieux, l’accueil Palois tient décidément toutes ses promesses !

Mr Protector © Estelle Vernay

A mon retour, Mr Protector est sur scène. Le trio de Jarnac officie dans une math noise bruyante et tendue. Le son est massif, mais décidément je reste assez hermétique…trop de breaks a mon goût ou c’est simplement que je n’ai pas assez la pèche mais toujours est il que je passee à  côté. A leur décharge, les gars jouent vraiment bien et donnent de leur personne, et le public semble clairement emballé.

Je ne le mentionnerai pas à chaque fois, mais évidement Pedro se charge de l’entracte. L’alcool n’aide pas mon manque d’énergie..flûte !

Arrive le tour d’Unicornibot. Ils étaient parmi les grands inconnus du festival…et mon dieu à  tort !

Unicornibot © Estelle Vernay

Je ne savais d’eux uniquement le fait qu’ils étaient espagnols ce qui me donnait plutôt l’eau à la bouche, il faut dire que depuis quelques temps il s’en passe des choses de l’autre côté des Pyrénées ! Le bassiste barbu et tout rond s’installe et  fait tourner une ligne de basse au son plus que massif. Les yeux de la sallese croisent d’un air entendu. Un petit gars sec et teigneux se place derrière les fûts et fait claquer les peaux avec rage, les deux guitaristes entrent en scène, armés de Gretsch, et la bataille peut commencer. Le basse batterie pilonne sec, et les guitares s’amusent à   un jeu de question/réponse tout simplement hallucinant. L’audience ne s’y trompe pas, les têtes balancent les corps s’électrisent, la machine infernale fait ses premières victimes. C’est intense, généreux, souriant, les mecs ont l’air d’être de vieux potes tant leur complicité est évidente. J’exulte enfin !

Une pause est plus que nécessaire (pardon Pedro!). Le fumoir est unanime : « bon courage pour le groupe suivant ». Les qualificatifs vont bon train, c’est sans conteste la claque de la soirée.

Mnemotechnic © Estelle Vernay

Dernier groupe pour ce soir, Mnemotechnic, et la prédiction se fait réalité. Impossible de passer après cette furie espagnole. Leur noise teintée de pop bien ficelée ne fera pas le poids. Ils y mettront tout leur cœur mais la salle est déjà sonnée. Je me promets de retourner malgré tout les voir dans un autre contexte.

La cloche sonne, les stands ferment, fin du premier jour…Je vais bien dormir…(merci Louis de me prêter ta chambre!).

Jour 2 :

Je vous épargnerai ce que j’ai fait dans la journée. C’était super en tout cas mais nul besoin de vous raconter ça!

Romain Baudoin © Estelle Vernay

Retour dans le hall de la Centrifugeuse, pour y découvrir encore un inconnu de nos services : Romain Baudoin. Première gifle ! Vielle à roue sacrément préparée avec un corps de guitare montée par dessus, grosse caisse au pied. La vielle nous assomme avec un drone des plus étonnants pendant que, de sa main libre, Romain fait sonner la guitare avec des mélodies désertiques dignes des meilleurs albums de Earth (second mouture). Sobre, hypnotisant, son set met sur le cul tout le hall (certes à majorité assise!). Bluffant !

Tom Bodlin, l’ex chanteur/sax de feu Café Flesh, enchaîne avec ses sax samplés doublés de sa voix, bouclée elle aussi. Je suis assez conquis. La formule, malgré quelques déboires techniques qui m’ont paru assez mineurs, fonctionne vraiment bien et l’immersion dans son petit monde fait son effet. Il est l’un des défenseurs du label ATRDR, et n’a pas a rougir de sa prestation.

Direction la grande salle, son bar, sa scène, son atmosphère encore électrique de la veille.

Semi Playback © Estelle Vernay

Le duo à lunettes qui donne le sourire, Semi Playback, ouvre les hostilités. Set, comme à leur habitude impeccable, Camille a toujours, malgré son éternelle langue tirée, l’air tellement à son aise derrière ses fûts qu’il martèle tantôt subtilement tantôt brutalement, pendant qu’Anthony, l’air dégagé, aligne les riffs super efficaces qui font les lettres de noblesse du duo ! Toujours aussi agréable et fun, même après les avoir vu cent fois !

Pause, Pedro de la Hoya, et voilà Choochooshoeshoot sur scène. Alors tout d’abord, il fallait savoir une chose qui va déterminer leur set : leur batteur est absent et c’est le frangin d’un d’entre eux qui dépanne pour l’occasion, et quand on connaît la musique des Nantais, c’est plutôt coton de se jeter dans la bataille…Hélas, même s’il est louable de ne pas annuler un concert et de faire tout ce qu’il est possible pour honorer ses engagements, le set subira des flottements accompagnées de regards un peu perdus entre les musiciens. Caroline, masquée et gantée, tente de faire diversion mais c’est peine perdue. J’étais déjà perplexe à l’écoute de leurs albums, je reste donc encore à convaincre, mais là encore je laisserai fort volontiers une autre chance à Choochooshoeshoot.

Choochooshoeshoot © Estelle Vernay

L’expérience de la veille me faisait guetter la future performance de Rosvita, surtout que la bande paloise ne tarissait pas d’éloges sur ces espagnols…Déjà physiquement, c’est plutôt atypique. Un bassiste que la scène rend encore plus grand qu’il ne l’est déjà à ma gauche. A ma droite, un enchevêtrement d’amplis, claviers et câbles, une guitare posée et un mec s’affairant derrière. Et l’arrivée plus que remarquée du batteur, petit mec dégarni, chemise à paillettes rouge nouée, chaussettes de foot et bandeau de tennis autour de la tête. Ils débutent et là je me sens totalement perdu…C’est fait exprès ou il ne jouent pas ensembles ou je suis en overdose de musique ? Le second morceau répondra a toutes mes questions : Ça ressemble à Marvin sous acide ! C’est complètement déjanté, c’est encore une fois super souriant et généreux et ça marche ! Les voix mixées au MS20 rendent le tableau encore plus fou ! Cure de jouvence, et de fraîcheur, je me retourne vers mes acolytes, tous hilares et subjugués ! Le futur de la noise se trouve en Espagne incontestablement.

L’heure tourne et Papier Tigre entame son tour de chant. Je dois avouer d’entrée de jeu que je ne suis pas leur plus grand fan. Mais c’est la première fois que je les vois, je donne une chance. Tout le monde semble enchanté par leur noise fortement influencée par l’école de Washington DC, mais décidément je ne marche pas. C’est propre et très bien joué, mais je m’y ennuie très vite cherchant désespérément un petit quelque chose qui me tiendrai en haleine. Je passe mon tour.

Papier Tigre © Estelle Vernay

Pedro avait prévenu, il avait un bouquet final ! Et devant nos yeux ébahis, il se lance a corps perdu dans une superbe reprise de Smells like teen spirit au trombone, se roulant sur la scène au beau milieu des anglais de Blacklisters en train de se brancher ne sachant comment réagir….chapeau l’artiste !

Cela faisait quelques mois que j’entendais parler de Blacklisters justement et mon entourage averti me vantait les mérites de ce groupe venu de Leeds. Toute la petite bande se trémoussait en mentionnant leur nom, allant même jusqu’à les qualifier de Jesus Lizard 2010…

Blacklisters © Estelle Vernay

Voilà de quoi avoir l’eau à la bouche. Les quatre entrent en scène et je comprends très vite que je ne vais pas partager l’enthousiasme général.  Si Jesus Lizard est, en plus d’être un groupe génial, bourré de charisme et d’énergie, Blacklisters en est hélas dépourvu. N’est pas David Yow qui veut. Surtout en se donnant aussi peu de peine. Niveau musique c’est exécuté proprement mais sans réelle conviction ou implication. Le ballon se dégonfle, le bar ne va pas tarder à fermer, je vais griller mes derniers tickets boisson sans regrets.

En résumé, cette seconde édition est à l’image de la première. Des surprises, des déceptions, des coups de cœur et de gueule. On n’est certainement pas tous du même avis mais on y sera tous l’année prochaine parce qu’on y est bien au Festival A Tant Rever Du Roi. C’est un festival qui nous rappelle que ce qui nous unit n’est pas toujours nos goûts en commun mais ce simple plaisir de passer du temps ensembles à dire du bien ou du mal des groupes, de la musique et de tout ce qui nous anime tous les jours.

Merci Stéphane, Gabi, Yoan, Enzo, Alexis, Claire, Alexandra, Arnaud, Damien, Bérengère, Anne et tous les autres qui rendent ces moments à Pau incomparables et inimitables…

Greg.

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